Contre Nantes, les Sochaliens ont paru très motivés. A domicile, ils restaient sur une défaite face à Strasbourg (but assommoir à deux minutes de la fin de leur ancien coéquipier Pagis, lequel a semblé vouloir absolument être expulsé à Rennes. De peur de jouer un mauvais tour à Bastia ? ) et ils voulaient visiblement se racheter, tout en réussissant leur dernière rencontre à Bonal. D'autant que pour certains d'entre eux, comme Oruma, Santos, Monsoreau et Guy Lacombe il s'agissait probablement de leur match d'adieux.
C'est fort louable, bien sûr, de défendre ainsi ses chances à fond. Même si on a oublié de le faire quinze jours plus tôt. Il reste maintenant à savoir s'ils agiront de même à Ajaccio où se rendent samedi. Serge Le Dizet n'a d'ailleurs pas pu s'empêcher de poser la question à Guy Lacombe.
Joueront-ils aussi à fond à Ajaccio ?
Un Lacombe qui lorsqu'il s'est présenté en salle de presse, après le match, a commencé par dire : « Je suis malheureux pour Nantes. » On ne sait pas pourquoi mais on a eu l'impression que ses regrets sonnaient faux, peut-être parce qu'il les a exprimés un peu vite, sans que personne ne lui ait rien demandé. On veut pourtant croire que l'ancien ailier du FC Nantes de la fin des années 1970 était vraiment sincère et qu'il en apportera la preuve sur le stade François-Coty en demandant à ses joueurs de ne surtout pas se relâcher.
Sochaux va donc rendre visite à Rolland Courbis, l'un des personnages les plus sulfureux du football français. Ses anciens agissements à Toulon, où il avait tendance à cumuler exagérément les rôles, lui ont d'ailleurs valu d'effectuer une centaine de jours en prison.
L'étrange M. Courbis
Il reste pour l'instant sous le coup d'une interdiction de séjour à Marseille, laquelle avait dû être provisoirement levée lors de la visite (victorieuse) de son club au stade Vélodrome. Il doit cette interdiction à son implication présumée dans l'affaire des transferts douteux de Marseille dont l'instruction est toujours en cours.
Courbis a d'autre part été frappé d'une suspension de 6 mois en juillet 2003 à la suite de sa conduite à l'encontre de l'arbitre Alain Sars. Il était alors parti exercer son métier dans des pays de l'Est, sans perdre pour autant le contact avec les journalistes qui sont ses amis, il y en a, ce qui lui a valu de continuer à bénéficier d'une bonne couverture médiatique. Il continuait aussi, malgré la distance, à suivre de près ce qui se passait à Ajaccio et à l'automne dernier il est subitement réapparu de manière officielle afin de prendre le relais de Dominique Bijotat.
Suspension jamais purgée
Le problème est qu'il n'a jamais purgé sa suspension. Ce qui ne trouble visiblement pas Frédéric Thiriez qui ne cesse pourtant de clamer sans arrêt qu'il veut un football propre. Dominique Rocheteau s'est ému, une fois, au nom de la commission de l'éthique, de cette situation particulière qui ne serait tolérée pour aucun entraîneur amateur. On a bien dit : une fois. Car l'ex-Ange Vert a été immédiatement sommé de se taire. Depuis on ne l'entend plus. Il préfère s'occuper de la vente de son autobiographie.
Ajaccio est donc entraîné par un technicien qui insulte, fait pression et menace impunément les arbitres. A ce sujet, on peut penser qu'on l'aurait entendu japper sur toutes les ondes et dans toutes les colonnes des journaux si son équipe , au cours des deux derniers matches, avait encaissé d'abord un premier but résultant d'un coup franc imaginaire (ouverture du score de Lille contre Nantes), puis un deuxième du bras (but du 2-1 de Lille à Nantes) et enfin un troisième provoqué par un coup franc de nouveau plutôt abusif (but de Sochaux face à Nantes). « On nous en veut, on veut nous faire descendre ! », braillerait-il partout, influençant ainsi le corps arbitral dont la chair parfois est faible. Et son bon ami Thiriez fermerait les yeux et se boucherait les oreilles.
Stéphane Courbis, imprésario
Il est également utile de savoir que Courbis a un fils, Stéphane, lequel, voyez-vous ça, est agent de joueurs. Il s'était aussi, rappelez-vous, distingué à sa singulière manière en faisant le coup de poing, sur le terrain, à la fin du match de Coupe de l'UEFA Bologne – Marseille, en 1999. Alors, pour notre part, avouons-le, nous avons été saisis par l'ombre d'un doute : et si des joueurs de Sochaux appartenaient à l'écurie Courbis ?
On sait bien qu'il convient de ne pas mélanger les affaires d'un père et d'un fils majeur et que d'ailleurs le très respectable Alex Ferguson (enfin, quand il ne balance pas sa chaussure sur le visage de Beckham) se trouve dans le même cas : il a également un fils imprésario. Nul n'est parfait.
Mais le cas du fils Courbis est un peu plus particulier car il a pris la succession de Rolland quand celui-ci a été sommé d'arrêter son activité d'agent, en quelque sorte double. Etre imprésario et entraîneur, c'est quand même un peu spécial, non ? Surtout quand on procède au recrutement puis à la composition de son équipe.
On s'est donc renseigné sur Sochaux, club dont Rolland Courbis a, accessoirement, porté les couleurs dans les années 1970. Eh bien, selon une source proche du club (comme dirait l'AFP), aucun Doubiste n'a le fils Courbis pour imprésario.
Tiens, Jean-Pierre Bernès !
Sincèrement, on préfère ça. On notera cependant que plusieurs d'entre eux (Jérémy Mathieu et Menez) se trouvent sous la coupe de Jean-Pierre Bernès, encore un qui a fait connaissance avec les geôles des prisons. C'était à la suite de l'affaire Valenciennes – Marseille de 1993. Bernès travaillait alors à l'OM où il était le bras droit, ou l'homme de mains si vous préférez, de Bernard Tapie. C'est lui qui avait remis la « petite » somme d'argent qui, sur le parking d'un Novotel, était passée des mains de Jean-Jacques Eydelie à celles de l'épouse de Christophe Robert. Il conserve d'ailleurs, comme Rolland Courbis, des contacts avec l'OM. Ainsi, c'est lui qui a poussé l'un de ses protégés, l'ex-Sochalien ( !) Benoît Pedretti à opter pour Marseille plutôt que pour Lyon l'été dernier. Les conseils étaient vraiment judicieux !
Jean-Pierre Bernès, qui aime donc bien Courbis, possède aussi la particularité de beaucoup apprécier la Corse. Il a même failli devenir directeur sportif de Bastia et récemment encore la justice, encore elle, a pensé qu'il était utile de perquisitionner son domicile, à Cassis, dans le cadre de l'enquête sur le transfert d'Essien de Bastia à Lyon. Sans doute Bernès est-il de ceux qui ne souhaitent pas voir les Corses quitter la Ligue 1. On voudrait bien que ce souhait reste uniquement sportif et qu'il n'incite pas certains de ses poulains à le partager.
B.V.
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