Le contrat de l'ancien Sedanais, quatre ans, signé en 2001, prendra fin le 30 juin. Il se dit pourtant que le club envisage de lui faire parapher une prolongation, « afin, écrit Presse Océan, qu'il puisse effectuer sa rééducation au sein du club, en bénéficiant d'une couverture sociale. »
On reste un peu perplexe devant une telle éventualité. Quel sera le nouveau salaire de Quint ? Et le FC Nantes continuera-t-il à le payer, une fois qu'il sera rétabli, en principe à la fin de l'année ?
En quatre saisons, Olivier Quint ne présente pas des états de service qui permettent de penser qu'il mérite une énorme mansuétude. Il n'a pas répondu aux attentes placées en lui, c'est clair, et longtemps la majorité des supporters l'a même considéré comme un « boulet ». Etait-il surfait quand il évoluait à Sedan, n'a-t-il jamais trouvé à Nantes le contexte pour donner sa réelle mesure ? Mystère. Quelle est d'ailleurs cette « réelle mesure » ? On soulignera aussi qu'il n'a jamais fait preuve d'une combativité vraiment significative, sauf sur la fin, alors que le terme de son contrat approchait. Simple coïncidence ?
Pour ne rien arranger, Olivier Quint s'est souvent fendu de déclarations assez malheureuses, mettant en cause, après coup, ses entraîneurs et se plaignant d'être plus ou moins bien utilisé. Il sembla aussi, parfois, ne pas posséder le sens des réalités et il n'hésitait pas à annoncer des ambitions très au-dessus de ses propres moyens et même de l'ensemble de l'équipe.
Il nous coûte de critiquer autant un joueur blessé, d'ailleurs comme dirait l'autre on ne tire pas sur une ambulance. Il reste que les trois mois, février, mars et avril derniers, où, bénéficiant de la confiance de Serge Le Dizet, il a fourni des prestations dignes d'un professionnel ont tout de même du mal à nous faire oublier les déceptions endurées auparavant.
Ne vaudrait-il pas mieux augmenter un joueur qui le mérite ou faire bénéficier un jeune d'un premier contrat que de verser un salaire à Quint, qui va vers ses 34 ans ? La question mérite d'être posée. Et s'il est vrai qu'un club doit savoir faire preuve d'humanité, on remarquera que les joueurs, eux, font rarement de cadeau, quand on leur propose un meilleur salaire ailleurs. En outre, Quint a tout de même dû percevoir suffisamment d'argent pour ne plus se trouver dans le besoin.
On ajoutera que cette histoire de « couverture sociale » nous gêne un peu. La Sécurité Sociale a sans doute des cas plus urgents à résoudre que ceux d'un footballeur millionnaire, même quand il est blessé. Et quand nous avons demandé, dans l'un de ses bureaux, qu'elles étaient les indemnités auxquelles a droit un accidenté du travail, la secrétaire nous a gentiment déclaré : 60% d'un salaire plafond, lequel est de 2516 euros. « Et si je gagne 400.000 francs par mois ? » avons-nous questionné. « Par mois ? Vous plaisantez monsieur… » « Non, non ». Constatant qu'elle ne voulait pas nous croire et cherchant un peu de compassion, on s'est permis d'ajouter : « Mais je ne peux travailler que jusqu'à 35 ans, après je ne gagnerai plus rien ». « Eh bien moi, j'ai 35 ans, je gagne 7.200 francs par mois et je vais devoir travailler encore longtemps » a-t-elle répondu. Sèchement.
Les footballeurs et les dirigeants gagneraient sans doute à se frotter d'un peu plus près avec la réalité. Donner un maillot par ci par là, à vendre au profit d'œuvres humanitaires, après avoir prévenu la presse, c'est bon pour l'image, ça ne fait même de mal à personne, mais ce n'est quand même pas le bout du monde. Quint, si son contrat n'était pas renouvelé, pourrait se diriger, comme tout le monde dans son cas, vers les Assedic (*). Il percevrait même un bon pourcentage de son salaire et donc une somme conséquente, largement supérieure à la moyenne, pendant plusieurs mois. On peut penser aussi qu'il bénéficie, hors Sécurité Sociale, de diverses assurances. C'est le cas de la plupart des joueurs et le plus souvent elles ont contractées par les clubs. A ce sujet, on se demande si une assurance apprécierait le fait qu'on puisse faire signer un nouveau contrat à un joueur pour qu'il bénéficie « d'une couverture sociale ». Car qui honorerait cette couverture sociale ? Si Olivier Quint dispose d'un imprésario digne de ce nom, c'est-à-dire qui ne se contente pas de passer à la caisse quand il signe un contrat, il dispose sans doute de garanties qui devraient lui permettre de passer ce cap délicat sans trop de dommages. Et si nous avons un souhait à lui adresser, c'est de le voir rejouer dans quelques mois. Mais si c'est ailleurs qu'à Nantes, on n'en fera certes pas une maladie.
(B.V.)
(*)
Sedan était venu chercher Olivier Quint alors qu'il était chômeur en Nationale 2 (Epernay), consécutivement à un nouveau dépôt de bilan (en 1995, l'intéressé avait connu la même mésaventure à Rouen, son club formateur).
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