La nouvelle, balancée hier le fil de l'Agence France Presse, qui nous dit que Gilles Yapi souhaite partir, n'est pas de celles que l'on apprécie.
D'abord parce que l'Ivoirien est le type de joueurs dont Nantes a besoin, au même titre d'ailleurs que Milos Dimitrijevic. On l'a déjà dit : du talent plus du talent, l'addition a vite fait de vous donner encore plus de talents et l'un comme l'autre se plaisent à souligner qu'ils peuvent jouer ensemble et que leurs footballs se conjuguent aisément.
Mais le moment où cette information est divulguée est également très gênant. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est mal choisi.
Son agent dément
L'imprésario du joueur, Axel Lablatinière, a apporté un démenti. Il a même précisé l'avoir fait dès la veille auprès d'un journaliste qui lui demandait des tuyaux, lesquels, à l'écouter, seraient donc percés. Il a ajouté que son avis concorde avec celui de Yapi : le joueur formé par Jean-Marc Guillou ne souhaite pas partir, Gilles, lui, est du genre discret, sinon timide, il apprécie modérément les médias auxquels il accorde visiblement une confiance très limitée, il les évite volontiers et il n'a pas fait part directement de ses sentiments. (*)
On comprend d'autant mieux son silence si l'information est bidon. Car elle relèverait alors de la malveillance. Ou à tout le moins de la maladresse.
Trois hypothèses
Dans son communiqué, l'AFP indique que son journaliste a appris la nouvelle auprès d'une source proche du club. Il aurait été souhaitable, pour qu'on le prenne vraiment au sérieux, qu'il cite laquelle. Car enfin les hypothèses sont simples à effectuer :
- soit Yapi souhaite effectivement s'en aller, mais alors pourquoi son agent dément-il ?
- soit Axel Lablatinière a artificiellement lancé cette info pour rehausser la cote d'un joueur qui n'a rien à faire dans un club relégable.
- soit quelqu'un au sein du club veut du mal à Yapi et a lancé cette info
- soit le journaliste de l'AFP ne savait pas quoi faire pour se rendre intéressant et justifier son salaire et il a survendu un bruit de couloir éventé en dépêche faussement fraîche. La source proche du club ne pourrait être qu'une rumeur de comptoir.
Vous avez le droit de rayer les solutions qui vous semblent fausses.
La guerre des fausses nouvelles
On remarquera, accessoirement, qu'en matière de transferts, l'AFP n'est pas spécialement du genre compétitif. Elle a plutôt tendance à recopier sur « L'Equipe », ce qui d'ailleurs donne parfois des « résultats » amusants. Il arrive en effet que les journaux abreuvés par l'agence publient des nouvelles que « L'Equipe » dément le jour-même. Car il lui advient, à elle-aussi, d'aller plus vite que la musique et d'annoncer des infos fantaisistes. En matière de transferts, les médias hésitent rarement à verser dans le sensationnel, quitte à passer ensuite pour ridicules. Combien de fois par exemple France-Football, qui édite chaque année, au printemps, un numéro spécial-transferts a-t-il annoncé le prochain transfert de Mickaël Landreau ? Un jour ou l'autre, probablement, il aura raison. En attendant, jusqu'à présent il a magistralement collectionné les gamelles. Cela nous rappelle un peu l'hebdo à sensations « France-Dimanche » qui, à une époque, annonçait une semaine sur deux que la reine d'Angleterre était enceinte. L'info est passée à 162 reprises ! Eh bien, imaginez-vous que « France-Dimanche » a eu raison quatre fois ! Pas mal, non ? Il a même eu l'impudeur de se vanter. Le comble est que « France-Dimanche » avait tout de même de la chance puisque dans les années 1950-60, celles où Elisabeth II avait le plus de chances, ou de risques, de procréer les méthodes de contraception n'étaient pas très développées. Ces dernières ont assurément fortement nui à ce genre d'informations.
Mais pour en revenir à nos moutons, Yapi si vous préférez, on notera que « L'Equipe » n'a pas repris l'info divulguée par l'AFP (hormis sur le fil de news de son site web). Pour l'instant du moins. Demain, peut-être… On ajoutera que la France ne comptant qu'un seul quotidien de sport (contre quatre aux Espagnols, trois aux Italiens, trois aux Portugais) et qu'une seule agence de presse, plutôt fade de surcroît, nous évitons généralement le pire en matière de fausses informations.
B.V.
(*) Il a tout de même précisé au micro du « Journal des Canaris » qu'il se sentait bien à Nantes où sa famille l'avait rejoint récemment et qu'il ne comptait donc pas quitter les Jaunes.
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