Ça y est, c'est dit ! Jean-Luc Gripond l'avait annoncé devant l'ensemble du personnel en dépouillant l'urne aux doléances, il demanderait à ce que l'actionnaire affirme clairement ses intentions. Xavier Ellie, directeur adjoint de la Socpresse, l'a dit presqu'en catimini : « Il faut s'attendre à plus ou moins long terme à une cession ». Dans la forme, cette sortie n'a rien d'officielle, elle montre plutôt le dédain avec lequel la Socpresse traîte le club. Elle ne semble pas non plus répondre explicitement au desiderata du Président du FC Nantes. Dans le fond, enfin, nous ne sommes pas vraiment plus avancés. Le « plus ou moins long terme » est laissé à l'appréciation du lecteur. Disons que maintenant, au moins, on sait ce qu'on savait déjà. (F.P.)

Quatre ans de Socpresse c'est long, c'est vrai.
« On est là pour longtemps, » avait promis la Socpresse quand la ville de Nantes lui avait permis d'acquérir à bas prix le FCNA. Jean-Luc Gripond, le porte-parole du groupe, avait souvent confirmé. Seulement, les rumeurs qui enflent depuis plusieurs mois prétendent à peu près toutes le contraire. Et Xavier Ellie, à la fois directeur adjoint de cette trop fameuse Socpresse et président de son comité de groupe les a sérieusement accréditées hier.

Au cours d'une réunion d'où ont filtré quelques fuites, il a en effet benoîtement déclaré : « Il ne semble pas que le FC Nantes constituera un élément stratégique dans l'avenir. Il faut s'attendre à plus ou moins long terme à une cession, qui ménagera les intérêts légitimes de l'actionnaire, du club, du centre de formation et de la Ville de Nantes ».

Club de balle au pied !
Faisant référence aux titres que possède la Socpresse dans l'ouest de la France, dont Presse-Océan à Nantes, Xavier Ellie a ajouté : « Je me demande si un club de football est un enjeu stratégique pour un quotidien régional ou multi-départemental. D'ailleurs aucun quotidien régional en France ne possède de club de balle au pied, ni à Bordeaux, ni à Lyon, ni à Marseille. Y-a-t-il des synergies avérées ou potentielles entre le journal et le club sportif ?Ce n'est pas évident, aucun résultat probant n'a pu être apporté au regard de cette expérience. »

On goûtera évidemment le savoureux « club de balle au pied ». On rappellera tout de même à Xavier Ellie que le magazine « But » eut, du temps de Marcel Leclerc, dans les décennies 1960 et 1970, des liens très étroits avec l'Olympique de Marseille. Ils favorisèrent sans doute son succès des premières années. « Sud Ouest » posséda pour sa part jusqu'à 10% des actions des Girondins, il les a revendues il y a deux ans, après s'être apparemment aperçu, un peu tard d'ailleurs, qu'intérêts et déontologie ne font pas forcément bon ménage. « Sud Ouest » a souvent entretenu des rapports ambigus avec les Girondins et du temps de Claude Bez l'un des ses rédacteurs avait été muté au bureau de Libourne pour avoir émis des commentaires qui avaient déplu au président moustachu.

La Socpresse a-t-elle investi ou pompé de l'argent ?
Reste à savoir si la Socpresse n'a pas voulu établir en revanche des liens entre le club et sa télé et si celle-ci ne bénéficie pas de « droits » payés par le club comme plusieurs sources d'informations l'ont laissé supposer ("Le Journal des Canaris" fourni au FC Nantes par la Socpresse moyennant 600 000 euros : information par ailleurs jamais démentie). Il est vrai aussi que les quotidiens, ou groupes de presse, qui se sont lancés dans l'aventure télé y ont généralement laissé des plumes, quand ce n'est pas la peau des fesses. Il faudrait également que Xavier Ellie donne des précisions sur l'état des finances dans lesquelles la Socpresse laissera le FC Nantes. Combien a-t-elle éventuellement investi ou au contraire « pompé » d'argent ? N'est-ce pas le rôle de la municipalité de lui demander des comptes ? Accessoirement, Xavier Ellie devra aussi trouver un acquéreur qui paie le prix souhaité. Il est sans doute élevé.

(B.V.)


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