Budzynski audité, Halilhodzic envisagé...
Bien qu'on nous annonce que Rudi Roussillon, nouveau président parachuté intermittent à distance, est venu auditer les cadres du FC Nantes il y a une quinzaine de jours, avec pour conclusion, entre autre, la fin de carrière de l'emblématique directeur du FC Nantes, le principal intéressé disait encore le jeudi 9 juin qu'il attendait qu'on veuille bien daigner frapper à sa porte et l'entendre : « On doit me rencontrer depuis trois semaines et, aux dernières nouvelles, cette semaine serait la bonne » (France Football, vendredi 10 juin). C'est à cette même date que la rumeur Halilhodzic a circulé dans les couloirs de La Jonelière, avant d'être révélée par l'AFP vendredi matin (17 juin). Ouest France précisait le 18 que c'est l'entraîneur Bosniaque lui-même qui avait décidé de lancer ce pavé dans la mare après avoir peu goûté que le FC Nantes l'éconduise une nouvelle fois. Fidèle à son habitude, Vahid pouvait finalement lâcher qu'il en avait assez d'être appelé pour redresser les clubs en difficulté, puis se contredire en disant que le challenge l'intéressait. Tant mieux !
... Denoueix espéré, Hillon rennais.
Pour bien montrer qu'on pare au plus pressé, Rudi Roussillon réalise son premier grand écart, avant même d'être intronisé nouveau Président du FC Nantes. Ainsi, il aurait contacté Raynald Denoueix, lequel a pour l'instant refusé toutes les propositions qui lui ont été faites car elles l'éloigneraient de chez lui et que les projets ne lui correspondaient pas. Faire un audit et envisager Halilhodzic pour finalement contacter Denoueix deux semaines après, on se dit que la maturation post-audit a été bien lente, mais pas si inefficace. Pendant ce temps là, c'est-à-dire d'une Assemblée Générale reportée à une autre qui aura bien du mal à accoucher d'un scoop tant tout a déjà été révélé, Guy Hillon, lassé de Bordeaux, risque de signer à Rennes, à moins qu'un ultime volte face soit encore possible ? On l'espère encore.
Budzynski muselé
On le sait, ou du moins on veut absolument nous le faire croire, Jean-Luc Gripond et Robert Budzynski ne s'apprécient que très moyennement. Cela ne les empêche pas de travailler ensemble de temps à autres pourtant. Les deux hommes se côtoyaient hors La Jonelière, notamment à Saupin, sans que les animosités soient criantes. Ils se parlaient et plaisantaient même. Mais Robert Budzynski, si attaché à ne pas trop partager les pouvoirs de sa charge, était, depuis la restructuration du club menée à bien par Jean-Luc Gripond, totalement dépendant du bon vouloir de son Président et par extension d'un actionnaire invisible et davantage préoccupé par la revente du club que par son devenir. Or Robert Budzynski aurait évidemment beaucoup mieux travaillé si la Socpresse lui en avait donné les moyens et si son Président n'avait pas cherché maladroitement à restreindre son influence, avant de se raviser sur le tard. Au lieu de cela, Robert Budzynski aura vécu assurément une fin de carrière des plus agitées et il faut bien l'avouer bien peu respectueuse de tout ce qu'il a pu faire pour le club depuis tant d'années. Il y a déjà plus de deux saisons, il était gentiment « placardisé ». Et pour que cela se sache, il fut interdit de voyages avec les pros et donc de banc. En contrepartie, pour l'occuper, il devait superviser les futurs adversaires du FC Nantes. On aurait voulu l'éloigner du groupe pro et le dégoûter qu'on ne s'en serait pas pris autrement. On oubliait alors que les mercatos d'hiver et d'été, cela se prépare toute l'année.
Leport et Gripond échecs conjugués.
Or quand l'intersaison 2004-2005 arriva, il n'y avait plus personne de réellement qualifié pour mener à bien un recrutement avisé. Même si Robert Budzynski fut consulté, ce sont messieurs Leport et Gripond, lesquels ne s'appréciaient pourtant guère davantage, qui prirent en charge les discussions des nouveaux contrats. Mais dans ce « métier », il faut bien connaître les pratiques des agents et les particularismes de certains pays. Cela ne s'improvise certainement pas. On alla ainsi d'échecs en échecs, on refusa d'aligner les centaines de milliers d'euros sur un premier choix pour finalement dépenser autant sinon davantage sur des seconds couteaux. A la hâte Robert Budzynski fut rappeler pour trouver un buteur et apparemment il ne restait plus que Bratu sur les tablettes. Son arrivée paracheva l'intersaison la plus lamentable du FC Nantes et pourtant le club jouit à ce sujet d'un passif peu enviable. Le mercato d'hiver fut ensuite timide, car personne ne comprit alors qu'il fallait déjà frapper un gros coup pour s'éviter une fin de saison délicate. La fronde légitime menée par Mickaël Landreau n'arrangea rien à l'affaire. Les abonnés trompés.
En fin de saison, le club supposait, ou voulait donner à croire, que la nouvelle équipe serait connue fin mai, début juin. C'était en filigrane le message transmis lors du report de la date de reconduction tacite des abonnements. Par expérience, aucun observateur ne pensait cette échéance raisonnable. Les abonnements ont d'ailleurs été reconduits le 3 juin. Aucun nom séduisant n'est venu renforcé l'équipe professionnelle. Une fois encore Jean-Luc Gripond s'est fourvoyé dans une échéance. Une fois encore les promesses n'ont pas été tenues. Une fois encore, la reprise de l'entraînement et le stage se dérouleront sans que l'entraîneur puisse intégrer tous les nouveaux arrivants. Et Serge Le Dizet devra au contraire, gérer la présence de joueurs supposés indésirables.
Budzynski et Gripond déménagés par un Manager à trouver.
On se souvient par ailleurs que Jean-Luc Gripond avait annoncé que Robert Budzynski assurerait toute la période du recrutement. Manifestement celle-ci devait se terminer au 30 juin, non au 31 Août. Pour preuve, il avait précisé que la dernière mission de Robert Budzynski se terminerait le 30 juin (Ouest France, lundi 13 juin 2005). Alors, si le directeur technique retrouva malgré tout son poste, ce fut dans une position particulièrement affaiblie sans compter qu'il devait toujours préparer sa propre succession. Mais là encore, il n'y eut aucune volonté claire de la part du Président du FC Nantes. Pour mémoire, les deux hommes ne s'accordaient pas sur le profil du successeur ou de la charge à assumer. Le départ de Budzynski a été maintes fois annoncé ou différé. Enfin on apprit cet hiver que Jean-Luc Gripond voulait redonner toute sa grandeur à un poste qu'il avait pourtant largement contribué à dévaluer, en nommant un manager général. Cette idée perdure encore aujourd'hui dans les objectifs de Rudi Roussillon. Mais Jean-Luc Gripond ne savait pas alors que ce « Manager » serait sensé le remplacer lui aussi…
Roussillon élague tout en souhaitant déléguer.
Seulement voilà, trouver un Manager n'est pas aisé. On sait, et on en a sourit, que Jean-Luc Gripond voulait faire de Nantes le Manchester United de l'hexagone. On se dit alors que cette lubie du Manager est un mauvais résidu qui perdure d'un jugement plus qu'altéré. Alors qu'on se destine à couper 3 ou 4 têtes (Gripond, Bobin, Leport, Budzynski), pour les remplacer par deux : Roussillon plus l'homme providentiel, on est en droit de se poser la question de savoir si Nantes a vraiment besoin d'un Manager ? D'autant qu'on sent bien le poste défini pour gérer les absences d'un nouveau Président davantage occupé à Paris qu'à Nantes. Or si la propriété de Dassault est toujours temporaire en attendant qu'un acheteur trouve enfin grâce à ses yeux, lesquels sont rivés sur son porte-monnaie, on pourrait penser que faire l'économie d'un Président délégué ou d'un Manager inadapté et choisi à la hâte, ravirait le nouvel acquéreur du FC Nantes. D'ailleurs pour dire notre vérité, en cette période de transferts Nantes a davantage besoin de trouver concrètement un grand avant-centre qu'un Manager imaginaire, tandis que la priorité reste à donner à une nouvelle cellule de recrutement organisée et efficace. Maintenant, si l'annonce d'un Denoueix peut faire chavirer Toulalan, nous sommes absolument pour ! Une AG comme on en rêverait.
D'ailleurs si l'Assemblé Générale arrive manifestement trop tard à en juger par les opportunités qui sont passées sous le nez de Robert Budzynski, elle arrive certainement trop tôt pour arrêter un nouvel organigramme totalement finalisé. Que pourra d'ailleurs bien nous apprendre cette AG ? On aimerait qu'elle nous dise : « Oui ! Serge Dassault et la Socpresse veulent vendre, et ça ne saurait tarder. En attendant, ils veulent rendre le club attractif en le recentrant sur les valeurs historiques du FC Nantes dans le but d'aguicher un potentiel acheteur dont le dossier est en très bonne voie ». Alors s'il nous reste encore quelques jours pour rêver, on se gargarisera encore de ces noms là : Guy Hillon, Japhet N'Doram, Raynald Denoueix tout en espérant qu'il n'y aura pas trop de précipitation à enregistrer les approches ou les candidatures des Christophe Pignol, Eric Decroix ou encore Maxime Bossis. Et puis, on se souviendra de la sympathique et sérieuse candidature de Gilles Rampilllon, on se demandera pourquoi Patrice Rio reste à l'écart et à quel poste jouera encore Bernard Blanchet. On pourra encore penser à d'autres noms comme ceux de Coco Suaudeau, Henri Michel, Enzo Trossero, Eric Pécout ou encore Fabrice Poullain.. Enfin on guettera avec méfiance le retour sur le devant de la scène de Marcel Desailly. Et puis on se réveillera en sachant que le FC Nantes perd encore son temps à attendre des échéances sans cesse repoussées et en définitive rarement décisives.
F.P. le 23 juin 2005
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