Par Litteulced,
Mon anchois,
Tu sais combien je t’estime pour toutes
les preuves d’attention au FC Nantes que tu t’échines
à me donner. Si si je t’assure, ça me
touche. Ceci dit, aujourd’hui est un grand jour, j’ai
décidé de t’expliquer à quoi
peut bien servir le gars qui gesticule tout seul sur le
bord de la touche. Contrairement à ce que tu crois,
sa fonction première n’est pas d’exciter
le petit bonhomme en noir qui gambade joyeusement sur le
pré au milieu de vingt-deux gais lurons. Ca, c’est
juste le petit plaisir supplémentaire du samedi soir,
ça mange pas de pain et ça met un peu d’ambiance.
Pour information, le petit bonhomme qui bouge (ou pas) sur
le banc de touche a également un nom, on appelle
ça un Dizet. Tu noteras qu’en matière
de gesticulations notre Dizet n’est d’ailleurs
pas un expert, on a quand même connu plus Rock’n
Roll ici. Je ne sais pas si tu te rappelles l’argentin
festif qu’on nous avait refourgué y’a
pas longtemps mais ça swinguait autrement je te prie
de me croire ! Tu me diras, on a eu aussi le gars qui restait
planté sur le banc de touche, les pieds posés
sur un ballon pendant 90 minutes. Ceci dit, si la qualité
de jeu était proportionnelle à l’excitation
de l’entraîneur ça se saurait et Guy
Roux serait champion d’europe. Mais là n’est
pas le sujet ma Belette, Ajaccio ne joue pas au foot et
Guy Roux vend des Citroën.
La fonction du Dizet, disais-je donc avant que tu ne m’interrompes
grossièrement, est d’abord de se demander combien
de temps va-t-il réussir à faire jouer Viveros
avant qu’on ne s’aperçoive que ce dernier
a les deux pieds carrés. Si les blagues les plus
courtes sont paraît-il les meilleures, celle-ci est
forcément d’un goût plus que douteux,
d’autant plus que le petit Eros est toujours persuadé
que le but du jeu est de courir le plus vite possible en
tentant d’éviter le ballon et les autres gugusses
qui courent autour. Bref, cesse de m’interrompre s’il
te plaît. Une fois ce tour de passe-passe réalisé
de main de maître, il est une activité que
l’entraîneur se doit de maîtriser à
la perfection, celle du « pratiquage de la langue
de bois ». Tout entraîneur un poil sérieux
doit maîtriser les ficelles de la technique de la
langue de bois. Ainsi, chaque début de saison est
l’occasion de voir fleurir les stages vous promettant
une assimilation rapide et parfaite de l’Art de parler
pour ne rien dire. Ne vous précipitez surtout pas,
le seul stage reconnu et diplômant doit se faire sous
la houlette du Maître Paulus Le Guenus –expert
ès langue de bois. Pour avoir effectué son
stage avec un amateur de la communication, notre Dizet ne
peut malheureusement éviter les bugs récurrents
dans ses discours. Ainsi, voici un exemple parmi tant d’autres
de ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Dans un premier
temps, mon hareng, je vais te proposer la réponse
de Paulo la science puis celle de Sergio la malin :
Question : Alors, en route pour le titre ?
Le Guen : Je crois qu’il faut prendre les
matchs les uns après les autres, à partir
de là faut pas s’emballer l’important
je dirais que c’est les trois points.
Le Dizet : L’animation collective,
de par les rotations et la disponibilité incessante
de mes joueurs, a par moment tutoyé les prémisses
de ce que j’attends d’eux en terme de jeu, notamment
dans les intentions à une ou deux touches de balles
s’inscrivant toujours dans un contexte de mouvement
et de volonté de jouer.
Ben oui, quand on est formé à l’école
Suaudeau faut pas s’étonner si le discours est
aussi incisif qu’un dribble de Fiorèse.
En référence à la rubrique «
Le foot expliqué à ma femme », présente
dans le mensuel Les
Cahiers du Football.
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