Même si on le regrette, il faut bien avouer que Jean-Paul Vanneraud ne donne pas un avis isolé. Il est en parti partagé par la rédaction de son journal lequel appartient à La Socpresse. Beaucoup de supporters estiment aussi qu'on ne peut pas non plus refuser un transfert juteux pour peu que Robert Budzynsky sache en faire le meilleur usage. Voilà qui est bien aventureux… Pour nous le talent s'ajoute au talent. Nantes n'est pas le Real. Enfin à la lumière des récents recrutements nous ajouterons qu'on sait ce que vaut Toulalan Ce n'est pas le cas de ceux que son transfert permettrait de recruter.
Toulalan comme Carrière ?
La situation du jeune nantais est un peu compliquée. Elle n'est pas éloignée de celle vécue par Eric Carrière il y a 4 ans. Jérémy Toulalan sort à titre personnel d'une bonne saison auréolée d'un titre de meilleur espoir de Ligue 1, quand le natif de Foix, était élu meilleur joueur de la saison 2000-2001. Baladé par les approches de Jean-Michel Aulas et un discours équivoque de la direction du club, Carrière avait commencé la saison suivante en jaune après avoir affirmé qu'il resterait chez les Canaris. Il ne savait pas alors que le FC Nantes avait absolument besoin d'argent et que son club ferait l'énorme erreur de le céder à son concurrent direct (le FC Nantes venait d'être sacré champion devant l'OL). Carrière eut le tort d'accepter de partir sans comprendre à quel point le public nantais lui en voudrait en oubliant l'implication essentielle de la Socpresse. Cette erreur historique en engendrera une autre quelques mois plus tard lorsque Jean-Luc Gripond lâchera Raynald Denoueix, son brillant éducateur, malgré ses trois titres obtenus en 3 ans (une 8 ème étoile et deux nouvelles coupes de France).
La Socpresse garant de la dette.
Comme une répétition de l'histoire, le toujours Président du FC Nantes a tardivement indiqué, bien qu'il ait pris soin de déclarer « comme je l'ai toujours dit », que Jérémy Toulalan serait encore Nantais cette saison. Il avait déjà agi ainsi au sujet de Mathieu Berson. On veut pourtant le croire cette fois et présumer qu'il a effectivement reçu les garanties suffisantes auprès de l'actionnaire, lequel se serait porté caution (à moins que les nouveaux droits TV aient suffi) hier devant la DNCG de la dette de 4,5 millions d'euros enregistrée à la fin du précédent exercice, qui a vu Nantes se sauver miraculeusement de la relégation.
Toulalan toujours dans le flou.
Or la position de Jérémy Toulalan a notablement évolué depuis qu'il déclarait il y a quelques mois être farouchement attaché à son équipe, à sa ville et ne pas vouloir défendre les couleurs d'un autre club de l'hexagone. Il a déménagé de Nantes à Vertou et est l'heureux papa d'une petite fille. Surtout, avant, en fin de saison, de réserver sa décision en fonction de l'avenir des Canaris en Ligue 1, il avait indiqué qu'il envisagerait de partir s'il n'obtenait pas des garanties quant aux futures ambitions du club et par conséquent du groupe Dassault. Aujourd'hui, il n'est évidemment pas plus rassuré que nous, puisque rien ne sera décidé avant la fin du mois. Il pensait pouvoir prendre une décision après l'Assemblée Générale de la SASP. Celle-ci a été repoussée. Entre temps il s'est ému d'apprendre que le club avait décidé de son avenir en jaune sans le consulter. Il ne pouvait pourtant pas ignorer qu'il était en tête de liste de la nouvelle campagne d'abonnements.
Comme en 2001, Nantes dans l'attente des décisions lyonnaises
Le lendemain du report de l'AG, Jean-Luc Gripond a rencontré son homologue Lyonnais. Il ne s'agissait pas de parler de Toulalan, mais il en a forcément été question. L'Olympique Lyonnais n'est pas totalement certain de pouvoir convaincre Essien et Diarra de rester dans le Rhône. Le premier est courtisé par Chelsea et le second par l'Inter de Milan. Evidemment, Toulalan est en tête de liste en cas d'un départ d'un des deux excellents milieux des Gones.
Le flou sur les moyens pour recruter.
Alors le joueur va-t-il rester ? Jean-Luc Gripond nous le certifie. On rappellera tout de même que le joueur a signé cet automne un contrat qui le lie au FC Nantes jusqu'en 2009. Il est donc tenu de respecter son contrat, même si le FC Nantes se complet dans un flou dramatique et si on peut douter de ses ambitions en constatant la maigre enveloppe dévolue au recrutement. Les 4 millions d'euros annoncés sont bien maigres, mais ils ne sont pas non plus détaillés et on ne sait toujours pas comment sont budgétées la manne des droits TV, l'argent qui résultera des départs des recrues de la précédente intersaison ou encore l'économie faite sur les joueurs en fin de contrat.
Jean-Paul Vanneraud (Presse Océan) joue au jeu du Président.
De son côté Jean-Paul Vanneraud se positionne pour un départ de l'international espoir. Pour le journaliste, Jean-Luc Gripond souhaite garder son joueur car il cède à la pression populaire et n'a plus l'obligation financière de le vendre. Le chroniqueur estime pourtant que ce choix est discutable d'un point de vue sportif avec pour seul argument que Toulalan et Faé doublonnent sur le terrain dans le système en losange au milieu prôné par Serge Le Dizet. Par extension, il juge enfin que la vente de Jérémy Toulalan permettrait de renforcer un autre secteur. Il envisage même, à titre personnel, la solution d'un prêt croisé entre Toulalan et Pierre-Alain Frau.
Un parti pris sujet à caution
Non Monsieur Vanneraud, Jérémy Toulalan ne doit pas être vendu. En tant que journaliste de Presse Océan et donc de la Socpresse, vous nous laissez la désagréable impression de ménager une porte de sortie au Président du FC Nantes dans le cas d'un énième retournement de situation. Un Président que vous avez plutôt soutenu alors qu'il était invariablement invité à démissionner par les spectateurs dont l'implication dans la vie du club ne semble pas vous émouvoir particulièrement. Dites-nous plutôt que ceux qui ont crié « Gripond démission » tout le long de la saison en prévision d'un épilogue annoncé et avéré ont eu tort. Comme à votre habitude vous direz que les joueurs sont les premiers responsables, évidemment. C'est sans doute la raison pour laquelle vous souhaitez voir partir le meilleur élément de l'équipe ?
Toulalan fait parti de notre rêve
Sachez que le public de La Beaujoire a envie de voir Toulalan, joueur formé au club, futur international, porter encore et le plus longtemps possible les couleurs du FC Nantes. Sachez que le public de La Beaujoire estime que Jérémy Toulalan, entouré d'une équipe plus compétitive peut permettre au FC Nantes de jouer à nouveau les premiers rôles. Sachez que Jérémy Toulalan serait le premier heureux de pouvoir à nouveau défendre les couleurs du club au plus haut niveau. Sachez que le public de La Beaujoire n'est pas aussi comptable que vous et qu'il a le droit au rêve et que de tout temps il a préféré voir ses jeunes pousses porter le club vers des titres plutôt que des pièces rapportées dont l'implication n'est pas imprégnée des valeurs nantaises. Monsieur Vanneraud vous faîtes fausse route, le public aime rêver et Toulalan fait parti de ce rêve.
Vendre Toulalan : une erreur financière.
Mais puisque cet argument vous fera plutôt sourire, soyons aussi comptable que vous. Comment pourrions-nous vendre Toulalan aujourd'hui à un prix qui serait à coup sûr inférieur à sa valeur dans un an si par bonheur Toulalan est retenu dans les 22 à la Coupe du Monde pour peu que la France honore enfin son rôle de favori ? Comment dès lors ne pas accéder à son souhait initial de jouer dans une grande équipe européenne plutôt que de trahir en France ses premiers amours ? Enfin, pour peu qu'on oublie que Serge Dassault veuille récupérer les 22 millions, versés au compte courant, qu'ont coûté à la Socpresse le rachat du FC Nantes, Jean-Luc Gripond n'avait-il pas estimé la valeur du club en proportion des polices d'assurance des joueurs. Alors quel serait finalement le solde de la vente de notre joyau du milieu de terrain ? Les acheteurs potentiels qui ne se bousculent pas spécialement au portillon mettront-ils 22 millions dans la balance d'un FC Nantes dévalué par la perte de Toulalan ?
Faé n'a pas le niveau de Toulalan.
Puisque vous prétendez aussi avoir un avis éclairé dans le domaine tactique et sportif, expliquez nous par quel miracle vous estimez qu'Emerse Faé est aujourd'hui au niveau de Jérémy Toulalan ou ce qui vous fait croire qu'il a pour le moins le même potentiel. Oubliez-vous que Faé ne rêve que de jouer au Paris SG, qu'il a simplement déclaré vouloir daigner rester à Nantes une saison de plus lorsque son contrat courre jusqu'en 2009, qu'il s'est laissé enfin entraîner en connaissance de cause par Aurélien Capoue bien loin de ses obligations envers son club et son public ? Oui Emerse Faé est un grand joueur en devenir à condition qu'il en prenne totalement conscience et qu'il cesse d'estimer la Beaujoire comme un tremplin pour le Parc des Princes. Enfin quitte à mélanger le sportif et le financier ne pensez-vous pas Serge Le Dizet assez intelligent pour faire fructifier l'apport potentiel de ses deux joueurs par ailleurs plus grosses valeurs marchandes du club ?
Arrêtons d'assurer la formation des autres clubs.
Il y a aussi un détail qui nous tient à cœur et que vous omettez à dessein. Nous en avons assez de voir nos meilleurs jeunes partir de plus en plus tôt, comme ce fut déjà le cas de Djemba-Djemba. Certes le mouvement a été initié il y a bien longtemps par Pécout, Tusseau, Sahnoun, Touré puis Deschamps et Dessailly. Ne pensez-vous pas qu'il serait temps de tenter d'inverser la tendance ? que l'ambition du FC Nantes n'est pas de servir la soupe aux clubs plus huppés, que Nantes à un nom, un palmarès et qu'il serait grand temps de ne plus l'oublier ? Comment voulez-vous enseigner à un jeune que le FC Nantes représente quelque chose, quand celui-ci comprend qu'après à peine deux saisons en tant que titulaire, il pourra aller se monnayer ailleurs, là où on est encore plus exposé et où la côte grimpe souvent artificiellement ? Ne vaudrait-il pas mieux que les Ouedec, Loko et Pedros viennent participer à l'enseignement de ce que l'on perd lorsqu'on quitte le FC Nantes ?
Non décidément, vendre Toulalan aujoud'hui, c'est ne pas voir beaucoup plus loin que le bout de son nez et c'est ce que fait le FC Nantes depuis que la Socpresse est à sa tête. Vous êtes employé de la Socpresse Monsieur Vanneraud. On comprend la filiation mais on ne l'excuse pas. Mais, il ne faut pas nous en vouloir. Vous avez le mérite de vous faire l'écho d'un débat et nous nous arrogeons à tort le droit de vous répondre au nom des supporters de La Beaujoire. Votre ex-confrère Bruno Lautrey précisait qu'il était journaliste avant d'être supporter. Ici, nous sommes avant tout des supporters et nous revendiquons à ce titre tous nos excès et toutes nos émotions.
F.P.
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