Cette semaine le bestiaire reprend du service, s’apercevant avec effroi qu’il ne s’était toujours pas penché sur le berceau brinquebalant de celui qui, en l’espace de trois saisons seulement, est devenu l’idole de tout un peuple jaune et vert : j’ai nommé le Gripondus Sangsue. Déjà mythique mais plus très frais, l’animal valait le coup d’être vu le plus rapidement possible, l’espèce étant actuellement en voie d’extinction. Ouvre grand les yeux ami lecteur, écarte tes narines et dresse tes oreilles au vent, je t’emmène faire un tour dans la tanière du tout mou nantais.


Il est grand temps, ami lecteur, de nous pencher un moment sur le cas particulier du Gripondus Sangsue. Animal au poil rare c’est entendu, au conduit auditif détérioré cela va de soi, le Gripondus n’en reste pas moins un objet d’étude tout à fait intéressant. C’est grâce à l’extrême élasticité de son corps tout entier qu’il parvient, notamment, à changer de cap de manière aussi inattendue que spectaculaire. Insaisissable, caoutchouteux, notre sangsue donne dans l’art du contre-pied mieux que tout autre animal. Si son extrême élasticité lui avait donné à penser qu’il était en mesure de mener la mythique danse du kouign-aman avec le sieur Landreau, bien vite le bellâtre dut déchanter. De meneur il ne pouvait y en avoir qu’un et, foi de muscadettophile, ce ne serait pas le tout mou. Qu’à cela ne tienne, comme son nom l’indique, l’animal se caractérise par une facilité déconcertante à s’accrocher coûte que coûte à son petit rocher. On peut même affirmer qu’il a probablement poussé l’exercice au rang d’art suprême. On croit qu’il va lâcher l’affaire, on le voit se décramponner petit à petit, son corps tout entier glisse vers d’insondables profondeurs, l’animal sue et voit sa dernière heure arriver quand, soudain, ni une ni deux, v’la-t-y pas que le tout mou, dans un formidable sursaut d’orgueil, remonte sur son petit rocher à lui et n’en bouge plus ! Quel talent Mesdames et Messieurs…

Matez-moi un peu cette face de profil parfait, et osez dire encore une fois que le Gripondus n’est pas un animal particulièrement abouti ! D’accord il y a bien ce problème insoluble du conduit auditif qu’un plaquage consciencieux et quotidien ne parvient malheureusement pas à masquer totalement. Ce n’est pas très seyant, soit. MAIS ! Observez la malice du sourire ! Ces yeux pétillants et ce nez aquilin ne sont-ils pas une invitation chaleureuse à danser de ce pas le guilledou sur les quais de St Nazaire ? (oui, nous sommes d’accord c’est malheureux : pour notre ami, St Nazaire constitue le must de la cité balnéaire dédiée à la gaudriole. Ainsi, il n’est pas rare de croiser le Gripondus errant sur les quais de ladite cité, cherchant de jeunes naïades bronzant seins nus pour leur proposer la botte)

Croire que notre Sangsue ne doit sa célébrité qu’à ses caractéristiques physiques rigolotes relèverait de l’erreur de débutant. Non, nous avons ici affaire à un animal qui éprouve des sentiments ! Ainsi le Gripondus a-t-il des rêves de grandeur en veux-tu en voilà, s’imaginant sans complexe écraser la grenouille et le bœuf du poing gauche pendant qu’il distribuerait des claques de la main droite à ses adversaires trop pressants. Si ses doux rèves le rendent attachant, il lui est malheureusement très difficile de se rendre compte qu’il ne fait que s’acharner des deux pieds sur une pauvre fourmi qui bouge encore… Eh oui, notre ami a du crottin dans les yeux. Il est frappant, d’ailleurs, de constater que notre Sangsue nantaise connaît un léger souci de mémoire, celle-ci ne lui permettant manifestement pas de se servir de ses erreurs pour éviter qu’elles ne se reproduisent. Ainsi nous avons mené une petite expérience en eaux troubles afin d’évaluer précisément ce que nous appellerons "la mémoire de la boulette".

Pour mener cette expérience à bien il est, dans un premier temps, nécessaire de vous munir d’une boulette savamment orchestrée par l’objet d’étude lui-même. Ainsi, laissez faire le Gripondus lorsqu’il s’échine à dépouiller méthodiquement le Club de son cœur en vendant, notamment, son meilleur élément au plus mauvais moment. A ce moment précis vous tenez un début de boulette mais elle n’est pas encore totalement absolue. Pour ce faire, laissez-le ne pas recruter, ce qu’il s’empresse de faire comme de bien entendu. Cette fois la boulette est complète, magnifique et définitive. Laissez-le s’enferrer dans de vaseuses explications et laissez mijoter quelques mois. Pour jauger scientifiquement de "la mémoire de la boulette" il vous faut alors recréer les conditions exactes de la première boulette. Laissez-le donc vendre, une fois de plus, ses meilleurs éléments et observez. Là, il faut bien avouer que l’animal est affligeant. Non content de faire un prix de gros à l’écurie parisienne en lui refourguant trois canassons pour un prix soldé, le Gripondus vous propose, en échange, trois baudets qui ne feront même pas illusion. L’expérience est terminée, la Sangsue n’a pas la "mémoire de la boulette".

Sa devise : "Hein quoi ? Chui pas au courant"

Litteulced, le 23 mars 2005

Pour remonter le moral à notre rédacteur adoré mais néanmoins malade, nous lui avons concocté cette modeste présentation avec en bonus la compilation qui remonte le moral :

L'équipe de FCNantes.com au complet. En haut à droite Litteulced toujours blessé

Voilà. A trop pogoter sur « I was made for loving you (babe) » notre ami Litteulced a attrapé la maladie des Hardos FM minés (faut dire qu’il en est) par l’arrivée du disco dans le monde crade et rance du Black Metal. Les spécialistes apprécieront. Véridique, notre ami alité a chopé un kyste. On le lui a curé de moult façon. Le furoncle s’en est allé : kyste no more. Se voir amputé de toute une panoplie de vinyles des 4 maquillés, c’est douloureux. Il s’était même fait tirer la langue autrefois pour appâter les jeunes numides à l’idée de rencontrer un clone de Simmons. Forcément très occupé à soigner ses douleurs, il sue, cauchemarde et délire. Infirme hier, aujourd’hui le corps plus léger, convolant entre deux nonnes aux généreux avantages, il nous confia même, dans un rare moment de lucidité, voir des Gripond partout, tantôt vampires, tantôt sangsues. La plume tremblante et agitée, il parvint courageusement à écrire ce nouveau volet de sa vie sauvage : le Gripondus Sangsue. Gageons que ce ne sera pas son dernier coup de langue. (F.P.)