Flash FCNantes.com du 20 janvier
2005
Les Nantais ont hérité en Coupe Gambardella
d'un club plongé dans la tourmente en raison des
déboires de son équipe fanion et d'une situation
financière catastrophique (un trou de 240.000 euros).
Né en 1966, le FC Bourges, qui s'appelle actuellement
le Bourges FC 18, vient de connaître son quatrième
dépôt de bilan. Un record dans le genre. Il
se traîne en queue de classement du groupe F de CFA2
et il vient de connaître une semaine mouvementée.
Un homme d'affaires orléanais, soutenu par l'ancien
joueur Jacky Lemée (il a opéré au SCO
d'Angers dans les années 1960, il entraînait
Orléans quand ce club accéda à la finale
de la Coupe de France 1980, son fils en est actuellement
le capitaine et l'US Orléans est dans le groupe de
la réserve du FC Nantes) avait parlé de se
transformer en repreneur. Mais placé devant la réalité
financière, le peu de perspectives (le public déserte
le stade) et la quasi-certitude que son argent serait investi
à perte, il a préféré opérer
une prudente marche arrière.
Le bilan a été déposé hier
et le tribunal n'a pas encore décidé s'il
faut prononcer la liquidation pure et simple ou nommer un
administrateur judiciaire. Mais, sur place, il semble ne
pas faire de doute que c'est la première solution
qui sera retenue.
En principe, l'équipe première jouera encore
ses deux prochains matches de championnat à domicile,
après on ne sait pas. Elle a déjà décidé,
faute de moyens, de ne pas effectuer le déplacement
à Montmorillon que le calendrier prévoit entre
ces deux rencontres. On ignore aussi quel va être
le sort des autres équipes et si les jeunes notamment
continueront à jouer. Qui paiera les frais inhérents
à leur bonne marche ? Les parents peut-être
?
(B.V.)
Lire aussi :
- Vers
une « Berrichonne de Bourges » ?
- FCB
: joueurs et dirigeants quittent le navire
- Les
"18 ans" du FC Bourges 18 2004-2005
La réaction de M. Jean-Michel Pinon (Rédacteur
en Chef du jouenral L'Agitateur de Bourges)
Monsieur,
Alerté par nos lecteurs et par certains supporters
je souhaitais réagir à votre brève
concernant la situation du Football Club de Bourges («
Bourges à l'agonie - 20-01-05), un dossier que je
connais bien.
Vous écrivez d'abord qu'un repreneur du club s'est
rétracté dans les termes suivants «
Placé devant la réalité financière,
le peu de perspectives (le public déserte le stade)
et la quasi-certitude que son argent serait investi à
perte, il a préféré opérer une
prudente marche arrière. ». Je ne sais pas
d'où vous tenez cette information (enfin, si, je
crois savoir), mais sachez qu'elle est fausse. Ce repreneur
s'est rétracté car il a affirmé avoir
reçu des « pressions extérieures »
sans en préciser la nature ni l'origine. Certains
affirment (une supposition hâtive de Jacky Lemée)que
ses collaborateurs ont tentés de le dissuader, mais
cela n'est semble-t-il d'après mes informations pas
le cas (de toutes façons il aurait alors été
question de « pressions internes ! »). Vu de
Bourges - et sans que cela soit formellement établi,
je le précise - il semblerait que ce soit le maire
de Bourges lui-même qui ait dissuadé cet repreneur
d'investir dans le FCB. En effet, ce repreneur aurait appelé
le maire de Bourges pour lui faire part d'un projet de développement
du football professionnel à Bourges, et aurait demandé
au maire si la municipalité était prête
à le soutenir dans sa démarche. Le maire aurait
alors dressé un portrait désastreux de l'image
du FCB et lui aurait expliqué que la priorité
de Bourges n'était pas le football (la ville traverse
un déclins économique sans précédent),
un sport qui coûte très cher. Alors, effectivement
le repreneur a renoncé car cela ne l'intéressait
pas de sauver un club pour qu'il végète indéfiniment
en CFA. De plus, il ne voulait pas compromettre ses relations
avec la mairie de Bourges dans la mesure où il s'apprête
à s'implanter dans cette ville pour y développer
son affaire. Voilà.
Ensuite vous parlez avec une pointe de dédains d'un
club dans une « une situation financière catastrophique
». Effectivement, le trou s'élève à
240.000 euros. Il est l'oeuvre de l'équipe dirigeante
précédente, composée de proches de.
la mairie de Bourges (le FCB, n'en faisons pas mystère
est un club para-municipal). Rien à voir cependant
avec les millions d'euros de déficit que l'on connaît
dans le football professionnel, maintenu la tête hors
de l'eau par des millions d'euros de subventions municipales
pour boucher les trous (voir l'exemple de la Berrichonne
de Châteauroux). Est-il normal qu'autant d'argent
public soit versé à des clubs professionnels
sachant qu'à ce niveau, les salaires dont démentiels,
le football est un business, une affaire privée,
qui n'a rien à voir avec l'intérêt public
? Et qu'à l'inverse, les clubs amateurs triment pour
former des joueurs (qui iront dans les clubs professionnels.),
ne reçoivent quasiment pas un centime d'euro de la
part des instances du football (qui redistribuent l'argent
des télés aux clubs professionnels qui dépensent
sans compter !) et qui se font taper sur les doigts comme
de vilains élèves au moindre écart
financier ?Ne vous mettez pas le football amateur à
dos. Dans le Cher, plusieurs présidents de clubs
se sont insurgés face à la situation faite
au FCB. Lors du dernier match de championnat face à
Niort (B), le club avait déployé une banderole
ironique où l'on pouvait lire « merci à
la municipalité », certains arboraient des
tee-shirt « Merci monsieur le maire ». Il faut
préciser que la municipalité actuelle depuis
son arrivée il y a dix ans, n'a jamais utilisé
- et c'est tout à son honneur - d'argent public pour
boucher les trous de trésorerie, comme cela se passe
dans de nombreuses villes (à Châteauroux, à
Tours, pour ne citer que des clubs de la région Centre,
plusieurs millions d'euros ont été débloqués
par les municipalités respectives pour éponger
les dettes de leur club de foot). La mairie n'a pas davantage
accompagné la réussite sportive du FCB : lorsque
le club, en liquidation judiciaire est redescendu en DH,
il est immédiatement remonté en CFA2, puis
la saison suivante en CFA ; il aurait dû retrouver
immédiatement le National (le FCB était leader
de sa poule). Mais les partenaires (dont la mairie en première
position) ont estimé que la réussite sportive
allait trop vite : il ont fait partir durant la trêve
hivernale les deux meilleurs buteurs du club (Gaston Diamé
et Ali Hadjérès). L'entraîneur Jean
Gomez a s'est alors scandalisé, expliquant publiquement
(mais pudiquement) que « certains ont voulu briser
la dynamique qui devait logiquement et naturellement propulser
le FCB en Deuxième division ».
La situation actuelle du FCB - et cela est absolument incontestable
et objectif - est le fruit d'une volonté municipale.
La ville de Bourges ne peut pas se permettre dans sa situation
économique d'être ambitieuse pour son football.
Cela n'a rien de scandaleux, c'est même très
compréhensible car il y a des choses plus importante
que le football professionnel, un milieux par ailleurs malsain
; mais il faut que la mairie ait l'honnêteté
de le dire publiquement, et de ne plus cracher allègrement
sur un club qui a été mené en bateau
et manipulé à très haut niveau (notamment
par Serge Lepeltier, ministre de l'environnement, ancien
maire de Bourges).
A mon sens, l'honnêteté journalistique devrait
vous pousser à re-vérifier vos sources (ce
n'est pas un reproche : si j'écrivais un article
sur la situation de l'équipe de football à
Nantes, il est probable que je me ferais manipuler de toutes
parts, ne connaissant pas le dossier à fonds) et
à publier un article correctif nuançant vos
propos.
Cordialement,
Jean-Michel Pinon
Rédacteur en Chef de
L'Agitateur de Bourges
Consultez la
réponse de B.V. >>>
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