Monsieur Gripond est un
Président isolé. Ceux qui sont venus avec
lui et ceux qui étaient en place préparent
la suite en savonnant la planche, jeu dangereux s’il
en est. Alors le Président renoue un dialogue choisi.
Il est vrai que jusque là son nouveau conseiller
de communication semblait surtout payé pour le faire
taire. L’interview pose certaines bonnes questions
à défaut d’obtenir les bonnes réponses.
En préambule on peut ainsi lire : «
Pour le président du FCNA, Nantes en a terminé
avec sa stabilisation financière et construit désormais
un projet ambitieux pour retrouver son aura ».
On saliverait presque. Ici, Jean-Luc Gripond suit à
la lettre les indications de son chargé de communication.
On imagine qu’il lui a soufflé ceci : «
il faut insister sur l’ambition, puisqu’on nous
a reproché d’en manquer, montrer que le Club
a un projet, a une logique de développement sur 3
ans ». On imagine aussi le soupir de notre Président
à cette évocation, car jamais dans la suite
de l’interview, il n’est fait état des
moyens sportifs et financiers pour mener à bien cet
objectif. Certes, il répétera plusieurs fois
que le club part sur des bases économiques saines,
qu’il n’a plus besoin de vendre… Mais
aura-t-il seulement les moyens de garder ses meilleurs joueurs
quand la bilan sportif s’inscrit à mi-saison,
à portée de la relégation, quand tant
de mauvais choix ont été effectués,
quand cette « solidité financière »
retrouvée s’est opérée au prix
d’une saignée sans précédents…
Surtout, comment mener un plan sur 3 ans, quand l’avenir
du club est dépendant des bons vouloirs d’un
actionnariat absent, dont l’objectif est déjà
rempli (obtenir la télévision locale) tandis
que le doute qui entoure un désengagement à
court terme n’est pas levé.
L’interview est menée conjointement par fcna.fr
et Jean-Denis Coquart, journaliste à l’Equipe.
Il est d’abord question de la démission de
Christophe Bouchet. Elle est selon Jean-Luc Gripond
« la conjonction du désaccord des supporters
et de l'abandon de l'actionnaire ». On notera
qu’à Nantes, le silence de l’actionnariat
confine à l’abandon, quant au désaccord
des supporters, s’il ne peut avoir autant de répercussion
sur les bords de l’Erdre que sur la Cannebière,
il est en marche et à ne surtout pas sous-estimé.
Bizarrement, le Président digresse sur une gestion
au moyen du web qualifiée « d’idée
gentille et irréaliste », comme un cheveux
cassant sur une soupe à la grimace, à moins
que ses errements passés lui aient soufflé
l’idée d’un Web
Football Club à la sauce Canari…
La question suivante évoque une possible contamination
marseillaise. Jean-Luc Gripond évoque une première
fois le soutien de son actionnariat. L’adage «
qui ne dit mot consent » aurait-il cours dans les
hautes sphères ?. Plus loin, le mécontentement
des supporters lui inspire essentiellement un rôle
de pédagogue (méthode Coué) : expliquer
que le club à de vrais objectifs à long terme
et que Nantes a tout pour devenir un grand club.
A la question du temps nécessaire pour mener à
bien son « projet », Jean-Luc Gripond rappelle
une énième fois ses deux objectifs à
trois ans tout en précisant que Nantes mettra moins
de temps que Lyon pour retrouver le haut niveau. Le premier
pour rétablir l’équilibre financier,
le second pour amener Nantes au sommet. Pour mémoire,
nous ne nous souvenons pas avoir jamais entendu parler des
ses deux plans, il y a trois ans… nous pencherions
d’avantage sur une planification à mi-parcours
à posteriori. Il indique encore la nécessité
de convaincre l’actionnaire de la légitimité
des investissements opérés sous sa présidence…
(Bratu, Viveros, Caceres : autant d’investissements
rationnels). On aurait évidemment souhaité
qu’il indique les sommes nécessaires au développement
du FC Nantes, puisque les investissements consentis à
l’intersaison, malgré la plus-value réalisée
sur les départs, se révèlent à
la fois insuffisants et inefficaces (Florin Bratu et à
un degré moindre Viveros et Caceres).
Au niveau des résultats, il indique de manière
péremptoire et idéaliste qu’un grand
club comme Nantes ne saurait jouer le maintien et que seul
Lyon a impressionné par sa solidité, avec
comme conclusion : « Notre équipe
doit se libérer ». Sur ce dernier
point nous sommes assez d’accord, pour le reste, le
FC Nantes peut descendre sans être impressionné…
Face à la situation d’urgence, il préfère
parler de confiance et ne pas tirer la sonnette d’alarme,
il ose même : « la conjoncture est
favorable ». La phrase suivante : «
A Marseille, ce qui est important, ce n'est pas le contexte.
C'est de faire du jeu. ». Entre les nombreuses
et anormales fautes d’orthographes (nous sommes il
est vrai mal placés pour leurs jeter la pierre…)
et les problèmes de retranscription, il est parfois
difficile de s’y retrouver… Il avoue enfin que
le match à Bordeaux est un « couac
» et que « ce qui rassure, c’est de
bien jouer »… est-ce suffisant Monsieur
Gripond ?
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