Avant de revenir sur les déclarations des principaux acteurs du drame Olympien, il est bon de revenir quelques semaines en arrière :
Abramovich propose 23 millions, Aulas dit non.
Alors que Mickaël Essien est en vacance et que l'avenir des trois milieux lyonnais est en question, le Président Aulas va crescendo dans ses affirmations. Il déclare d'abord qu'il souhaite les garder tous les trois, puis qu'il a bon espoir d'y parvenir, avant d'affirmer enfin que c'était décidé, ils resteraient à Lyon. Dans le même temps, durant le mois de juin, Chelsea semble faire plusieurs offres à Jean-Michel Aulas. Abramovich aurait même proposé 23 millions. Gérard Houiller, relativement discret jusque là et qui, aux ordres, le redeviendra par la suite, précise qu'à moins de 50 millions, il n'est pas question d'un départ d'Essien. Jean-Michel Aulas repousse donc les offres des Blues tout en faisant le forcing pour obtenir les signatures de Toulalan et Chamakh.
Un dossier au point mort…
On en est là fin juin. Et puis plus rien par la suite. Chelsea ne renchérit pas et s'occupe plutôt d'enlever Steven Gerrard à Liverpool. On n'en entend même plus parler. L'agent d'Essien s'en plaint presque lorsqu'il déclare le 5 juillet : « Pour l'instant, il n'y a rien de nouveau. Nous n'avons aucune nouvelle de Chelsea. Il y a des informations en Angleterre selon lesquelles Manchester United se montrerait à nouveau intéressé. Je ne sais pas si c'est vrai. Le président de Lyon veut garder le joueur pour une année de plus. Ce n'est pas un problème parce que c'est un jeune joueur et Lyon est un bon club. Si c'est possible de partir pour un grand club en Angleterre, alors c'est mieux, mais le problème est que c'est ni Michael ni moi qui décidons. » ? On notera tout de même le distinguo entre bon et grand club.
…qu'Aulas relance
Donc il n'y a plus rien du coté de Chelsea depuis plus d'une semaine. Pourtant le lundi 11 juillet, on apprend que Jean-Michel Aulas demande officiellement à Chelsea de renoncer à relancer sans cesse Mickaël Essien : « J'ai demandé à Chelsea d'arrêter de relancer sans arrêt Michael. Cela tourmente le joueur et surtout, c'est complètement inutile dans le sens où nous ne le vendrons pas. Ce n'est pas une question de prix, mais de principe. Nous ne le vendrons pas de toute façon. Et il n'y aura pas d'autres départs. Ça, c'est sûr ! ». Evidemment, cela fait sourire (jaune) quand on sait comment le Président de l'OL procède pour s'attacher les services de Toulalan, mais surtout on se demande pourquoi il trouve un intérêt à relancer un débat qui semble en sommeil depuis une dizaine de jours. C'est d'autant plus troublant, que Chelsea souhaitait essentiellement enrôler Steven Gerrard, lequel a finalement décidé de rempiler avec Liverpool.
Essien , jugé perturbé par son Président, déclare vouloir partir.
Evidemment, nous ne sommes pas dans le secret des dieux de l'Olympe et après tout la presse ne sait ou ne dit pas tout. Chelsea a peut-être relancé Essien dès l'annonce de la prolongation de Gerrard chez les Reds. Ou Jean-Michel Aulas a préféré prendre les devants, puisqu'il pouvait supposer que les Blues reviendraient immédiatement à la charge. Il sait aussi certainement que l'interview d'Essien paraîtra le lendemain dans le quotidien L'Equipe. Il en connaît la teneur et, malin, il anticipe en déclarant son joueur « perturbé » par les relances des Anglais, quand bien même celles-ci n'existeraient plus.
Aulas doit convaincre Essien de ne pas partir pour un club qui ne le veut pas…
A tel point que dans l'après-midi, José Mourinho, l'entraîneur portugais des Blues, affirme être satisfait de son effectif et n'avoir plus besoin, par conséquent, de recruter un autre joueur. Evidemment on y croit à moitié, mais la chronologie des évènements laisse à penser que Mourinho répond à Aulas sur le dossier Essien, ce qui ne l'empêchera pas de songer à recruter d'autres joueurs d'autant que des noms autrement plus prestigieux ont déjà circulé (Shevchenko, Ronaldinho). Voilà pourtant une déclaration susceptible de contenter Jean-Michel Aulas et d'isoler Mickaël Essien. On aurait pu en rester là puisqu'il semblait désormais plus facile au Président Lyonnais de convaincre un joueur de ne pas partir pour un club qui ne le veut pas… Mais bizarrement, le Président Lyonnais annonce à l'AFP, qu'un rendez-vous est programmé à Lyon avec Peter Kenyon, le directeur général du club londonien. C'est surtout l'argument de cette rencontre qui laisse pantois. Ainsi une telle personnalité se serait déplacée exprès à Lyon, et pour la première fois, pour se faire signifier que son club doit cesser de solliciter Mickaël Essien. De vrais gentlemen ces Blues ! Travestir la vérité c'est tout un art.
Aulas « à moi la France du Football »
Ainsi Jean-Michel Aulas veut dans un premier temps nous faire croire qu'il a daigné rencontré son homologue anglais : « J'ai accepté de le rencontrer », pour finalement affirmer une position que tout le monde connaissait déjà, mais qui ne trompe pas les vils incrédules que nous sommes. Comme si cela ne suffisait pas, il supllie même la France du football de le soutenir dans son combat : « Nous ne sommes pas prêts à le laisser partir. On ne peut pas le garder contre son gré, mais nous pouvons le convaincre de rester à Lyon. Ses coéquipiers, les supporteurs et la France du football ont envie qu'il reste à l'OL ». Aux dernières nouvelles la France du football n'est pourtant pas aux pieds du cher Président de l'OL. Alors si celle-ci ne voulait pas le suivre dans son « combat du juste », la menace n'est pas loin : « parce que si Lyon n'arrive pas à conserver ses meilleurs joueurs, je crains que d'autres n'aient pas non plus la possibilité de le faire ». Monsieur Roussillon, si vous nous lisez… ce combat du juste est aussi le votre…
Aulas gagne à tous les coups !
Pourtant lors de cet entretien, Jean-Michel Aulas ne peut s'empêcher de préparer le terrain. Après avoir gagné contre son joueur : Essien a déclaré vouloir partir, donc les supporters ne crieront pas au scandale quand il partira (certains pourraient même penser qu'il pourrait s'agir d'un accord tacite entre le joueur et son Président : « je te laisse partir si… »). Il s'apprête à gagner sur toute la ligne : « Chelsea est revenu à la charge avec des arguments extraordinairement importants, si nous dévoilions les sommes, nous serions pris pour des fous ». Autrement dit, Jean-Michel Aulas est parvenu à ses fins. Essien partira car c'est programmé de longue date (recruter à la fois Pedretti et Toulalan n'est pas anodin) et en plus, il partira au prix fort. Ce qui pour une formation et des supporters élevés désormais dans la culture de l'argent roi et du foot-business ne sera pas la moindre des victoires. Il ne restera plus au Président Lyonnais qu'à se muer cette fois dans le rôle de l'acheteur pour revenir à la charge et tenter de recruter Toulalan au prix de l'achat d'Essien à Bastia pour parachever son bel ouvrage. N'avait-il pas prévenu que si Lyon ne pouvait garder ses meilleurs joueurs les autres clubs français pourraient trembler ? Assurément Monsieur Aulas a oublié d'être bête. A tel point que si Mickaël Essien restait une saison de plus, il serait tout aussi gagnant : homme d'honneur et de poigne ! Quelle franche rigolade !
F.P., le 13 juillet 2005
Lire l'appréciation du foot-business Aulassien par les Bad Gones (supporters lyonnais) >>>
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