Je ne sais pas si je dois
écrire au Père Noël pour lui demander
que tu restes à Nantes. L’année dernière
je lui avais envoyé un gentil message pour lui demander
que mon copain Mario continue à jouer dans notre
cour mais faut croire que les plus petits cadeaux ne sont
pas les plus faciles à réaliser. Mario n’est
pas resté, Sylvain l’a rejoint et moi je ne
rêve plus quand je vous vois « jouer »
chaque samedi. Pire, je peux bien te le dire à toi,
il m’est même arrivé de supporter Lyon
devant ma télé un soir de ligue des champions,
c’est te dire si les dieux du football ne m’ont
pas gâté ces derniers temps.
Même toi tu sembles perdu en ce moment.
Je me souviens de tes débuts en canari, de ton insouciance
et de ton envie de casser la baraque chaque soir de match.
Tu étais alors le petit prodige national et tout
le monde savait que ton avenir passerait forcément
par la grande Equipe de France. La vraie hein, pas celle
qui n’est qu’un rassemblement de stars plus
ou moins usées au melon sur-développé,
mais bien celle de 84 et sa petite sœur, la 98. Oui,
rien ne semblait trop beau pour toi alors.
Et pourtant, comme je te l’ai dit,
je ne suis pas sûr d’avoir réellement
envie de demander pour mes étrennes que tu restes
avec nous. Depuis quelques temps je te sens las et désabusé
dans ta panoplie de gardien dont on sent petit à
petit les coutures céder. Tu nous fais le coup de
la boulette Barthezienne, de la sortie Letizienne…
Certains disent que tu as chopé le melon. Moi, j’ai
bêtement l’impression que tu ne vois plus pour
qui, pour quoi te battre, et que ce qu’il te reste
de professionnalisme suffit à voiler la face des
supporters que nous sommes.
N’empêche, je m’accroche à toi
un peu comme le naufragé s’accroche à
sa bouée de sauvetage, inquiet qu’il est de
voir s’échapper un des derniers symboles d’une
époque plus heureuse. Manquerait plus que Fredo s’fasse
la malle et on se retrouverait avec Viveros comme taulier,
avoue que ça fait peur !
Enfin, je crois bien que je vais quand même lui écrire
une lettre à ce foutu Père Noël, sauf
que cette fois je vais lui dire un peu ma façon de
penser. Moi je veux bien que Mario, Sylvain ou toi alliez
faire un tour ailleurs mais je veux pas que mon jouet soit
cassé. Je vais lui demander un peu de colle, du sparadrap
et surtout un balai, et on le réparera ensemble notre
club.
Litteulced, le 24 décembre 2004.
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