Une fois de plus, Lyon a été avantagé par un arbitre samedi dernier à Bordeaux. Bruno Derrien n'a pas vu, ou pas voulu voir, ni les fautes de main des Gones ni leurs interventions litigieuses (il a tout de même sifflé 35 coups francs contre eux). « J'assume » s'est-il exclamé, pompeusement, à l'heure des commentaires. Avant de reconnaître, platement, le lendemain, qu'il aurait dû siffler au moins un pénalty contre Cris. En fait, c'est sur le terrain qu'il aurait dû assumer, en faisant preuve d'un minimum de courage et en prenant les décisions qui s'imposaient. Bruno Derrien n'a pas effectué le travail pour lequel il est grassement payé (15.000 francs par match, plus les frais), point final. Et si la commission des arbitres lui infligeait une suspension en rapport avec ses erreurs, en le privant de matches donc de juteuses rentrées financières, il hésiterait sans doute davantage à jouer les aveugles la prochaine fois. Thiriez s'est souvent enorgueilli de faire progresser les arbitres en leur offrant notamment des oreillettes ou en permettant aux télés de diffuser leurs commentaires en direct, il ferait mieux, plutôt que de donner dans des opérations de spectacle, de leur payer des lunettes.
Une suspension ? Il s'en tape
Une fois de plus, Jean-Michel Aulas apparaît dans cette affaire comme le véritable parrain du football professionnel français. Celui qui peut tout se permettre en toute impunité. A Bordeaux, il a vraiment battu les records de mauvaise foi en… se plaignant de l'arbitrage. Il a affirmé, sans rire, que Derrien a désavantagé Lyon et que ce n'est pas la première fois. L'autre semaine, la commission d'éthique, inventée par Thiriez, toujours prompt à se donner bonne conscience, et présidée par Dominique Rocheteau, s'est soudainement réveillée en infligeant une suspension au vice-président de Monaco, « coupable » d'avoir critiqué un arbitre. On va voir si elle se montrera aussi réactive avec Aulas. Tout en sachant que ses éventuelles sanctions, s'il y en a, s'assimileront à des coups d'épée dans l'eau. Que peut-elle faire ? Suspendre Aulas ? Sans doute, mais le suspendre de quoi ? De ne pas aller sur la pelouse ou dans les vestiaires. Mais qu'irait-il y faire ? Sans compter qu'on demande à voir quel délégué de la Ligue osera éventuellement empêcher le président lyonnais de pousser la porte du vestiaire de l'OL… Qu'il vienne nous chercher, on prendra des photos.
Une amende le ferait rire
La commission d'éthique pourrait également infliger une amende à Aulas. Elle serait sans effet. Elle le ferait même bien rire, puisque c'est l'OL qui la paierait et qu'un million d'euros pour ce club équivaut grosso modo à un euro pour le supporter moyen. De nos jours, il n'y a qu'une seule sanction qui touche un club ou un dirigeant et c'est le retrait de points. Mais ni Thiriez ni Rocheteau n'envisagent de parvenir à pareille extrémité : à l'impossible, nul n'est tenu, surtout pas les insignifiants.
Le patron du foot pro français
La vérité est qu'Aulas, aujourd'hui, comme Tapie ou Bez hier, est devenu intouchable. Thiriez ne peut rien faire car il a besoin de lui pour demeurer à la tête de la Ligue. L'un de ses prédécesseurs, Noël Le Graët, pourrait éventuellement lui rappeler quelle est l'influence du président de l'OL à l'heure des élections. Quant aux arbitres, il ne faut sans doute pas trop leur en demander. Quel serait l'avenir de celui qui « oserait », quitte à se montrer honnête, à déplaire au tout puissant président de l'OL ? Croyez-vous qu'il continuerait à arbitrer très longtemps ? Il serait éreinté par Aulas et tous les médias qui sont à sa botte ou enclins à se montrer très complaisants avec lui.
Les télés sont forcément complices
Comment une chaîne de télé peut-elle ainsi négocier des droits extravagants avec un président et prétendre ensuite conserver un minimum d'objectivité à son égard ? C'est mission quasi impossible. Il n'est qu'à constater combien on nous ressert à tout bout de champs et d'écrans le pénalty non sifflé contre Nilmar à Eindhoven, en Ligue des Champions, pour comprendre combien aux yeux des télés il est interdit de se tromper, quand cela va à l'encontre des intérêts de l'OL qui, souvent, sont aussi les leurs. En revanche, il n'est pas déraisonnable, il serait même plutôt conseillé, de lui donner de temps à autre un petit coup de pouce.
Ceux qui souhaitent un recours à la vidéo pour « aider » les arbitres devraient d'ailleurs se poser quelques questions à commencer par celle-ci : qui produira les images ? Si c'est Canal +, Paris doit déjà être d'accord. La puce qui, fixée dans le ballon, permettrait de savoir si ce dernier a franchi la ligne de but ou non, paraît constituer une bonne invention, mais attention de ne pas tomber dans des excès qui donneraient encore plus de puissance aux télés. Et aux clubs auxquels elles servent la soupe.
B.V., le 23 septembre 2005
Lire l'appréciation du foot-business Aulassien par les Bad Gones (supporters lyonnais) >>>
|