Mickaël Landreau a
fait très fort dans la dernière livraison
de France Football. Il s’en est pris violemment à
Jean-Luc Gripond et aussi à Loïc Amisse. Voici
quelques morceaux choisis.
A propos de l’ambiance du club :
« Depuis que je suis au FC Nantes, plus de 10 ans
maintenant, la situation n’a jamais été
aussi critique. Il existe au sein du club des conflits en
permanence, des foyers d’infection multiples et une
ambiance pourrie. L’atmosphère s’y gangrène
à grande vitesse. Il n’y a plus rien. Ce sentiment
collectif qui vous prenait aux tripes il y a quelques années
n’existe plus. Cette sensation d’appartenir
à une famille était palpable et chacun d’entre
nous se sentait investi d’une responsabilité,
celle de pérenniser un club à partir d’une
éthique, d’une philosophie mises en place dans
les années 1960. En trois années, depuis le
départ de Raynald Denoueix, tout a été
balayé. Je pense que nous sommes arrivés au
terme d?une logique qui n?a jamais été celle
de Nantes. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir
tiré la sonnette d’alarme, d’avoir adressé
des messages aux gens concernés. Mais personne n’en
a tenu compte. Je n’ai pas été le seul
mais on nous a fait comprendre que le changement était
en marche, que Nantes devait évoluer et on voit aujourd’hui
le résultat. J’ai horreur du conflit, je ne
m’y épanouis pas mais, à un moment donné,
on ne dit plus les choses pour le plaisir de critiquer mais
pour être constructif. Si aujourd’hui je parle
ainsi, c’est parce que je me retrouve dans une impasse,
parce que le club va mal et parce que ça me fait
mal au cœur. »
A propos de Jean-Luc Gripond :
« Il est le responsable mais pas le seul. En faisant
confiance aux hommes en place, en les soutenant, en se montrant
ouvert, il aurait apporté véritablement un
plus au FCNA, car c’est quelqu’un d’intelligent.
Il aurait pu amener une valeur ajoutée à l’ensemble
mais c’est tout l’inverse qu’il a entrepris,
une démolition en règle en quelque sorte.
C’est si facile de tout casser en si peu de temps
! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à part
lui il ne veut pas que les autres existent. Or, Nantes n’a
jamais fonctionné ainsi. Avec lui, on discute mais
il ne vous
entend pas. Son souci est surtout de diviser pour mieux
régner. Il discute avec moi et ensuite il me taille.
Et il le fait avec tout le monde. Mais désormais
tout le monde le sait. Il croit avoir la situation en main
alors qu’en réalité elle lui échappe
totalement ! Au sein du club, il existe un
véritable rejet à son encontre ! Si ça
continue, on va tout droit en L2 !»
A propos de Loïc Amisse :
« Le coach a été un formidable représentant
du jeu à la nantaise, son charisme de joueur était
immense et ça personne ne le lui enlèvera.
Son ambition a été de transmettre ce que ses
pairs lui ont appris mais la pression de son président,
à qui il ne s’est jamais opposé, a vidé
de sens le message qu’il pouvait essayer de faire
passer. Son rêve a toujours été d’entraîner
Nantes, un jour, de succéder aux grands maîtres
qu’ont été José Arribas, Jean-Claude
Suaudeau, Raynald Denoueix. C’était un rêve
! On en a discuté, il sait ce que je pense de lui.
En résumé, on joue
comme on s’entraîne. Aujourd’hui, après
un an et demi, je ne sais toujours pas quels sont les grands
principes de jeu de notre entraîneur. C’est
terrible, alors que dans notre situation nous devrions pourtant
nous raccrocher à des valeurs. Là, on n’a
rien. On est privé de repères et de
certitudes. On manque de continuité dans notre façon
de fonctionner et quand on met quelque chose en place, tout
est remis en question au match suivant. »
Ces propos ont été repris par de nombreux
journaux et l’Agence France Presse a tenté
d’obtenir des réactions au sein du club. En
vain. Ainsi, Robert Budzynski aurait précisé
que les dirigeants ne prévoient pas de réagir.
Loïc Amisse n’a pas souhaité faire de
commentaires, pas plus que Jean-Luc Gripond. Le président,
en vacances dans le sud de la France, a été
joint hier en soirée par téléphone.
Il a refusé de répliquer publiquement à
Mickaël Landreau. «Il est hors de question de
polémiquer par presse interposée, a-t-il déclaré.
On va se donner du temps pour comprendre pourquoi il a dit
cela et pourquoi il le dit maintenant». Il a tout
de même prévu une réunion ce mercredi
avec les joueurs.
Bien sûr, les propos de Mickaël Landreau méritent
quelques commentaires. D’abord, ils sont justes et
courageux. Ils reflètent ce que pensent les supporters
du FCNA et les fervents du foot à la nantaise, lesquels
sont souvent les mêmes. Ils répètent
ce que nous écrivons ici. Ils traduisent l’amour
de Mickaël pour son club, amour qui est certainement
beaucoup plus
fort que celui de Jean-Luc Gripond, lequel n’est venu
à Nantes que parce qu’il a répondu à
une offre d’emploi.
Mickaël Landreau est l’un des tous derniers
à incarner l’esprit nantais. Seulement, il
nous dit aussi, au cours de l'interview sur France Football,
qu’il souhaite partir. Alors, on peut se demander
s’il n’a pas formulé ces déclarations
pour obtenir au plus vite son bon de sortie. Ce serait dommage.
Surtout pour nous. Ne cherche-t-il pas à amener Jean-Luc
Gripond à le
mettre à la porte et à diminuer sa clause
de départ, laquelle pour l’instant a dissuadé
les éventuels acquéreurs ?
Deux choses encore :
- Landreau n’est plus aussi rayonnant depuis son récent
passage en équipe de France. On dit qu’il y
aurait été conseillé par Barthez, lequel
a estimé, via la presse, « qu’il doit
quitter Nantes pour grandir. » De quoi se mêle-t-il,
lui qui évolue dans un club qui n’a rien gagné
depuis 1992. Il faut tout de même rappeler que Barthez,
s’il a toujours semblé irréprochable
sous le maillot de l’équipe de France avant
l’arrivée de Raymond Domenech, l’a été
beaucoup moins avec ses clubs respectifs. Claude Puel l’a
viré de Monaco en 2000 pour insuffisances de performances
tout en lui reprochant sa conduite lors d’un match
contre Marseille. Alex Ferguson l’a gentiment poussé
vers la sortie à Manchester United, en lui préférant
un gardien qui n’est pourtant pas une flèche.
Enfin, Marseille se demande toujours s’il a bien fait
de l’acheter il y a un an, ce qui précipita
par ailleurs le départ d’Alain Perrin, alors
que Vedran Runje avait la sympathie de ses partenaires et
des supporters. Comme conseilleur, on doit trouver mieux
et surtout plus sain.
- Le journaliste qui a interviewé Landreau a sans
doute réalisé un bon «coup ».
Il a fait son métier. Mais c’est déjà
lui qui avait confessé Robert Pirès il y a
quelques semaines, en lui fermant du même coup, de
façon quasi-irrémédiable, les portes
de l’équipe de France.
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