Le troisième ancien joueur
de Nantes limogé
Halilhodzic a rejoint « son ami Lolo » au cercle
des entraîneurs limogés. Ils y côtoient
Bijotat, Kombouaré, Anigo, Bazdarevic et Joël
Muller. Vous l’avez remarqué : trois anciens
joueurs de Nantes font partie de ce groupe des « bannis
». En somme, Guy Lacombe, Deschamps et Le Guen n’ont
qu’à bien se tenir. Mais il faut dire que le
jeu que Coach Vahid faisait pratiquer aux Parisiens ne ressemblait
que de loin, de très loin même, au football
qui a fait la gloire, la réputation et les succès
de Nantes.
«Quand je jouais au FCN, Coco m’appelait souvent
dans son bureau pour m’exposer ses conceptions,»
raconte le Bosniaque qui trouve toujours un moyen pour se
faire mousser. Il n’avait pas dû tout comprendre
du discours du maître. En tout cas, il n’a pratiquement
rien retenu de la méthode « suaudéenne
». Quant à Loïc Amisse, on sait que son
échec provient
essentiellement de son incapacité, comme metteur
en scène, à faire interpréter par les
Canaris le style de jeu qu’en tant qu’acteur
il avait si bien incarné.
Les échecs d’Amisse et de Coach Vahid sont
donc tout ce que l’on veut, mais surtout pas celui
du jeu à la nantaise. On ne demande d’ailleurs
à personne d’exporter ce dernier. Y rester
fidèle à la Jonelière et à la
Beaujoire est déjà assez difficile.
Un transfert à la Deschamps
En se séparant d’Halilhodzic, Paris a perdu
un entraîneur que nombre de joueurs présentent
comme un dictateur. Il reste à savoir si le PSG,
en propulsant Laurent Fournier sur le devant de la scène
va gagner au change. Va-t-il mieux jouer ? Va-t-il gagner
davantage de matches ? Va-t-il se rétablir avant
le voyage que les Canaris effectueront au Parc des Princes
dans moins d’un mois, le 5 mars ?
Fournier en tout cas n’est pas un inconnu à
Nantes, ce n’est pas non plus un modèle d’intégrité
sportive. On rappellera ainsi qu’il défraya
la chronique en 1990, lors de son transfert de Saint-Etienne
à Marseille, opération conclue bizarrement
quelques jours seulement avant un choc ASSE – OM à
Geoffroy-Guichard. Bernard Tapie était coutumier
de la méthode et un an plus tôt il avait acheté
Didier Deschamps à Nantes dans des conditions similaires.
La semaine précédant la venue de Marseille
à la Beaujoire ! Deschamps n’avait d’ailleurs
pas disputé la rencontre, ni dans un camp, ni dans
l’autre et les deux équipes s’étaient
séparés sur le score de 0-0. Le transfert
de Laurent Fournier à Marseille avait soulevé
davantage de polémiques, à tel point que le
joueur se retrouva devant la commission de discipline (celle
d’éthique n’existait pas encore), soucieuse
d’obtenir quelques éclaircissements. Ou du
moins de faire semblant. Car, contrairement à Deschamps,
il avait joué contre son futur club. Il nia véhémentement
avoir fait « exprès de lever le pied ».
L’affaire fut classée, « faute de preuves
» assura la Ligue. Mais Fournier, par la suite, refusa
toujours obstinément d’aborder un sujet que
tout le monde devinait brûlant.
Echauffourée avec Marraud
Sur le terrain, Fournier qui passa de Marseille à
Paris en 1991 n’était surtout pas un modèle
de loyauté. Il tirait les maillots, collectionnait
les fautes et se rendait volontiers coupable de grossières
simulations. Il plongeait dès qu’on le frôlait,
tel un nageur dans une piscine ou Fabrice Fiorèse
dans les surfaces de réparation. En décembre
1992, lors d’un Nantes – Paris gagné
de justesse par les Canaris (1-0, penalty de Nicolas Ouédec),
il avait provoqué en fin de rencontre une véritable
échauffourée à la suite d’une
intervention de David Marraud. Il avait réclamé
à cor et à grands cris un penalty que l’arbitre,
avec raison avaient prouvé les images, ne lui avait
pas accordé.
Six mois plus tard, les deux équipes s’étaient
retrouvées en finale de la Coupe de France et là,
c’est Christian Karembeu qui avait eu maille à
partir avec le vindicatif Fournier. D’abord en commettant
une faute sur lui en première période. Elle
lui avait valu un carton jaune, lequel avait été
discuté, Jean-Michel Ferri ayant lui-aussi accroché
le Parisien. La décision de l’arbitre, Rémi
Harrel, un employé de banque de Bandol, pouvait cependant
s’expliquer. Après la faute de Karembeu il
avait laissé l’avantage à Fournier puis
sifflé l’intervention illicite de Ferri. Et
il était alors revenu vers le Néo-calédonien
pour le sanctionner d’un carton jaune. Cela pouvait
se défendre.
Karembeu voit rouge
Mais c’est au tout début de la seconde période
que le scénario s’emballa. Karembeu avait récupéré,
à l’entrée de la surface, un ballon
perdu par Weah. Il se le fit alors, à son tour, subtiliser
par Fournier , lequel s’engouffra immédiatement
dans les 16 mètres. Lancé à sa poursuite,
le défenseur nantais tendit la jambe et écarta
le ballon. Fournier plongea. Karembeu l’avait-il touché
? Non, jura le Néo-Calédonien. Même
en passant et repassant les ralentis de la télé,
on n’acquiert aucune certitude. Rémi Harrel,
lui, accorda le penalty. Antoine Kombouaré (décidément
le monde du football est petit) le transforma et mit le
PSG sur les rails d’un succès qui devint d’autant
plus indiscutable que Nantes fut mauvais et termina la rencontre
à huit puisque, après Karembeu, Vulic et Lima
se firent à leur tour expulser. Le Néo-Calédonien
avait totalement disjoncté après le penalty
que lui avait infligé l’arbitre qu’il
était allé secouer comme un prunier. Il avait
écopé ensuite d’une longue suspension.
Elève d’Artur Jorge
Christian Karembeu n’est pas d’un naturel rancunier,
il a tout de même eu du mal à digérer
cette affaire. Peut-être pensera-t-il à en
reparler à Fournier lorsque Bastia accueillera le
PSG à Furiani. Ce sera fin février, tout juste
une semaine avant Paris – Nantes ! Et ce pourrait
être d’autant plus épicé que Fournier
a entamé sa carrière d’entraîneur
en Corse. Il resta en poste six mois. Le temps d’être
rejeté par les joueurs, ses anciens coéquipiers.
On soulignera encore que Fournier indique que son modèle
en tant qu’entraîneur est Artur Jorge. Sacrée
référence ! Surtout quand on se souvient de
cette forte déclaration du Portugais moustachu avant
un Nantes – PSG : « Pour gagner des matches,
il faut posséder une mentalité d’assassin.
De tueur. Quand tu joues, tu livres un combat pour la vie
ou la mort. Tu n’as pas le droit de le perdre. »
Il est difficile de faire plus bête, plus incendiaire.
Décidément, Paris a peut-être encore
tiré le gros lot !
B.V.
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