Par Litteulced.
Nantaises, Nantais,
En ce jour mémorable, prélude inéluctable à une descente aux enfers programmée et planifiée, j'ai le regret de vous annoncer ma démission, remise ce jour à mon employeur, Monsieur Dassault. J'assume la pleine et entière responsabilité de la débâcle sportive du FC Nantes et présente mes plus plates excuses à ce peuple jeune et vert que j'ai floué dès le premier jour de ma prise de fonction.
-
En gérant une équipe de football comme j'avais géré une écurie de Formule 1 je suis en passe d'arriver exactement au même résultat : la liquidation sportive irrémédiable, ne manque plus que la liquidation financière que je n'ai pas eu le temps de mener à son terme.
-
En inaugurant peu ou prou mon mandat par le limogeage expéditif de Reynald Denoueix j'ai montré d'emblée mon manque de compétences techniques en décrétant le meilleur entraîneur de Ligue 1 incompétent. En le virant j'ai démontré que je n'avais pas la moindre idée de ce que représentait ce technicien pour l'ensemble du club et de ses supporters. Par cette action, j'ai également fait la démonstration que je n'étais pas capable de prendre en compte les spécificités culturelles du Football Club de Nantes. A aucun moment je ne me suis penché sur le passé du club, pour tenter de percevoir les raisons de son succès.
-
En voulant à tout prix gérer ce club comme une entreprise (et en faire un Manchester français) j'ai oublié que certains facteurs n'étaient pas forcément quantifiables financièrement : les relations humaines par exemple, le jeu, le plaisir, bref tout ce qui a fait la force de Nantes mais qui ne rapporte pas immédiatement autant qu'un transfert de Carrière.
-
Je n'ai jamais su gérer la communication, que ce soit en interne ou vis-à-vis des media. En promettant chaque année tout et son contraire, j'ai démontré que je n'avais pas de réelle vision à moyen terme de ce que je souhaitais pour le Club. En m'évertuant à écarter tout ceux que j'estimais nuisibles à l'affirmation de mon autorité, comme Mr Budzinsky, j'ai tout simplement oublié qu'il eut été hautement préférable que celle-ci s'affirma naturellement par la reconnaissance de mes compétences. En oubliant ceci et en m'immisçant dans le domaine technique jusqu'à provoquer le fiasco du recrutement de cette année, j'ai au contraire démontré que je ne connaissais rien à ce sport dont je prétendais vouloir diriger l'un des plus beaux fleurons.
-
Hier encore je m'évertuais à défendre mon bilan, arguant que, jusqu'à “l'accident” de cette année, le Club était dans une phase de progression sportive (sic). Force m'est de reconnaître qu'on ne peut parler de progression lorsque l'on passe d'un titre de champion de France qui ne m'est pas imputable à une relégation en quatre ans tout rond.
-
Je présente mes excuses les plus sincères à Monsieur Amisse que j'ai utilisé comme fusible afin de mieux conserver ce qui me restait d'autorité. Je reconnais qu'il s'agissait alors de sauver la face et ma place et non point de protéger le Club et de lui garantir un avenir sportif meilleur.
-
Je reconnais être le principal artisan de l'ambiance délétère régnant autour et dans le Club, ceci par ma volonté farouche de m'accrocher coûte que coûte à mes prérogatives, et ce alors que la grand majorité du personnel, des joueurs et du public réclament mon départ pour le bien du FCNA. En multipliant les messages contradictoires à l'intention du peuple jaune et vert, j'ai grandement participé à l'embrasement malsain autour de cette équipe, celui-ci trouvant son apogée lors du dernier match à Sochaux.
-
En m'obstinant, contre toute logique, à communiquer sur mes objectifs pour ce club et, surtout, sur les moyens que je comptais utiliser pour mener ces objectifs à terme, j'ai maintenu sciemment une équipe, un staff et un public dans le brouillard le plus complet. En refusant de prolonger Landreau sur l'autel de mesquineries n'ayant que peu de rapport avec les intérêts du club que j'étais censé défendre, j'ai conscience d'avoir infligé un énième camouflet aux amoureux nantais.
Affirmant encore il y a peu que le Président était pleinement responsable de la situation de son Club, j'ai donc décidé de tirer les conséquences de cette situation et de donner ma démission qui prend effet immédiatement. Réitérant mes excuses à Vous, supporters Nantais, je vous souhaite de retrouver le plus vite possible le haut du tableau que mérite ce grand Club qu'a naguère été le FCNA.
|