Si l’oracle nancéen s’était
permis ce verdict qu’il voulait sans appel mais qui
ne fut que péremptoire, c’est bien que l’histoire
récente montrait à quel point les choix de
carrières de certains nantais s’avéraient
souvent ... peu fructueux dirons-nous. Malgré tout,
probablement faut-il mettre en exergue deux cas de figure
qui, pour avoir peu ou prou les mêmes conséquences,
n’en ont pas moins une logique tout différente.
Dans le premier cas de figure que nous nommerons le cas
Pedros, nous avons un joueur pétri de talent qui
échoue lamentablement par la suite, quel que soit
le club choisi et le niveau de celui-ci. Dans ce genre de
situation, il semble malgré tout évident que
la trajectoire du feu-follet chevelu semblait programmée
pour tous les connaisseurs du FCNA. Qui ne se souvient de
ses mémorables « pétages de plomb »
récurrents dont le plus fameux, son coup de pieds
aux fesses distribué un soir de coupe d’Europe
à un adversaire coupable de l’avoir mis dans
le vent, avait fait passé les figures de kung-fu
d’Eric Cantona pour de gentilles taquineries d’enfant
espiègle ? La conclusion de tous ces comportements
erratiques ne pouvaient être qu’une carrière
à l’avenant, parsemée de choix financiers
et sportifs discutables. Nul doute que Reynald aurait tout
aussi bien réussi à plomber sa carrière
s’il était resté à Nantes. Le
cas Pedros ne peut donc pas être spécifique
au « cocon » nantais, les exemples de joueurs
talentueux incapables de faire fonctionner simultanément
deux neurones n’étant pas rarissimes dans le
championnat de France et, en tous les cas, loin d’être
une spécificité nantaise (au passage, un petit
coucou amical à Jérôme Leroy et à
Bob « le rebelle » Pires).
Il y a ensuite les cas que nous nommerons les cas Ouedec.
Peuvent y être assimilés des joueurs comme
Ayache, Bibard, Loko, Gourvennec ou encore Ferri. Aucune
comparaison avec le cas précédent tant ces
joueurs, moins richement pourvus en qualités que
le sieur Pedros, se sont toujours pleinement investis dans
leurs clubs sans tricher ni réclamer quelque dû
que ce soit. Simplement, si l’échec fut au
rendez-vous c’est peut-être parce que leur parfaite
assimilation du jeu nantais leur avait donné un éclat
un peu trop brillant aux yeux des recruteurs. Un joueur
comme Loko fut ainsi catalogué comme un footballeur
extrêmement doué et talentueux alors qu’il
ne pouvait probablement réaliser son plein accomplissement
que grâce au jeu mis en place par Suaudeau. Ces joueurs
ont été, en quelque sorte, victimes d’une
« surcôte ». Que ce soit au Psg, à
Lyon ou à Lorient, Loko ne retrouva jamais plus sa
« brillance » des années nantaises, non
pas parce qu’il s’était fourvoyé
en changeant de club mais simplement parce que l’animation
collective ne le lui permettait pas et qu’il n’avait
pas les qualités pour changer le cours d’un
match à lui tout seul. Certains joueurs crurent même
pouvoir revivre leurs meilleurs années en revenant
au bercail, tel William Ayache. Il n’en fut rien,
simplement parce qu’il revint à Nantes aux
pires heures de l’autoritarisme « Blazevicien
», époque où le jeu à la nantaise
ressemblait plus au fond de jeu ajaccien qu’à
de subtiles arabesques finement ciselées.
Bref, tout ça pour dire quoi me direz-vous ? Pour
dire qu’il est sans doute très rigolo de véhiculer
des clichés qui auront la vie aussi dure qu’un
tacle à la carotide de Cyril Rool, mais que Michel
le Sage gagnerait probablement en crédibilité
s’il se permettait le même type de regard sur
des clubs ayant pignon sur rue. On ne l’a, par exemple,
jamais entendu dire que n’importe quel joueur de talent
qui débarquait à l’OM se mettait instantanément
à jouer comme une chèvre.
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