Blessé à un genou
L’aventure s’est terminée un peu bêtement,
brusquement en tout cas, au détour d’un match
comme Laurent Peyrelade en a disputé beaucoup depuis
dix ans. C’était à Brest le 21 février.
Laurent, cœur vaillant, avait entamé la partie
comme d’habitude, sans souci de s’économiser
et désireux d’apporter sa contribution active
dans un match important pour Le Mans dont l’objectif
est la remontée en Ligue 1. Un choc s’est produit.
« C’était complètement fortuit,
indique-t-il. Je courais dans un sens, un Brestois fonçait
dans l’autre. Nous ne sous sommes pas vus, nos genoux
se sont heurtés, le mien a cédé. »
Peyrelade a quitté le terrain sans savoir qu’il
ne refoulerait jamais plus une pelouse en tant que footballeur
professionnel. « J’avais mal mais le genou n’a
pas gonflé et je ne me suis pas trop inquiété.
Seulement, quelques jours plus tard, j’ai passé
une IRM et le diagnostic a été sans appel
: deux ligaments sont sérieusement touchés,
il faut opérer. J’en ai pour au moins quatre
mois, ma saison est terminée. Or, je suis dans ma
dernière année de contrat. »
« J’ai eu une vie formidable »
Le coup est dur et inattendu. Pourtant, au moment d’écrire
le mot fin sur le livre qui retrace sa carrière,
Laurent ne ressent aucune amertume. Surtout pas. «
J’ai eu une vie formidable, lance-t-il et vraiment,
quand on a connu ça, on ne peut concevoir aucun regret.
C’était tellement chouette. On m’a payé
pour jouer au foot ! Or, moi, j’aime le foot si fort
que j’aurais presque payé pour jouer dans les
clubs dont j’ai porté le maillot. Je me demande
si je n’ai pas exercé le plus beau métier
du monde. Tout ce que j’ai vécu, c’était
inespéré, un véritable rêve que
je pensais encore inaccessible lorsque j’avais 20
ans et que j’évoluais à Brive ».
Arrivée à Nantes à 24 ans
Peyrelade en avait quatre de plus quand, en 1995, il se
décida à tenter l’aventure professionnelle
à Nantes. La suite n’a été que
bonheur pour un attaquant opérant sans fioriture
tant dans le jeu que dans ses discours. Laurent a grandi
footballistiquement parlant, il a joué la Ligue des
Champions avec Nantes («j’avais vraiment du
mal à me rendre compte de ce qui m’arrivait
»), il a disputé le titre 2001 avec Lille mais
il est toujours resté le même : à la
fois simple, franc et chaleureux. Très vite, il a
pris conscience de son bonheur et il s’est appliqué
à le déguster pleinement, chaque jour, chaque
match et même chaque entraînement. « Je
me revois certains matins en me rendant à la Jonelière,
à Grimonprez-Jooris ou à Léon-Bollée
et me sentant envahir par le plaisir rien qu’à
l’idée de retrouver les copains, de taper dans
les ballons, de courir, d’échanger des passes
et des idées. Parfois, j’avais envie de siffler
dans la voiture ».
Suaudeau, le créateur
Laurent Peyrelade dit qu’il a appris dans tous les
clubs où il est passé. Mais Nantes conserve
une place particulière dans ses souvenirs, parce
que ce fut le premier. « J’ai eu l’impression
de découvrir un nouveau monde » dit-il. Il
n’est resté qu’une saison mais il n’a
rien oublié. Surtout pas les hommes, à commencer
par Jean-Claude Suaudeau. « Un créateur. Il
m’a beaucoup appris et quand je pense qu’il
n’entraîne plus, je trouve cela vraiment dommage.
Il a tellement de richesses à transmettre. Je pense
que c’est le meilleur coach que j’ai connu.
D’ailleurs mon seul regret, c’est de ne pas
être demeuré un an de plus à Nantes.
Cela m’aurait permis de progresser encore plus vite.
Quand je suis arrivé, l’équipe était
forte, elle venait d’être championne de France
et la différence de niveau entre elle et ce que j’avais
connu était énorme. Il m’aurait fallu
un peu plus de temps pour combler le fossé. »
Parmi les hommes de cette époque qui l’ont
marqué _« je retiens davantage les hommes que
les matches », souligne-t-il_ Laurent Peyrelade met
en avant Japhet N’Doram et Christophe Pignol, «
parce qu’ils voyaient au-delà du foot et qu’ils
pensaient toujours collectif. »
Il ne dit également que du bien de Serge Le Dizet
: « Un type droit, qui a des idées saines et
qui y croit à fond, tellement qu’il sera prêt
à mourir pour elles plutôt que d’y renoncer.
C’est une bonne chose pour Nantes qu’il soit
devenu entraîneur. »
Après le FCNA, Peyrelade a connu Le Mans, Lille,
Sedan. Il est revenu au Mans en 2002. Il a vécu la
première accession du club sarthois en Ligue 1 et
il espère qu’il va remonter cette saison. «
Ce serait pour moi une merveilleuse fin de carrière
puisque j’ai quand même participé à
une vingtaine de matches avant ma blessure. » Ensuite,
quand son genou sera guéri, il se verrait bien entrer
dans le staff technique manceau, en commençant par
s’occuper d’une équipe de jeunes.
B.V.
- Laurent Peyrelade est é le 7 avril 1970 à
Limoges. Il a joué à Landouge, l’ASPTT
Limoges, Brive, Pau, Brive, Nantes, Le Mans, Lille, Sedan,
Le Mans.
- Avec Nantes, il a participé à 22 matches
de D1 et marqué un but. Il a également joué
en Ligue des Champions et en Coupe de France.
Liens :
- Fiche de L'Equipe.fr >>>
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