(comme il est fait parfois référence
aux échanges qui ont eu lieu sur le forum de FCNantes.com,
vous pouvez vous reportez à ceux-ci
>>>, ou encore consulter les réactions
sur
le forum du site officiel de l'OL >>>. Vous
trouverez l'article incriminé
ici >>>)
Jean-Michel Aulas, le pauvre, est sur le gril, du moins
l’article le concernant, pourvu que le bûcher
n’ait pas été allumé avec des
billets de 50 euros. Côté lyonnais en tout
cas, on nous demande quelques précisions, on dirait
même que ce sont des explications. C’est avec
plaisir que nous les apportons.
La référence Tapie
Commençons donc par le commencement et l’arrivée
d’Aulas à l’OL. C’est effectivement
à la suite d’une interview de Tapie par un
journaliste du « Progrès » que les premiers
contacts furent établis. On avouera que dès
le départ JMA a bénéficié ainsi
de l’appui d’un parrain particulièrement
éclairé. Comme chacun sait en effet, Tapie
a horreur de l’argent et il n’a jamais été
mêlé dans la moindre affaire suspecte. Ce n’est
certes pas lui, dont l’une des entreprise s’appela
« La Vie Claire », qui aurait eu l’idée
de faire pression sur un arbitre ou, pire, sur un adversaire.
Francisque Collomb, alors maire de Lyon, se déclara
lui aussi favorable à Aulas, c’est également
exact. Mais après tout, n’est-ce pas Defferre
qui avait chapeauté Tapie pour qu’il entrât
à l’OM, sur les conseils de son épouse
Edmonde Charles-Roux ? Loin de nous, d’Aulas et de
Tapie, l’idée de mélanger la politique
et le foot ! On ne voit cependant pas très bien les
apports de ces précisions à notre article.
Aulas a pris le pouvoir à la hussarde, en bénéficiant
de solides appuis, on n’a pas écrit autre chose.
Tiens, la Socpresse
Pour ce qui est de ses affirmations sur « le Progrès
», en somme sur la grande presse et la petite presse,
on les abandonnera sans regrets à notre correspondant
qui s’aventure sur ce terrain-là. D’abord
parce qu’on ignore sur quelles bases il procède
à cette discrimination entre différents journaux.
C’est sans doute comme pour les clubs : il y a les
petits et les grands. Et le super grand aussi, à
ses yeux il ne peut s’agir que de l’Olympique
Lyonnais. D’ailleurs, on pense que du temps du père
d’Aulas « le Progrès » était
un quotidien plutôt remarquable. Sa qualité,
et son audience par la même occasion, ont notablement
baissé depuis qu’il est passé, voyez-vous
ça, sous la botte de Hersant, autant dire de la Socpresse.
Sa situation a encore empiré après la mise
en place, l’an passé, de la nouvelle formule
dont l’objectif principal consiste apparemment à
donner le moins de lecture possible à ses lecteurs.
Les résultats ne sont guère concluants.
Partisan de la liberté de la presse ?
Nous n’avions pas cité le magazine qui a eu
quelques menus différends avec Aulas, on ne saurait
donc nous accuser de lui faire de la publicité. Ni
donc de souscrire à ses affirmations. Simplement,
les procès d’Aulas semblent indiquer qu’il
n’est pas précisément un partisan convaincu
de la liberté de la presse, dès lors qu’elle
n’abonde pas dans son sens. Sans vouloir défendre
« Lyon Mag » (mais oui, c’est bien lui),
on voudrait tout de même préciser que ce n’est
pas parce qu’un journal a de nombreux procès
qu’il est automatiquement fouille-merde. Il suffit
souvent d’écrire quelques vérités
qui déplaisent aux riches ou aux hommes de pouvoir.
On ne saurait ainsi mettre dans le même sac des revues
comme « Gala » et les magazines de Jean-François
Kahn, « L’Evénement du Jeudi »
hier, « Marianne » aujourd’hui, lesquels
sont des habitués des prétoires. Il faut bien
se rendre compte que pour les puissants, les multinationales,
multiplier les procès contre une revue est un moyen
pour l’affaiblir économiquement. Et donc pour
la faire reculer. Mais, répétons-le, on ne
prend pas parti pour « Lyon Mag ».
Devant les micros à Gerland
Ni pour Aulas, vous l’avez compris. Et comment ne
pas admettre que cet homme est la discrétion personnifiée
? Il est évident qu’on ne l’entend pratiquement
jamais, ni à la télé, ni sur les radios.
Et puisqu’on nous invite à fournir des précisions
sur la façon dont se passent les après-matches
à Gerland, les voici. Après la rencontre et
dans un délai relativement bref (les conventions
prévoient un quart d’heure), l’entraîneur
se rend dans une salle de presse pour répondre aux
premières questions. Il existe parallèlement
une zone d’interviewes, un long couloir séparé
par une corde derrière laquelle s’agglutinent
les représentants des médias. Ils s’y
regroupent dès qu’ils en ont terminé
avec Le Guen. Les joueurs, dont les vestiaires débouchent
dans ce couloir, passent entre un mur et la corde, donc
devant les journalistes. C’est pas très convivial,
ça fait un peu zoo, on se demande lesquels vont envoyer
des cacahuètes aux autres. Passons. Eh bien, c’est
un pur hasard si, les soirs de victoire surtout, le sieur
Aulas pousse le premier la porte du vestiaire lyonnais et
se retrouve ainsi face aux micros et aux stylos. Et, quelle
malchance, certains se tendent vers lui. D’autant
plus facilement que pour certains, le temps presse. Alors,
Aulas, par pure politesse, se fend de quelques déclarations.
Cela l’embête, il n’a vraiment pas fait
exprès de sortir avant ses joueurs, mais il aime
tellement rendre service ! On ajoutera que, certaines fois,
il prend soin de se présenter avant son entraîneur.
Là encore, c’est -uniquement par pure inadvertance.
Un avis technique ? Jamais
Evidemment, il ne proclame jamais le moindre avis technique,
il faut qu’on se le tienne dit une fois pour toutes.
Ce n’est pas son genre. Il laisse ce domaine à
son entraîneur, lequel, en contre partie, est invité
à ne pas parler de la gestion. Tenez, voici des exemples,
piochés dans « L’Equipe ». Le 6
avril 2005, Aulas dit : « Je veux croire que l’équipe
qui joue le mieux au football passera face à une
équipe d’Eindhoven qui est vraiment la reine
de l’obstruction ». Le 20 mars 2005, Aulas déclare
: « Autant que les trois points, c’est la qualité
montrée par l’équipe et la maîtrise
tactique qu’elle a développée que je
retiens ». Le 9 mars 2005, il affirme : « Heureusement
nous avons fait un match quasiment parfait en démontrant
une remarquable maîtrise tactique ». Le 19 février
2003, il estime : « C’était une rencontre
trop hachée. On a plus réagi qu’agi
». Le 20 novembre 2004, il confie : « Quand
on regarde la possession de la balle qui a été
supérieure à 65% en notre faveur, on pourrait
regretter de ne pas avoir pris les trois points ».
le 26 février 2004, il susurre : « on a senti
l’OL physiquement et tactiquement bien en place, très
au point. » Pas une seule fois, c’est une évidence,
il n’évoque la tactique ou la manière
de jouer.
Pas un mot sur l’arbitrage
Jean-Michel Aulas ne parle pas non plus d’arbitrage,
c’est une autre évidence. Ce n’est pas
lui qui soulignerait une éventuelle erreur. Ainsi,
toujours dans « L’Equipe », on lit. Le
5 mars 2005 : « J’ai demandé à
être convoqué devant la commission d’éthique
avec l’arbitre et le délégué
du match. Je souhaite que plus jamais ce genre de décision
ne se prenne. On pénalise toujours les meilleurs,
par jalousie ou pour provoquer des difficultés artificielles
au leader ». Le 19 février 2005, il assène
: « Il y a quand même eu deux grosses fautes
d’arbitrage en notre défaveur ». Le 31
octobre 2002, il déclare, comprenne qui pourra :
« Je sais que la Grèce a des problèmes
mais ce soir nous payons cash une très grosse erreur
d’arbitrage ». Le lendemain, l’OL publie
un communiqué : « JMA a annoncé avoir
demandé à l’UEFA d’ouvrir une
enquête sur le juge de touche qui a refusé
un but valable à Sonny Anderson ». Mais que
tout le monde comprenne bien : ce n’était évidemment
pas pour solliciter une sanction contre cet arbitre, Aulas
ne mange pas de ce pain-là. On se demande même
s’il n’a pas agi de cette façon pour
rendre service à l’UEFA.
Pas un matamore, même contre Denizlispor
Aulas n’est pas non plus un matamore, c’est
entendu. Combien de fois a-t-il proclamé au cours
de la saison 2000-2001 « on va rattraper Nantes et
le coiffer sur le poteau ?» Pas plus d’une dizaine.
On sait ce qui arriva. Mais son record dans le genre, celui
qui fait encore s’esclaffer la France du foot, remonte
à novembre 2002, époque où il était
vraiment en forme. L’OL venait alors de se faire sortir
de la Ligue des Champions. Eh bien, Aulas assura, sans sourciller
et sans rire, que c’était presque une aubaine
puisque cette élimination allait lui permettre de
jouer et de gagner la Coupe de l’UEFA. « C’est
désormais notre objectif, clama-t-il, tous les joueurs
doivent se mobiliser pour l’atteindre. » Au
tour suivant, Lyon fut éliminé . Mais il possédait
de solides excuses, on le concède : il affronta la
terrible équipe de Denizlispor dont l’attaque
de rêve Ozkan – Bencik fit des misères
à la défense lyonnaise, les Turcs se qualifiant
1-0 à Gerland, but du « Galactique »
Ozkan. Le titre de « L’Equipe » du lendemain
était : « Un champion ridicule ». Son
président n’était bien sûr pas
concerné.
La « finale » de 2002
Nous avons évoqué également la «
finale » du championnat 2002 entre Lyon et Lens. Cette
saison-là, Aulas ne s’était pratiquement
jamais plaint de l’arbitrage. Pas plus d’une
vingtaine de fois en tout cas. Eh bien, la semaine qui précéda
le match, il mit l’accent sur la qualité de
l’arbitre qui avait été choisi. «
Enfin, un bon arbitre ! Avec lui, on est tranquille»
dit-il. Il avait totalement oublié le très
« léger » litige qui l’avait opposé
au même arbitre quelques mois plus tôt. Tout
était effacé. Lyon mérita sa victoire,
3-1. Toutefois, juste après la reprise, à
2-1 pour l’OL, le Lensois Moreira fut victime d’une
intervention suspecte dans la surface. L’arbitre laissa
jouer, ce qui était son droit. Mais n’y avait-il
pas faute ? Le commentaire de « L’Equipe »
le lendemain : « Cela se joua à deux fois rien
car Bréchet toucha le ballon et la cheville de Moreira
sur un tacle dans la surface que les Nordistes jugeront
litigieux ».
Il est clair aussi qu’au cours de ce match, comme
durant les précédents, Warmuz fut médiocre
et Coupet excellent et que cela assura une grosse partie
de la différence. Il s’agit d’un constat
pas d’une accusation contre quiconque, même
pas contre Warmuz.
Govou, Wiltord, Loko, Pedros
Pour ce qui est de Govou, on admet bien volontiers avoir
écrit trop vite. Cet ancien joueur du Puy a été
formé par Lyon. Mais Aulas a acheté tant et
tant de joueurs que l’erreur est presque pardonnable.
Govou, c’est en quelque sorte l’exception qui
confirme la règle et notre liste se voulait surtout
favorable au président lyonnais. Mais si mais si,
puisqu’on évoquait des joueurs qui ont réussi
à l’OL. On n’avait pas eu la traîtrise
de parler de Loko ou de Pedros qui, on n’en doute
pas, ont laissé à Gerland des souvenirs proportionnels
à leurs émoluments. Pareil avec Wiltord :
quelle erreur nous commettons en prétendant qu’il
coûte cher! C’est bien simple : sa prime à
la signature et son salaire étaient si peu élevés
que les autres clubs n’y croyaient pas, qu’ils
ne pensaient pas à le contacter, et qu’il a
fallu, l’été dernier, attendre fin août
pour que l’OL, comprenant qu’il ne pouvait laisser
s’enterrer un tel talent, tente sa chance. Aulas a
en quelque sorte récupéré, que disons
nous : sauvé, pour rien, pas plus de quelques millions
d’euros en tout cas, un attaquant que plus personne
ne connaissait... C’est bien ça, le film ?
Pros et amateurs
D’autre part, quelques Lyonnais nous traitent d’amateurs.
En somme, on en revient au débat : grands et petits
clubs. Mais qu’est ce que ça veut dire amateur
et pro, à part souvent, tiens, les aspects financiers
? N’existe-t-il pas des pros qui se comportent comme
des amateurs et des amateurs qui sont de vrais pros ? On
peut même penser que des amateurs s’exprimant
sur un site indépendant bénéficient
de davantage de liberté, dans le ton, dans l’esprit,
et donc dans le plaisir, que des pros sur un site officiel,
où ils sont forcément sous les ordres d’un
patron généralement peu enclin à les
voir exprimer la moindre restriction.
Prix Albert Londres en vue
Un certain Scott nous abreuve de leçons. Nous les
acceptons volontiers, tellement il est clair que nous n’arrivons
pas à ses chevilles, lesquelles d’ailleurs
nous paraissent suffisamment enflées pour que ne
nourrissions pas l’audace de les dépasser.
Restons modestes : nous ne sommes transcendés ni
par sa qualité d’écriture ni par sa
hauteur de pensées, nous demeurons des apprentis
face à ce maître, il n’est d’ailleurs
pas besoin de chercher à deviner plus longtemps le
récipiendaire du prochain prix Albert-Londres : il
sera pour lui.
Mince, pas le champion du foot-business ?
En revanche, avouons-le, nous sommes un peu choqués
quand on nous reproche de considérer que JMA est
le champion du foot-fric. Tout simplement parce que lui-même
s’en glorifie. On a les plaisirs que l’on peut.
Mais dénier ce titre à Aulas et à l’OL,
n’est-ce pas leur faire injure ? On s’en gardera
bien.
Nos allusions à la pauvreté (technique et
imaginative s’entend!) du jeu lyonnais concernaient,
elles, l’équipe d’avant 2002. C’était
clairement exprimé. Depuis, l’OL joue un football
dont la qualité s’est nettement améliorée.
Il était écrit dans notre article, texto :
« Lyon est devenu une équipe beaucoup plus
joueuse et donc redoutable, voire séduisante. »
Cette évolution nous semble toutefois davantage due
à Paul Le Guen qu’à son président
qui, pour une fois, on maintient, a choisi, sur les conseils
de Lacombe, un entraîneur de valeur. Eh bien voilà
: tout n’est pas noir.
Mais non, l’argent n’est pas sale
L’argent, nous écrit un correspondant, n’est
pas sale. C’est vrai, surtout quand on en a. Il paraît
même qu’il n’a pas d’odeur. Et puis
ne permet-il pas de tout acheter, y compris les hommes ?
C’est pratique. On a les veaux d’or que l’on
mérite, libre à chacun de se prosterner devant
eux. Tous les goûts, c’est heureux, sont dans
la nature. On peut donc faire de l’argent le but suprême
de sa vie. On peut aussi préférer un affairiste
à un artiste, un banquier à un génie.
Mais nous avons la faiblesse, et le droit, de dire, d’écrire,
et même de croire que d’autres partagent cette
préférence, qu’entre José Arribas
et Jean-Michel Aulas, c’est le premier que nous aimons
le mieux. Il nous semble que ses idées et la philosophie
de son jeu, reprises par Suaudeau, étaient un peu
plus nobles et qu’il cherchait à améliorer
les hommes plutôt qu’à les acheter. Maintenant,
nous respectons tout à fait ceux qui adorent Aulas,
même que pour être franc, nous le leur laissons
volontiers.
Bez était puissant et adulé
Un mot pour terminer sur le parallèle Bez-Aulas.
Beaucoup de Lyonnais nous reprochent cette comparaison avec
leur président et un homme qu’ils traînent
volontiers, eux-mêmes, dans la fange. Un simple rappel.
Au faite de sa gloire, mettons en 1987-88, Bez n’était
le sujet d’aucune critique, surtout pas de la part
des conformistes. Son club venait de conquérir un
troisième titre de champion de France en quatre ans
(le précédent remontait à 1950, l’année
de la création de l’OL) et de disputer une
demi-finale de coupe d’Europe face à Eindhoven.
Il dirigeait à Bordeaux le cabinet d’expert-comptable
le plus florissant de la ville, il était louangé
pour ses talents d’homme d’affaire, il était
influent à la Ligue dont le président le craignait,
les télés étaient à sa botte,
l’argent coulait à si gros flots que sa source
semblait intarissable. Il diversifiait son club, parce que
disait-il, il faut engranger de l’argent dans d’autres
domaines que le foot. Il avait donc fait acheter un hôtel,
des immeubles, il avait créé une radio, un
magazine, il voulait lancer une société de
télé qui aurait revendu les images aux autres
chaînes. Il était tout puissant. On ne souhaite
bien sûr pas à JMA de connaître une aussi
triste fin que celle du moustachu girondin et on n’entretient
réellement aucune suspicion concernant ses activités
professionnelles. Cependant, restons-en au football, l’édifice
OL ne nous paraît pas forcément plus solide
que celui des Girondins de cette époque. Même
si, Aulas et ses copains du G14, qui s’autoproclament
les clubs les plus riches ( ?) du monde, ont eu la prudence
de faire passer à trois ou quatre le nombre des qualifiés
de leurs pays pour la Ligue des Champions. Le garde-fou
est-il suffisant ? L’OL survivrait-il à une
série de revers ?
B.V.
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