La perfidie de
Jean-Luc Gripond.
Joint au téléphone mardi, le Président
Jean-Luc Gripond avait déclaré : « Il
est hors de question de polémiquer par presse interposée.
On va se donner du temps pour comprendre pourquoi il a dit
cela et pourquoi il le dit maintenant ». Bien qu’il
avoue ne pas vouloir exhiber les dissensions, il lâche
malgré tout en pâture ce « pourquoi il
le dit maintenant » qui, entre les lignes, laisse
à penser que Mickaël Landreau a choisi son moment
car il multiplie les bourdes sur le terrain et connaît
actuellement des difficultés pour obtenir gain de
cause dans sa prolongation de contrat. Ainsi, cette «
sortie » tonitruante, sous couvert de sauvegarde du
club, ne viserait qu’à faire pression pour
être enfin dégagé d’une clause
libératoire embarrassante.
Mickaël Landreau soutenu par ses partenaires.
Cela a tout l’air d’une goutte d’eau qui
a fait déborder le vase hier soir. Mais ça
n'est rien en rapport à la réaction de Frédéric
Da Rocha d'abord puis de Nicolas Savinaud, lorsque Loïc
Amisse annonce au groupe la mise à pied de Mickaël
Landreau jusqu'au 3 janvier. Une perfidie qui a pour conséquence
de rallier l’ensemble de l’effectif à
la cause de son capitaine. Mickaël Landreau déclare
d’ailleurs qu’il fut surpris de cette manifestation
de solidarité soudaine, alors qu’il n’avait
pas consulté l’ensemble des joueurs. Cette
solidarité, dans un sport qui n’est collectif
que pour profiter aux carrières individuelles, est
sans précédent au FC Nantes et rarissime ailleurs.
Patrick Dessault, spécialiste des Canaris pour France
Football, fut tout aussi étonné de ses déclarations
en forme de flot aussi ininterrompu qu’incontrôlé,
puisqu’il indiquait que de mémoire, il n’avait
pas connu cela depuis Eric Cantona et son fumeux «
sac à merde » à l’encontre de
Henri Michel alors sélectionneur des Bleus.
Beaucoup pour le club, un peu pour lui-même.
On ne peut en tous les cas pas regretter que Mickaël
Landreau monte ainsi créneau alors que, comme c’est
trop souvent la coutume sur les bords de l’Erdre,
on se dirigeait vers une reprise en douceur malgré
un bilan sportif abominable. Même s’il déclare
se retrouver personnellement dans une impasse au sein du
club, il n’est pas sérieux de penser que le
capitaine du FC Nantes parle aujourd’hui pour ne défendre
que sa cause personnelle. Ainsi on peut estimer que les
présidents de club intéressés par le
recrutement du gardien international vont y réfléchir
à deux fois avant d’engager un garçon
susceptible de rallier à sa cause une équipe
entière contre le pouvoir en place… On tordra
aussi le cou à l’idée avancée
par certains oublieux qui pensent que le gardien essaye
de sauver la face en déportant le débat en
dehors d’une pelouse où il connaît les
premiers couacs répétés de sa carrière.
En la matière, il ne faudrait en effet pas confondre
les causes et les conséquences…
Gripond et Amisse dans le même sac.
S’il est vrai que le capitaine des Canaris a longtemps
affirmé qu’il trouvait préférable
de laver le linge sale en famille, il avait pourtant déjà
largement égratigné son Président à
l’entâme de la précédente saison
en déclarant à France Football, déjà,
que le FC Nantes n’était pas verni avec un
président, gestionnaire salarié, inculte en
matière de football. Depuis, il avait choisi de se
taire, mais on avait récemment senti que ça
le démangeait à nouveau, notamment lorsqu’il
tentait en partie d’expliquer la défaite face
à Nice par le climat déplorable qui régnait
depuis longtemps à La Jonelière. En agissant
ainsi aujourd’hui, il est évident qu’il
veut la tête de « l’intelligent »
Jean-Luc Gripond et que Loïc Amisse devrait «
sauter » aussi pour ne pas s’être opposé
à la déplorable gestion présidentielle,
notamment à l’intersaison. En effet, jamais
le coach nantais n’a ouvertement déploré
l’incroyable saignée dont le club a été
victime. On peut même penser qu’il y a largement
contribué par sa gestion des dossiers de Nicolas
Gillet, Marama Vahirua et Stéphane Ziani.
Ah ça ira, ça ira... et Landreau
s’en ira.
Il y a malgré tout dans ses déclarations quelques
points un peu gênants ou pour le moins ambigus. Pour
rappel, il est curieux qu’à l’occasion
de sa prolongation de contrat, Mickaël Landreau demande
une promesse d’intégration dans le staff du
club alors qu’il propose de diviser par trois sa clause
libératoire en contrepartie de la diminution de ses
émoluments. On le sait extrêmement attaché
au club, notamment de par la filiation dont il se sent investi,
envers les pères fondateurs (Arribas, Suaudeau, Denoueix),
mais affirmer vouloir s’exiler rapidement pour réussir
ailleurs et accéder à son ultime ambition
d’être le numéro Un en équipe
de France, c’est aussi prendre le risque d’oublier
un peu son club formateur. Quand on goûte aux grands
clubs et aux grandes ambiances, a-t-on le goût de
revenir dans un club incapable de grandir ?
Crever l’abcès
On est aussi assez perplexe lorsqu’il appelle naïvement
le Père Noël Dassault à la rescousse,
ou lorsqu’il se permet de « tailler »
les incompétents approchés par Jean-Luc Gripond.
D’ailleurs Mickaël Landreau tire un peu tout
azimut tant les dysfonctionnements sont criants à
tous les niveaux et sont de la responsabilité du
Président et du coach. Ainsi les dissensions entre
les staffs de la formation et de l’effectif pro sont
enfin révélés au grand jour, la politique
de primes et de salaires « au mérite »
est déclarée injuste ou clientéliste.
On jugera volontiers avec lui qu’elle ajoute à
la pression et que dans ces conditions l’effectif
a eu jusque là bien du mérite à rester
souder. Enfin la lassitude envers des entraînements
lénifiants ainsi que l’agacement devant d’incessantes
modifications tactiques sans perspectives à long
terme, finissent d’associer Loïc Amisse à
Jean-Luc Gripond dans cette peinture du gâchis nantais.
Jean-Luc Gripond avait déclaré lors d’une
récente interview qu’il souhaitait que son
équipe se libère. Voilà qui est fait
au delà de ses espérances, puisque celle-ci
lui demande même de libérer la place. Le Président
« diviseur » doit aujourd’hui se mordre
les doigts de n’avoir pas totalement évincé
Budzynski et de ne pas avoir facilité le départ
de Landreau plus tôt… S'il ne fait plus aucun
doute que Loïc Amisse va devoir se retirer, le Président
a déclaré qu'il n'avait aucunement l'intention
de démissionner, à moins que l'actionnaire
ne le lui signifie.
On savait depuis Angel Marcos que les joueurs avaient sur
le terrain la faculté d’évincer un coach,
on a découvert à Marseille, que les supporters
pouvaient provoquer le départ du Président.
A Nantes les supporters s’ébattent en désordre
et n’ont pas ce poids. Va-t-on alors assister à
la fuite de Jean-Luc Gripond devant un Capitaine quasi intouchable
et soutenu par ses coéquipiers ?
Amisse n’a ouvertement plus l’adhésion
du groupe.
Indépendamment des considérations contractuelles
et du désintérêt de l’actionnaire
majoritaire, on peut en douter. Jean-Luc Gripond est pourtant
dans une impasse. Il doit au moins limoger son entraîneur,
qui n’a ouvertement plus l’adhésion de
son groupe. Il ne s’y est pas résolu jusque
là puisque la logique voudrait que les deux hommes
cèdent la place de concert et que Robert Budzynski
et Serge Le Dizet assurent l’intérim. Mais
Jean-Luc Gripond est-il prêt à perdre la face
à ce point ? Sans l’intervention divine de
Serge Dassault, il ne semble pourtant plus y avoir d’autres
issues.
Faut que ça bouge !
Lorsque Mickaël Landreau déclare : « Je
le sais, je le sens, on peut redresser la situation sauf
si rien ne bouge ou n’évolue », nous
sommes de tout cœur avec lui, car cela nous semble
la seule manière de sauver le club du marasme et
de la relégation qui serait de la seule responsabilité
de Jean-Luc Gripond !
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