C’était déjà
la philosophie de Canal + en 1991, quand il s’est
offert le Paris SG. Le groupe pensait qu’en donnant
des moyens financiers conséquents à un club
représentant un bassin de 10 millions d’habitants,
susceptible donc de lui apporter beaucoup d’abonnés,
il faisait une bonne affaire. L’objectif n’a
été que partiellement atteint puisque la chaîne
cryptée, si elle a effectivement augmenté
ses abonnements, a en revanche dû débourser,
à perte, des sommes énormes.
Dassault ne tombera jamais dans ce jeu là, on ne
peut le lui reprocher. Il n’est pas non plus aussi
bête que Robert Louis-Dreyfus qui a mis la main dans
l’engrenage marseillais et ne parvient plus à
l’en retirer.
La première question est donc : le FC Nantes peut-il
encore rapporter de l’argent. Et la réponse
est oui. Les droits télés vont s’inscrire
à la hausse, des joueurs peuvent encore être
vendus. Il faut simplement éviter la descente en
L2 et ne plus acheter des produits qui ne seront pas rentables
ni revendables, genre Bratu et Viveros. Et à ce sujet,
Gripond risque tout de même de se faire taper sur
les doigts.
Conclusion : Dassault n’a pas un intérêt
évident à vendre.
Il n’empêche que les hypothèses les
plus diverses circulent et qu’on confond souvent rumeur
avec information. L’un de ces bruits de couloir, qui
ont vite fait parfois de rebondir sur les ondes, prétendait
même que Pascal Praud, l’un des porte-micros
de TF1, travaillerait à la reprise du club. On n’a
pourtant pas cru discerner chez lui un charisme tel qu’il
lui suffirait de pousser la porte d’un milliardaire
pour le convaincre de lui signer un gros chèque et
de lui permettre ainsi de prendre les rênes d’un
club qui, dit-il, lui est cher.
Plus sérieux est peut-être le « projet
», le mot paraît encore bien excessif, d’un
groupe canadien, Saputo, lequel donne dans le commerce et
l’alimentation de produits laitiers et d’épicerie.
Activité qui n’ont qu’un lointain rapport,
on l’admettra, avec le ballon rond. D’après
« Ouest-France », c’est du moins ce qui
était écrit dans son édition de mardi,
Alain Florès, ancien directeur général
du FC Nantes (il avait été embauché
par Guy Scherrer en novembre 1992) serait impliqué
dans l’affaire. Et il se ferait fort de convaincre
Japhet N’Doram de devenir directeur sportif. L’ennui
est qu’il n’est pas sûr que l’ancien
stratège du FCNA tienne à abandonner les rivages
argentés de Monaco où, à terme, il
bénéficiera sans doute d’une promotion.
Ni d’ailleurs sa villa ensoleillée de la Côte
d’Azur. Le deuxième problème, encore
plus ennuyeux, est que Claude Pinard, vice-président
de Sapauto et chargé de la communication du groupe,
notamment en France, a démenti l’information
dès mardi soir, via l’agence France Presse.
Il reste donc bien difficile de se faire une opinion. Entre
les gens qui cherchent à profiter de l’occasion
pour faire parler d’eux, ceux qui propagent de fausses
nouvelles et les porteurs d’un réel projet,
le tri est difficile à effectuer. D’autant
que, répétons-le, Dassault est toujours là
et Gripond toujours le patron.
Enfin, on retiendra que Mickaël Landreau a estimé,
pour sa part, que Dassault n’est pas forcément
une mauvaise solution. A condition qu’il s’investisse
vraiment. Il a ainsi déclaré : « La
meilleure nouvelle serait que M. Dassault puisse s’investir
car il n’y a pas plus fort que lui au niveau poids
et au niveau financier ». Ma foi, on ne peut pas dire
que c’est mal vu. Mais Dassault a-t-il vraiment envie
de considérer le FC Nantes comme un produit sérieux
et d’y mettre à sa tête des hommes compétents
et ambitieux sur le plan sportif ?
Si vous connaissez la réponse à cette interrogation.
Pour l’instant, elle est en tout cas négative,
c’est une évidence.
B.V.
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