Tandis que l’effectif pro a plutôt bien débuté
son championnat, malgré un gros couac face à
Ajaccio, Serge Le Dizet ne peut s’empêcher de
montrer son agacement face à l’incroyable vide
qui règne au club en matière de recrutement.
Robert Budzynski ne fait plus rien ou presque et ça
n’est pas nouveau. L’attentisme et l’opacité
ont des limites. Sa dernière mission semble de devoir
convaincre le défenseur Jean-Jacques Pierre de venir
compenser la fragilité de Mauro Cetto. Le nouveau
président Rudi Roussillon découvre le métier
et accumule les échecs non sans avoir rappelé
Jean-Luc Gripond à la rescousse dans le dossier Bamogo.
Quelle fine équipe n’est-ce pas ? Serge Le
Dizet réclame un attaquant et un défenseur
central. Le budget recrutement est toujours intact. Pourtant,
il ne sera pas dépensé entièrement
au 31 août. On le croit même, à tort,
augmenté lorsqu’on gaspille de l’énergie
à vouloir recruter un attaquant brésilien
hors de prix. Dans sa communication, Rudi Roussillon laisse
entendre que Serge Dassault a mis la main au portefeuille
pour dépenser ce qui à son échelle
représente quelques petites pièces jaunes.
En réalité, il n’en est rien. Le club
s’autofinance tant bien que mal et provisionne à
vue. Pendant ce temps, de bons joueurs sont prêtés
à des concurrents et le coach nantais essaye de ne
pas se disperser pour ne pas péter un plomb. Il juge
plus sage de conserver toute son attention à un groupe
dont la valeur se situe toujours entre la 8ème et
la 15ème place… de quoi faire rêver les
derniers réticents abonnés potentiels.
Evidemment, on aimerait se dire que le FC Nantes n’a
pas besoin de chercher ailleurs les joyaux qu’il est
censé former. Mais tel n’est pas le cas. Les
joyaux nantais sont de plus en plus rares et sont convoités
de plus en plus tôt par des clubs qui ne finissent
pas dix-septième et qui affichent une ambition autrement
plus aguichante. Alors on nous opposera des cycles de performances
et de maturité pour expliquer le long creux actuel.
Mais la relégation évitée de justesse
était toute proche de révolutionner ces cycles
qui ne vivent plus que dans la tête de personnalités
qui n’ont pas compris que le football ne répondait
pas forcément à une fumeuse logique structurelle.
Surtout quand le mal nantais d’aujourd’hui est
ce qui faisait autrefois sa force : la supériorité
de sa formation. A vrai dire, en l’état actuel,
aucun élément ne dispense de penser que le
FC Nantes court toujours à sa perte.
Mais il ne faut surtout pas l’exprimer trop fort…
sous peine d’être rappelé à l’ordre
: FCNantes.com ne peut plus travailler décemment
depuis une article paru au sujet du transfert de Jérémy
Toulalan (**). Breizh Foot Pro est appauvri pour avoir eu
l’outrecuidance de relayer les propos acerbes de Guy
Hillion. Christophe Delacroix en a certes rendu une interview
plus édulcorée pour Ouest-France. Mais lorsque
le très bon Pierre-Yves Ansquer, pour France Football,
n’est pas tendre avec Robert Budzynsky, il n’est
sans doute pas rappelé à l’ordre…
il ne manquerait plus que ça. Un « petit mensuel
» et « un petit site indépendant »
n’ont pas le droit aux mêmes égards.
La liberté d’informer répond à
des règles que nous apprenons à nos dépends.
Pour en revenir à l’interview de Guy Hillion,
il indique entre autre que le problème de la détection
des jeunes et les imbroglios d’attribution de budget
sont à l’origine de certains maux du club.
Nous avions nous aussi indiqué que le gros chantier
futur du FC Nantes se situait effectivement à ce
niveau. Le club doit se pencher très sérieusement
sur ses questions de détection et y mettre les moyens
adéquats pour ne plus se contenter d’un constat
d’inertie quand il est évident que la seule
évocation du nom de La Jonelière ne suffit
plus à faire plier les meilleurs jeunes de l’hexagone.
Guy Hillion ne dit pas que cela. Il évoque aussi
des guerre de petites chapelles, des intérêts
personnels qui priment au dépend de ceux du club.
Le FC Nantes vit sur ses acquis, se révolutionne
(le mot est fort, le résultat est insipide) sans
idées directrices et subit toujours les conséquences
de petites luttes de pouvoir. Mickaël Landreau avait
fait cet hiver sa partie du boulot. Mais la révolution
est loin d’être celle attendue. Comment admettre
et excuser aujourd’hui que le FC Nantes n’ait
pas su convaincre Guy Hillion et Raynald Denoueix de venir
apporter leur expérience et leur connaissance au
service de leur amour du club ?
Guy Hillion pari que cela se fera un jour. Pour l’heure
nous vous proposons de prendre connaissance de son interview
parue dans le numéro du mois d’août du
mensuel Breizh Foot Pro.
(*) Le budget publicitaire octroyé par le FC
Nantes au mensuel Breizh Foot Pro avait déjà
été suspendu jusqu’à nouvel ordre
suite à leur reprise d’un pamphlet paru sur
FCNantes.com à propos de Jean-Luc Gripond.
(**) Alors que FCNantes.com avait reçu l'autorisation
d'accéder aux zones de presse depuis deux mois, le
28 juin, date de l'Assemblée Générale
du club, nous nous sommes vu refuser l'accès aux
points presse à l'initiative de M. Jean-Paul Vanneraud
(journaliste à Presse Océan) en qualité
de Syndic de Presse, suite à l'article
"Oui, il faut garder Toulalan !"
paru sur notre site. Cette interdiction est étendue
par le club, à l'enceinte du centre sportif de La
Jonelière. Le club a par ailleurs déclaré
ne pas souhaiter que le site FCNantes.com ne prenne trop
d'ampleur...
Frédéric Porcher, le 19 août 2005.
Guy Hillion, l´ex-recruteur nantais, officie désormais
pour... Rennes !
Nom : Hillion. Prénom : Guy. Age : 55 ans.
Profession : dénicheur de jeunes talents sur la région
Aquitaine pour le Stade Rennais (depuis le 1er juillet)
après avoir fait les beaux jours du FC Nantes et
des Girondins de Bordeaux. Entretien avec un recruteur hors
pair qui s´est engagé contractuellement pour
une année.
Breizh Foot Pro : Guy, si on vous avait dit, il
y a 5 ans, que vous deviendriez recruteur de jeunes pour
Rennes, qu´auriez-vous pensé ?
Guy Hillon : Je me serais posé des
questions. Je me serais sans doute dit qu´il ne faut
pas se prononcer trop vite et que tout peut changer. Mais
c´était certainement très loin de ma
pensée.
Avec le recul, quand on connaît la rivalité
entre les Canaris et les Rouge et Noir, avez-vous l´impression
d´être passé chez l´ennemi ?
Non, pas du tout ! Lorsque j´ai quitté Nantes,
on me disait déjà que j´allais chez
l´ennemi, et là, de Bordeaux à Rennes,
c´est un peu pareil. Je n´ai pas du tout cette
impression dans la mesure où, en plus, j´ai
proposé mes services à Nantes. Je n´ai
jamais eu de réponse. Je pense que mon retour sur
Nantes était sans doute prématuré avec
certaines personnes en place.
Pourquoi cela a-t-il bloqué ?
Aucune idée. Je vous dis, je n´ai pas eu de
réponse. C´est plus un problème de personnes,
de rivalité... Peut-être aussi que certains
avaient peur de mon retour, je ne sais pas. Certains sont
à des places où ils se trouvent bien et ma
présence aurait peut-être pu les perturber,
les gêner. Pourtant, j´avais proposé
exactement les mêmes services (collaborateur) qu´à
Rennes, c´est-à-dire rester sur Bordeaux car,
pour des raisons familiales, je ne peux pas déménager.
Il y a quelque temps, il se murmurait que vous
succéderiez à Robert Budzynski en tant que
directeur sportif...
C´est un poste qui m´aurait plu - mon expérience
peut me le permettre - et que j´aurais bien accepté.
Voire même adjoint de directeur sportif. Maintenant,
je le répète, mes raisons familiales ne me
permettent pas de bouger.
A un moment, il se disait aussi que, si vous étiez
resté fidèle au FCNA, vous auriez fait de
l´ombre à "Bud". Mais maintenant
qu´il est parti...
Certes, il est parti mais ma proposition datait d´avant
son départ. Sa présence a-t-elle empêché
mon retour ? Je ne le crois pas. D´autres personnes
voyaient sans doute mal mon retour. Véhiculant une
image qui n´est pas trop mauvaise, ça pouvait
certainement gêner leur promotion.
Suite à votre départ de la Jonelière,
vous avez été remplacé par trois personnes
(Jacky Soulard, Bernard Blanchet et Vincent Bracigliano).
Croyez-vous qu´ils sont trois fois meilleurs que vous
?
(rires) Faudra leur demander ce qu´ils en pensent
(sourire) !
Evoquons Rennes. Qu´est-ce qui vous a séduit
dans le discours breton ?
Je connais tout le staff, notamment Rampillon. Ca fait 14
ans qu´on se bagarre sur les meilleurs joueurs. Je
connais le sérieux du Stade rennais et de la cellule
recrutement. Et puis, je suis quand même aussi Breton
dans l´âme ! Je suis originaire de Saint-Brieuc.
Rennes et Nantes étaient donc les deux clubs qui
pouvaient répondre à ma demande. Je me voyais
mal aller travailler pour Monaco, Lens ou Strasbourg car
ce ne sont pas mes régions de prédilection.
Ca n´a pas du tout été une question
d´argent car la proposition bordelaise était
nettement plus avantageuse. Ca s´est fait au feeling
et faute de réponse nantaise.
Pensez-vous qu´aujourd´hui, votre nouveau
club est plus performant que le FCNA dans le recrutement
dit juvénile ?
(il coupe) Ah oui ! Mieux organisé, Rennes est également
plus présent, couvre mieux les secteurs. Plus présent
aussi sur les très bons joueurs. Lorsqu´il
y a un très bon élément, Rennes est
dessus. A Bordeaux, je me suis souvent trouvé en
bagarre avec Rennes. Ils ont une façon de travailler
qui a fait ses preuves depuis de longues années.
Il suffit de voir les joueurs de valeur au niveau de l´équipe
fanion et des jeunes.
Il n´y a pas si longtemps, Nantes attirait
ces (bons) jeunes. Pourquoi, désormais, vont-ils
en Ille-et-Vilaine plutôt qu´en Loire-Atlantique
?
Vous savez, un jeune, quatre fois sur cinq, ne choisit pas
d´aller à Rennes ou à Nantes. C´est
le club qui le fait venir. C´est différent.
C´est là où la partie décision,
commercial (générosité aussi, il ne
faut pas le cacher), relationnel, efficacité, organisation
doit exister.
En termes financiers, Nantes devrait-il faire un
effort de ce côté, en proposant un peu plus
de sous...
Ce n´est pas proposer plus d´argent, c´est
en proposer quand il le faut. C´est différent.
Car je persiste à dire que le budget du FCN est plus
élevé que celui de Rennes au niveau centre
de formation. Y´a pas photo, je pense. Sauf que, sur
un très bon jeune, il paraît que Nantes ne
veut pas mettre d´argent. Alors, je ne sais pas où
va l´argent du Centre. Est-il bien dispatché,
le budget idoine est-il assez élevé, est-il
bien défini ? C´est cela qu´il faut se
dire ! Sur un très bon jeune (15 ans), on doit être
présent. Il faut y aller. Car s´il est très
bon, il a quand même beaucoup plus de chances de finir
très bon professionnel plutôt qu´un autre
très moyen, non ?
Derrière le groupe de Serge Le Dizet, on
a l´impression, au niveau jeunes s´entend, que
c´est le désert.
Je ne me prononcerai pas. Je ne me permettrai pas de juger
les gens en place. Ils fonctionnent le mieux possible, dans
une organisation établie. Maintenant, quels sont
leurs possibilités, leurs moyens, leurs pouvoirs
? Je n´en sais rien.
...Mais vous en avez entendu parler ?
Ben, on entend parler d´un tas de choses. Maintenant,
non. L´avenir nous le dira. Je ne peux pas me prononcer.
Le retour à Nantes de N´Doram comme
recruteur en chef, c´est une bonne chose ?
De toute façon, il fallait prendre un virage, un
tournant. Sur l´homme, c´est obligatoirement
une bonne chose car Japhet a créé toute une
image au FC Nantes. Son retour est bien perçu. Maintenant,
on saura si c´est une bonne chose - comme ma présence
à Rennes, à Bordeaux ou à Nantes -
au fil des ans et des résultats. Il faut dire que
sa réussite (celle de N´Doram) ne passe pas
que par lui-même. Un seul homme ne peut pas y arriver
dans une cellule recrutement pro. Ce n´est pas possible.
Ou il est responsable du recrutement pro et on lui met des
adjoints, ou il est non-responsable mais alors on détermine
bien les rôles pour savoir qui commande quoi...
Croyez-vous qu´un jour vous pourriez revenir
à Nantes ?
Ca ne dépendra pas de moi (rire). Moi, je suis toujours
ouvert. Mon club, c´est Nantes. J´y ai passé
d´excellentes années, seize au total. Je pense
y avoir laissé un bon souvenir.
Et Raynald Denoueix, votre ami, pensez-vous qu´il
puisse un jour remettre les pieds à la Jonelière
?
Ah, tout à fait ! Je pensais même qu´il
serait revenu cette année mais je crois que cela
a été mal négocié, mal déterminé,
mal exprimé. Il était très attiré
par le poste (manager général sportif, c´est-à-dire
responsable de terrain de toutes les équipes avec
un oeil sur le recrutement, soit le même poste qui
devait échoir à Jean-Claude Suaudeau il y
a quelques années, ndlr). Il est toujours très
attiré par le club. Maintenant, ça a capoté
parce que ce n´était pas assez clair.
Alors, quand vous revoit-on tous les deux sur les
bords de l´Erdre ?
Eh bien, quand la direction du FC Nantes voudra bien faire
en sorte que notre retour soit effectif dans un organigramme
de fonctionnement clair et précis. A partir de là,
ça ne devrait pas être difficile.
Breizh Foot Pro (août 2005)
Consultez
notre précédente interview de Guy Hillion
>>>
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