Depuis que son aventure à la Real Sociedad s'est achevée, il y a un an, Raynald Denoueix est revenu s'installer dans la région nantaise, où il possède une maison (à La Chapelle-sur-Erdre).
Il avait dit, alors que le club basque se trouvait aux portes du titre de champion d'Espagne, en 2003 : « Je n'ai connu que deux clubs dans ma carrière et j'espère qu'il n'y en aura que deux. »
A cette époque, la Real Sociedad était au sommet, elle aurait même été championne d'Espagne si, à trois journées de la fin, sur la pelouse d'Anoeta, le FC Valence n'avait pas arraché l'égalisation (2-2) dans les dernières minutes. Sur un shoot d'Anthony Réveillère. Ce sont ces deux points-là qui, deux semaines après, et en dépit d'un magnifique succès sur l'Atletico de Madrid (3-0) manquèrent aux Basques pour devancer le Real Madrid.
Un an plus tard, Raynald Denouiex a pu mesurer, de nouveau, l'ingratitude des dirigeants puisqu'il a été écarté de la Real, en dépit d'une saison plutôt honnête, compte-tenu de l'effectif dont il disposait et des blessures qui handicapèrent plusieurs joueurs. En fait, son tort essentiel était d'avoir trop bien réussi la première saison. Deuxième, les dirigeants voulaient encore mieux. Face au Real Madrid, au Barça, à Valence, à La Corogne, c'était difficile.
Pas sur la même longueurs d'ondes qu'Aulas
Toujours est-il que Denoueix habite maintenant près de Nantes et que récemment plusieurs propositions lui sont parvenues. Il les a écartées. Jean-Michel Aulas, qui l'a reçu dans son bureau de la CEGID, indique toutefois que c'est lui, le grand président, qui a pris la décision. « Son entretien n'a pas été concluant, » précise-t-il avec son élégance coutumière. La conversation entre le fanfaron de Gerland et le sage de Nantes est facile à imaginer. Lorsque Jean-Michel Aulas a lancé « Je veux remporter la Ligue des Champions », Denoueix, qui connaît le football, a probablement répondu : « Vous savez, on ne peut rien garantir, peut-être que fin septembre on sera 10è du championnat et en Ligue des Champions le tirage au sort est important». Le matamore de l'OL a dû en tomber à la renverse. Lui qui a déjà gagné une fois la Coupe de l'UEFA ! En paroles évidemment car on se rappelle que juste après ce prétentieux effet d'annonce l'OL s'était fait piteusement éliminer… Aulas n'aime pas les discours empreints de bon sens, de mesure et il n'aurait sans doute jamais pu travailler avec Guy Roux qui déterminait chaque début de saison le maintien comme objectif. Ce qui n'empêchait pas Auxerre de terminer beaucoup plus haut. Ce n'est pas en débitant des âneries devant les micros et les stylos qu'il faut être fort, c'est sur le terrain. Denoueix l'a compris depuis longtemps et s'il aurait, bien sûr, visé la Ligue des Champions avec Lyon, il sait combien un tel objectif est aléatoire. Mais qu'il ait fait mauvaise impression à Aulas est, au fond, plutôt rassurant. C'est même le contraire qui nous aurait embêtés. D'ailleurs avec Houllier le président lyonnais a sans doute découvert l'homme qu'il lui faut. En voilà un qui sait se mouiller et jouer les grenouilles se comparant aux bœufs ! On rappellera que l'ancien sélectionneur de l'équipe de France a écrit un best-seller. L'ennui est qu'il n'est jamais paru. Les 300.000 exemplaires étaient prêts. Imprimés, emballés. Ils devaient inonder le marché le matin du 18 novembre 1993. Le titre de ce chef d'œuvre était « Gagner ». Le problème est que la veille, sans crier gare, la Bulgarie a battu la France au Parc des Princes. En catastrophe, l'éditeur a téléphoné aux transporteurs pour qu'ils ne livrent pas l'ouvrage. Kostadinov, sans le savoir, nous a privé d'un livre qui était assurément d'un intérêt magistral.
Pas envie de connaître un troisième club
Mais revenons à Denoueix. Il a également reçu des propositions de Sochaux. Jean-Claude Plessis voulait vraiment l'embaucher, il a effectué le forcing. Les contacts n'ont cependant pas aboutis. Ils ont également échoué avec Metz et Auxerre.
On en déduira assez aisément que Raynald Denoueix, au fond, n'a pas forcément envie de connaître un troisième club. Il nous rappelle un peu Suaudeau : il se disait parfois prêt à partir Coco, mais il aurait fallu que ce soit dans un club situé entre Nantes et le golfe du Morbihan. Cette exigence réduisait singulièrement les possibilités. Et équivalait à un refus.
Mais si Denoueix ne désire pas aller ailleurs qu'à Nantes, souhaite-t-il revenir ? Telle est la question qui se pose aujourd'hui. Tant que Jean-Luc Gripond sera là, la réponse est évidente. On peut également supposer que la présence de Robert Budzynski, lequel n'avait pas su plaider la cause de Raynald en décembre 2001, constitue un autre barrage.
Or, on dit que l'assemblée générale du 28 juin va sceller le sort à la fois de Gripond et de l'historique directeur sportif nantais. Dès lors, la voie serait libre et, justement, la place de manager sportif vacante.
Dans ces conditions, un retour de Denoueix, si Rudi Roussillon, le veut vraiment et s'il sait se montrer convaincant, n'est assurément pas à exclure. On peut même estimer qu'il est souhaitable. Denoueix directeur sportif, chargé de coordonner tous les secteurs techniques du club, du centre de formation à l'équipe pro, ce serait même le rêve.
B.V. le 24 juin 2005
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