Mais que veut Dassault ? Couler le club une fois pour toutes ? Et Rudi Roussillon est-il lui aussi d'une sinistre incompétence ? Commettra-t-il des erreurs pires que celles de Jean-Luc Gripond ? Peut-être Rudi Roussillon a-t-il compris qu'il s'était un peu emballé. Ou qu'on s'était emballé pour lui : soit dans son entourage, soit dans celui de Coach Vahid. En tout cas, il a démenti l'info. Ouf ! Mais le seul fait qu'elle ait pu exister et qu'elle va un peu dans le sens d'un écho paru dans « France Foot » nous hérisse tout de même le poil.
A quelques jours, pour ne pas dire quelques heures, de la reprise de l'entraînement, le flou s'intensifie au sein et autour du FC Nantes. La situation en devient même alarmante puisque non content de laisser perdurer une déliquescence chronique au niveau de la direction, Serge Dassault menace apparemment de s'attaquer au secteur technique. En procédant avec sa délicatesse habituelle, celle d'un char.
Dassault ou plutôt son nouveau représentant dans la place, Rudi Roussillon qui s'apprête, nous a-t-on annoncé, à devenir le président du Conseil d'administration à l'occasion de la prochaine assemblée générale de SASP. Dans l'organigramme, il passerait ainsi devant Gripond.
Ça fait froid dans le dos
On pourrait penser que ce n'est pas plus mal, sauf que ses premiers projets, s'il n'avait pris soin de les démentir promptement, nous ont donné littéralement froid dans le dos.
Cet ancien gardien de but ayant évolué dans les équipes inférieures d'Auxerre puis au Red Star, où il était le remplaçant de Pérez durant la saison 1982-83, a déjà provoqué de sérieuses vagues à l'Express où il a hérité de la présidence du Conseil de surveillance, il y a moins d'un moins. On a cru qu'il était en passe de déclencher une véritable tempête à Nantes. Espérons que le verbe croire va rester le bon. Car il aurait tout de même, si l'on en croit le bi-hebdomadaire « France Football », conseillé à Serge Le Dizet de « filer doux ». Et une dépêche de l'AFP a fait état aujourd'hui de contacts avec Vahid Halilhodzic, lequel aurait été chargé de chapeauter tout le secteur sportif en cumulant les fonctions de manager et d'entraîneur. Celles qu'il occupait à Paris.
Style de jeu primaire
Alors là, bonjour les dégâts ! Car s'il est un technicien qui ne correspond pas du tout à la philosophie nantaise, à la fois par le style de jeu primaire qu'il préconise et par ses méthodes dignes d'un ancien apparatchik des pays de l'Est, c'est bien Coach Vahid.
Sa carrière d'entraîneur est une suite de conflits ininterrompus et d'échecs retentissants. Il a certes en partie réussi à Lille, mais il faut se souvenir que, sous sa coupe, le LOSC était une équipe très rébarbative. Elle n'hésitait pas à utiliser la manière forte et sa tactique, à part une défense de fer et le recours à l'anti-jeu systématique, consistait à expédier de longs ballons aériens à destination de la tête de Bakari. La notion de spectacle était réduite à zéro. Halilhodzic avait pourtant réussi la gageure de se faire apprécier par le public auquel il était parvenu à faire croire qu'il était plus important que ses joueurs.
Clown du bord de touche
Malin, il savait caresser les supporters dans le sens du poil et il se livrait sur le bord de la touche à des pantomimes frisant l'indécence. Les arbitres en faisaient souvent les frais, certains se laissaient d'ailleurs intimider. Mais si ses méthodes ont pu plaire à Lille, ville qui était depuis longtemps sevrée de football de haut niveau, elles sont assurément trop répugnantes pour Nantes. On se plaît à penser que la Beaujoire n'est pas décidée à souscrire à un jeu d'aussi piètre inspiration. On remarquera d'ailleurs que le LOSC se porte mieux depuis qu'Halilhodzic est parti et qu'il a été pris en mains par Claude Puel, lequel est un entraîneur d'une autre dimension. Coach Vahid conserve pourtant un appui solide dans le Nord, il s'agit, bizarrement, de Martine Aubry. Une femme dont la conscience politique (elle s'affirme de gauche), ne devrait pourtant pas l'amener à donner son appui à un homme qui emploie des méthodes dictatoriales allant tout à fait dans le sens de la droite dure et du patronat. La dame des 35 heures soutenant un tenant de la semaine des 80 heures, prêt à rétablir les travaux forcés, on croit cauchemarder.
Gant de fer, idées courtes
Mais Coach Vahid a toujours su s'attirer les bonnes grâces des notables et des puissants. Il est ainsi parvenu à s'immiscer dans l'entourage de François Pinault qui lui confia le Stade Rennais. L'expérience, bien que le maintien ait été obtenu in-extremis, faillit tourner à la catastrophe et Halilhodzic a davantage marqué les esprits par la chasse effrénée et folklorique qu'il faisait aux joueurs de play-station que par ses capacités à élaborer un plan de jeu cohérent. Olivier Monterrubio, qui est pourtant d'un naturel gentil, devint l'un des ses critiques les plus féroces, il ne dissimule pas qu'il a perdu son temps, et bon nombre de ses coéquipiers avec lui, tant qu'il se trouva sous la férule d'un coach au gant de fer mais aux idées courtes.
Il divise pour tenter de régner
Halilhodzic est toutefois parvenu à rebondir à Paris. Grâce à son ami Francis Graille. Eh oui, on le répète, l'homme excelle à se faire des relations utiles. Mais on sait comment l'affaire s'est terminée. Halilhodzic a multiplié les conflits pour diviser les hommes et tenter de mieux les diriger. C'est sa méthode préférée. Seulement, au bout d'un moment, les gens finissent par parler entre eux, les langues se délient, les masques tombent. Plus les matches passaient, plus nombreux étaient les joueurs à rejeter un entraîneur incapable de tracer des schémas tactiques qui ne soient pas négatifs et destructeurs. Il inventait pourtant des histoires, comme celle de la fameuse taupe, accusée de donner des renseignements en sous mains aux journalistes.
D'abord intrigués, les joueurs finirent par se lasser de ces sornettes, d'autant que quelques uns en vinrent à soupçonner Vahid d'être lui-même ladite taupe et de creuser ainsi sa tombe au Camp des Loges. Il organisait les fuites et il essayait ensuite de faire soupçonner les joueurs qu'il appréciait peu afin de monter le groupe contre eux. Les manœuvres les plus machiavéliques ne l'ont jamais rebuté, au contraire, et déjà quand il était joueur il entretenait des relations souvent tendues avec ses coéquipiers, José Touré notamment. Au moins avait-il, à l'époque, l'immense mérite de marquer des buts. Il n'empêche : plusieurs fois, Jean-Claude Suaudeau avait du taper sur la table pour ramener le calme.
Plus ils sont bêtes et serviles
A Paris, le divorce entre Halilhodzic et les joueurs devint inévitable, d'autant que Canal + ne pouvait cautionner indéfiniment des méthodes portant atteinte aux libertés les plus élémentaires, y compris celles de la presse. Halilhodzic dut donc plier bagages, un paquet de millions d'euros d'indemnités en poche, bien que le PSG ne lui ait pas encore versé la totalité.
Depuis, il cherche à se recaser et on sait que le FC Nantes a toujours été l'un de ses objectifs. Son salaire à Paris était de 850.000 francs par mois, il serait prêt à le revoir à la baisse pour travailler à La Jonelière, d'autant qu'il possède de moins en moins le choix, son incompétence en tant qu'entraîneur ayant tout de même fini par se propager dans le milieu. Mais il conserve un réseau d'influences efficace, y compris dans certains médias dont les journalistes apprécient peu la démocratie, notamment en football. Il est de si bon ton de demander aux joueurs de courir, de mouiller le maillot et surtout, surtout, de ne pas réfléchir. Plus ils sont bêtes et serviles, plus ils plaisent à Coach Vahid.
Oui à Landreau et au talent, non à Vahid
Alors est-ce lui qui a pris contact avec Roussillon ou l'inverse ? Pour l'instant, les précisions manquent un peu. On dit même que certaines oppositions se seraient manifestées au sein du club. On ose écrire : encore heureux !
Elles ont été suffisantes pour amener Rudi Roussillon à démentir l'arrivée d'Halilhodzic, sur le site officiel du club, cela peu après la publication de la dépêche de l'AFP. Il nous dit que la venue du Bosniaque, en tant qu'entraîneur ou manager, constitue une fausse nouvelle. Avouons-le : on respire mieux. On aurait toutefois aimé que le démenti soit encore plus net, c'est à dire qu'il nous dise qu'il n'a jamais existé de contact. Ou, qu'à tout le moins, ils ont été immédiatement interrompus.
Il faut tout de même se rappeler que lorsque Mickaël Landreau est sorti du rang en décembre dernier pour provoquer une révolte salutaire, Coach Vahid fut l'un des entraîneurs qui le condamnèrent le plus véhémentement. Alors qu'Halilhodzic ait pu penser un seul instant qu'il puisse venir au FC Nantes ne signifie-t-il pas qu'il envisageait provoquer le départ de son gardien emblématique ?
Pourtant, pour nous, la situation est claire : c'est oui à Landreau, oui à Toulalan, oui à Savinaud, oui à Da Rocha. Oui au talent.
Et non, mille fois non à Coach Vahid et ses méthodes féodales. A Dassault et Roussillon de prouver qu'ils partagent cet avis.
B.V.
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