Lolo, short et tee-shirt
de rigueur, a le sourire. La grosse voix de David Marraud
tonne joyeusement, il vient de bénéficier
d’une belle promotion en devenant l’adjoint
de l’entraîneur en chef. Gilles Albert, juché
sur un vélo, s’apprête à suivre
le groupe des joueurs qu’il est chargé de mettre
en condition physique optimale. « Mon
plan d’action immédiat est de restaurer la
rigueur et surtout de retrouver notre enthousiasme et nos
valeurs » lance Amisse. C’est
exactement ce qu’on lui demande et quand il poursuit
« le football nantais cherche toujours
à aller de l’avant, on est là pour marquer
des buts, il faut d’abord jouer par rapport à
nous avant de songer à s’adapter à l’adversaire
», on se dit que, décidément, le FC
Nantes est de nouveau entre de bonnes mains. D’accord,
Amisse n’est visiblement pas une bête de communication,
il s’emmêle un peu dans ses phrases, mais après
tout on ne lui demande pas de bien parler devant les micros
: qu’il défende les grands principes du jeu
nantais qu’il a si bien incarnés autrefois
sur le terrain et qu’il les transmette aux joueurs,
c’est cela l’important. Il a été
choisi de préférence à Serge Le Dizet
et nul ne s’en offusque : n’est-il pas le plus
ancien ? Son arrivée a été synonyme
de disgrâce assez imméritée pour Georges
Eo mais on ne lui en tient pas rigueur : après tout,
s’il a choisi Marraud, il doit avoir ses raisons.
Août 2003
Le discours de Loïc Amisse continue à plaire.
« On finira dans les cinq ou six premiers,
pronostique-t-il. Je prends le temps de parler aux joueurs,
je leur donne les orientations que j’attends. On va
jouer le 4-4-2, c’est le système qui me paraît
le plus rationnel ». « L’ambiance
est redevenue sereine, » constate Jérémy
Toulalan. « Les données sont différentes
car on a un nouvel entraîneur, dit Mickaël
Landreau. Mais ce n’est pas au bout de quinze
jours que l’on peut porter un jugement. Attendons
le mois d’octobre. Sinon, on va chercher à
faire mieux que l’an passé, à retrouver
une identité. On est capable de tout ».
Le coach nantais avait souhaité deux ou trois recrues.
Mais Moldovan n’a pas pu être rattrapé,
il avait déjà signé pour un club des
Emirats Arabes, il n’a pas voulu revenir sur sa parole.
Djemba, lui, a été vendu à Manchester
United. Et les joueurs mis à l’essai, comme
Faye et Serizuela, n’ont pas convaincu. Personne n’a
donc été acheté. En revanche, Toulalan
s’affirme, Pujol confirme, Guillon se révèle
et Fae se tient prêt. Les premiers résultats
sont encourageants, même si l’aventure en Coupe
Intertoto a tourné court. Nantes pointe à
la 3è place au soir de la 5è journée.
Novembre 2003
Octobre est passé et Nantes est devenu moins chatoyant.
Surtout, il marque peu de buts. On a l’impression
que la période de grâce dont a bénéficié
Loïc Amisse est en train de s’achever. Au début,
les joueurs étaient enthousiastes, ils étaient
portés par le désir de prouver qu’ils
avaient eu raison de contester les méthodes empiriques
de l’incompétent Marcos. Mais ils ne découvrent
pas tout à fait dans leur nouvel entraîneur
le guide qu’ils cherchaient. Le coach d’ailleurs
tâtonne. Il a renoncé à son 4-4-2 pour
adopter un 3-4-1-2 qui paraît hybride. « C’est
pour mieux répondre aux qualités de Yepes
et d’Armand, » dit-il. Ce dernier,
il est vrai, ne dissimule pas qu’il préfère
une défense à trois ou à cinq, c’est
comme on veut, qui lui procure plus de libertés offensives.
Le système arrange également les affaires
de Ziani qui préfère tirer les ficelles derrière
deux attaquants (Pujol et Vahirua le plus souvent) qu’opérer
sur un côté. Mais l’ancien Lensois, Bastiais,
Bordelais, etc…ne possède plus tout à
fait les moyens de ses ambitions. Il court plus qu’il
organise, il s’essouffle. Et Nantes marque le pas.
Il perd à Strasbourg durant les arrêts de jeu,
il s’incline à domicile face à Lyon
et Paris, il prend une déculottée à
Montpellier. Les bonnes intentions demeurent dans les discours,
elles peinent trouver leur concrétisation sur le
terrain. Après 13 matches, le FCNA est 10è.
Février 2004
Les derniers matches de l’année 2003 ont confirmé
les craintes : Nantes ne joue pas bien. En tout cas, il
n’impose pas son football. Il tourne en rond, il ne
marque pas et il se fait surprendre en contre. Après
un nul décevant contre Toulouse, Berson s’est
même laissé aller à déclarer
: « ce qu’il faut, c’est assurer le
maintien ». Gripond qui ne connaît toujours
rien au football l’a repris de volée : «
Quand j’entends un joueur parler ainsi, je le
condamne car il manque d’ambition. Moi, je vise l’Europe
». Heureusement pour lui, Gripond n’a jamais
eu Guy Roux comme entraîneur ! Nantes a terminé
les matches aller à la 9è place. Pourtant,
il tient son sauveur. Il s’appelle Viorel Moldovan.
Le Roumain est de retour, il a soif de revanche et tout
de suite il fait preuve d’une efficacité diabolique.
Il marque un but par match et fait oublier les carences
offensives de l’équipe. Dans le même
temps, Gilles Yapi réussit des premiers matches très
prometteurs. Il remplace avantageusement Ziani. Nantes redresse
ainsi la barre en championnat et surtout il poursuit son
aventure en Coupe de la Ligue. Le mercredi 4 février,
Auxerre est éliminé en demi-finale. C’est
laborieux : 0-0 et 5 tirs au but à 4. Mais la Beaujoire
est en fête et salue son héros : Landreau qui
avait déjà joué les sauveurs en quart
de finale au Mans et qui, cette fois, s’offre le luxe
de transformer le pénalty décisif aux dépens
de Cool.
17 avril 2004
La finale de la Coupe de la Ligue, la voilà. Et elle
est perdue. De peu, mais perdue tout de même. Landreau,
cette fois, a raté son pari : il n’a pas surpris
Richert. Amisse a l’élégance de ne pas
le critiquer. Il est vrai que Mickaël a tant fait pour
amener son équipe au stade de France qu’il
paraît très abusif de le condamner au bûcher
comme le fait une grosse partie de la presse, notamment
celle qui représente la Socpresse. Et donc Gripond.
En fait, le match a été décevant et
la vérité est que Nantes joue de moins en
moins bien. Il songe davantage à l’efficacité
défensive qu’à l’esthétisme
et au plaisir de jouer et il en paie les conséquences.
Mario Yepes sauve beaucoup de situations chaudes. Moldovan,
par contre, commence à se fatiguer. Il ne marque
plus et les insuffisances offensives deviennent de plus
en plus évidentes. Nantes ne joue pas franchement
mal, il ne faut pas exagérer et il y a pire dans
le championnat, il manque tout simplement d’idées
directrices. Amisse ne sait pas forcément imposer
un vrai style. Il reste qu’on n’éprouve
pas l’envie de le condamner : c’est sa première
saison, il a en partie effacé les méfaits
de l’ère Marcos, les résultats sont
plutôt satisfaisants. Que demander de plus pour l’instant
? Sinon davantage de jeu et d’imagination.
23 mai 2004
Nantes termine la saison en beauté : il bat Sochaux
3-1. C’est une revanche platonique mais elle fait
du bien. Le système de jeu ? Un 3-4-1-2 qui n’est
certes pas la panacée mais permet tout de même
de constater, par séquences, que les fondamentaux
du jeu nantais ne sont pas oubliés. Le FCNA finit
6è du championnat. Amisse a atteint son objectif.
Il l’aurait dépassé si la Coupe de la
Ligue avait été gagnée. Ou si Paris
n’avait pas, sur la pelouse de la Beaujoire, arraché,
aux pénaltys, sa qualification pour la finale de
la Coupe de France ! L’autre finaliste est Châteauroux.
Dommage…Une ombre pourtant au tableau. Sur le banc
où il termine le match contre Sochaux, Nicolas Gillet
pleure, submergé par l’émotion. Le public
l’a plébiscité, il souhaiterait rester.
Amisse devrait lui tendre la main. Il ne le fait pas. Pire
: il a annoncé qu’il ne souhaite pas que le
contrat de Gillet soit renouvelé. Pas plus d’une
saison en tout cas. « Au-delà,
je ne compterai pas sur lui ». Gillet
n’a pourtant que 28 ans. L’erreur psychologique
est évidente, elle se double sans doute d’une
faute technique : Gillet mérite davantage de considération
surtout quand on sait que Yepes, Armand et Ateba vont partir.
Noël Couedel qui essaie de réparer les erreurs
de Gripond tente d’intervenir. Mais Amisse reste ferme.
Il ne compte plus sur Gillet. Ou plus beaucoup. A la limite,
il peut rester, mais sans garantie. Gillet a déjà
beaucoup astiqué le banc de touche, il n’a
pas envie de recommencer. Il part à Lens qui lui
faisait les yeux doux depuis plus d’un mois. Amisse
prive ainsi son groupe d’un joueur qui était
apprécié pour ses qualités de footballeur,
sa moralité, son état d’esprit. Les
autres leaders, Landreau, Savinaud et Da Rocha apprécient
modérément.
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