Dans une interview accordée mercredi au quotidien L'Equipe, Jérémy Toulalan rappelle ne pas vouloir aller au clash avec son club formateur. Il contredit pourtant assez nettement, les déclarations optimistes faites mardi par son nouveau Président, tout en tendant la perche aux dirigeants de l'OL. Manifestement, dans cette « partie d'échec à trois », chacun avance ses pions avec une certaine science des préliminaires non sans asséner de temps à autre quelques coups bas.
Rudi Roussillon « Toulalan va rester » (sauf offre exceptionnelle de 10 à 12 M € )
Dans un premier temps, Rudi Roussillon a tenté de rassurer les supporters à la sortie de l'Assemblée Générale qui vient de l'introniser PDG de la SASP FC Nantes : « Nous souhaitons garder l'ossature de l'équipe ». Pourtant ce souhait n'est pas une assurance tout risque. Ensuite, après avoir rencontré le joueur lors du stage à Reth Seefel, il se veut plus précis : « Toulalan va rester ». Il rejoint ainsi le vœu des supporters et de Serge Le Dizet. Il est vrai qu'il était important pour le joueur d'avoir l'assurance que le Président comme l'entraîneur comptent sur le meilleur nantais de la saison dernière. Mais la rupture avec le discours tardif de Jean-Luc Gripond est-elle pour autant si évidente ? L'ex-Président du directoire avait déclaré : « Toulalan n'est pas à vendre » puis précisé quelques jours plus tard après avoir rencontré son homologue Lyonnais : « sauf offre exceptionnelle ». Or il semble bien qu'on en soit toujours là. Si Lyon avance les 10 ou 12 millions demandés pour le transfert du joueur, celui-ci changera de club avant la fin de la période de transfert, le 31 août. Nous continuons de penser que ce serait une grave erreur et nous rappelons qu'un des mots d'ordre de la manifestation du 28 juin était de conserver absolument Jérémy dans l'effectif nantais.
Jean-Michel Aulas « Essien reste à l'OL » (sauf offre exceptionnelle 50 M €)
De son coté Jean-Michel Aulas ne joue pas différemment au sujet du transfert de Mickaël Essien à Chelsea. La différence est seulement sensible financièrement. Quand à Nantes on ergote pour 3-4 millions de plus, l'OL attend doucement mais sûrement qu' Abramovich surenchérisse par dizaines de millions. L'OL n'a évidemment aucun intérêt à se précipiter. Il est vrai que gagner entre 10 et 20 millions d'euros en l'espace d'un mois cela vaut le coup de jouer la montre. Jean-Luc Gripond puis Rudi Roussillon comme Jean-Michel Aulas déclarent vouloir garder le joueur. Il n'empêche que dans les deux cas (10 à 12 millions pour le FCN et 40 à 50 millions pour l'OL), cette tactique ne résistera pas longtemps au pouvoir de la surenchêre. L'observateur candide peut de son coté se demander si Essien vaut 40 millions de plus que Toulalan et par conséquent si l'offre exceptionnelle attendue par le FC Nantes est si extraordinaire qu'on veut bien le lui faire croire.
Les petites phrases de l'OL (une question de prix)
Dans le même temps les Lyonnais, en position de force, ne se privent pas pour lancer quelques pics « aux pauvres nantais » qui auraient bien besoin, selon eux, de 6 à 7 millions pour se sortir du pétrin où ils se sont fourrés la saison dernière. Après un ultimatum indélicat en forme de dernière offre, Jean-Michel Aulas y alla de sa petite phrase lors d'un réunion de la Ligue : « A Nantes, on ne sait plus trop qui dirige le club ». M. Roussillon venait pourtant d'être nommé PDG 3 jours plus tôt. Enfin, c'est son « bras droit » Marino Faccioli qui suivit par la suite la voix de son maître : « le temps arrange les choses même s'il n'est pas question de surestimer la valeur de Jérémy. Lors de l'AG de la Ligue, Rudy Roussillon nous a confié qu'il souhaitait le garder mais que tout était une question de prix. » . Oui tout est une question de prix, c'est l'évidence. Mais ça n'est toujours pas un avis que nous partageons, nous l'avons déjà dit. D'une part, il en va de l'avenir de la politique de formation, d'autre part, quand on nourrit un tant soi peu d'ambition, on ne vend pas si tôt un joyau tel que Jérémy Toulalan. Par ailleurs, sur le plan financier, il est loin d'être évident que cette vente soit une affaire, surtout si l'on considère que la valeur estimée du joueur peut aisément doubler dans un an.
Toulalan : Entre Nantes et Lyon, son cœur, son ambition et son portefeuille balancent
Le « troisième participant » à cette partie d'échec est aussi le principal concerné. Jérémy Toulalan s'est enfin livré mercredi. Concours de circonstance ou communication savamment pensée, il a répondu favorablement à une interview du quotidien sportif l'Equipe, alors que la veille son Président s'était apparemment un peu trop avancé en déclarant : « Toulalan va rester ». Alors il précise : « On ne peut jamais être sûr de ce qui va se passer dans les prochains jours ou d'ici au 31 août ». Comme nous le confirmait son agent, l'exemple du transfert tardif d'Eric Carrière ne l'effraie pas et on peut comprendre qu'il n'évacue pas l'idée de commencer la saison avec les Canaris avant de rejoindre l'OL après un mois de compétition en jaune.
La position de l'international espoir n'a pas varié, et même s'il vit mal cette situation « je me demande ce que l'on va faire de moi », ce sont les Présidents et leur porte-monnaie, qui décideront : « Le Président et le coach souhaitent vraiment que je reste, si cela reste leur souhait, je resterai. C'est à eux de décider ». Effectivement, Jérémy Toulalan n'a jamais crié sur les toits de La Beaujoire qu'il voulait jouer à Gerland, même si ça le titille forcément « Lyon, sportivement et financièrement c'est extraordinaire »., et il rappelle qu'il n'ira pas au clash, d'autant plus facilement qu'il laisse la responsabilité de ce transfert à Rudi Roussillon « il faut être clair, c'est Nantes qui décide ».
Toulalan diffère son bras de fer.
Pourtant en matière de clash, ses déclarations réservent des surprises. Certes il indique qu'il juge ne pas valoir les 10 millions réclamés par le FC Nantes, tout en avouant « si je ne faisais pas partie de cet univers là, je critiquerais moi aussi ce système ». Cependant il laisse planer l'idée d'une sacrée partie de bras de fer pour les années à venir lorsqu'il sous-entend que, s'il restait, Nantes aurait tout intérêt à le vendre en 2006 car « à partir de 2007, terme de mes 3 premières années en tant que pro et compte tenu des nouvelles lois, je peux partir pour pas grand chose . ». Or cet avertissement renvoi directement à la nouvelle réglementation FIFA. Celle en partie revendiquée par Philippe Mexes pour justifier son départ de son club formateur vers l'AS Roma sans le consentement de Guy Roux. Certes la FIFA a condamné l'AS Roma a versé 8 millions d'euros à Auxerre, puis à être interdit de recrutement pendant deux saisons, mais le club italien a déposé un appel de ses deux décisions devant le tribunal arbitral du sport (TAS). Et si cette affaire va jusqu'à son terme, certains observateurs parlent d'une répercussion aussi importante que l'arrêt Bosman…
Aulas ment toujours un peu, juste ce qu'il faut.
On ne pourra en tout cas pas reprocher à Toulalan de ne pas être lucide. Sur son avenir notamment, lorsqu'il dit qu'il a peut-être davantage de chances d'intégrer les Bleus en restant à Nantes. Il sait parfaitement qu'il aurait du mal à être titulaire à l'OL où il y a « 3 places pour 6 prétendants ». Il n'est pas dupe non plus lorsque Jean-Michel Aulas lui promet qu'il disputera entre 30 et 40 matchs dans la saison. On sait que le Président Lyonnais se voit déjà finaliste de la Champions League qui se déroulera au Stade de France (quoi de mieux pour asseoir enfin une popularité qui continue de fuir l'OL), mais à moins d'être finaliste des deux coupes nationales, le quota de matchs promis, surévalué à dessein, ressemble bel et bien à une place de titulaire… Sans compter que Jean-Michel Aulas occulte sciemment le fait que Gérard Houiller, qui n'a pas demandé à recruter Jérémy, est un des entraîneurs les moins adeptes du turn-over. On ne s'étonnera donc pas que Toulalan ne soit pas disposé à rejoindre l'OL tant qu'Essien n'est pas transféré, d'autant qu'il précise que « Nantes a un bon effectif. La saison prochaine peut s'avérer intéressante pour Nantes, d'autant que l'ambiance est nettement meilleure avec le nouveau staff et les dirigeants ». On ne souhaite pas autre chose, mais pour cela, il est entendu qu'il faut que Jérémy reste et que Nantes trouve l'oiseau rare en attaque.
Pour quelques millions de plus.
Depuis le début de ce dossier, il est en tout cas certain, que l'OL n'est pas insensible aux avances de Chelsea et tient à remplacer le Ghanéen par Toulalan. De son coté le FC Nantes n'est pas insensible aux millions Lyonnais pour combler la dette et dégager une plus-value propice au réinvestissement dans un ou deux joueurs plus performants que les recrues de la saison dernière. Les deux clubs restent par contre persuadés que celui qui vendra le premier perdra quelques millions…
F.P., le 10 juillet 2005
Chamakh, Toulalan : même combat, ou presque.
« C'est du 50-50. » Marouane Chamakh, de retour en Gironde après ses vacances, a entretenu le flou sur son avenir. L'attaquant marocain continue de parler de l'Olympique Lyonnais comme d'une « opportunité qui ne se refuse pas » mais il ne ferme pas non plus la porte à une saison supplémentaire à Bordeaux. Le joueur est d'autant plus indécis qu'il a rencontré Ricardo lors de son premier entrainement et que le courant est très bien passé entre les deux hommes. « Il dégage quelque chose de sincère et je vais encore y réfléchir », a ainsi expliqué le jeune Marocain. Tout en rappelant sa position vis-à-vis de l'intérêt que lui porte l'OL : « Cela m'intéresse de rejoindre ce club, même en tant que troisième ou quatrième attaquant. Il faut maintenant que les discussions reprennent entre les deux clubs. »
Où en sont justement les négociations entre Jean-Louis Triaud et Jean-Michel Aulas ? Il y a peu de temps, le président lyonnais annonçait qu'un accord avait été trouvé avec le joueur et qu'une proposition serait rapidement adressée au club bordelais. Réponse de son homologue girondin : « Chamakh est intransférable ». Mais Jean-Louis Triaud entretient l'ambiguïté en laissant la porte ouverte à des discussions. Volonté de faire monter les enchères ou simplement de noyer le poisson ? Difficile à dire. La bonne nouvelle est malgré tout venue du joueur, qui a écarté l'idée d'un bras de fer avec son club. « Si cela se fait avec l'OL, tant mieux. Sinon, tant pis. »
(Football365)
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