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Le contexte de l'article et de l'interview de Rodolphe Landais
Nous comprenons lors de notre entrevue avec Rodolphe Landais, que le fait déclencheur de sa réponse est la menace de plainte contre le journal Le Parisien et par voie de conséquence contre lui-même. Plus précisément, ça n'est pas la menace qui gêne particulièrement le journaliste mais le fait que Rudi Roussillon avait été mis au courant la veille (lundi), après la conférence de presse des vœux du Président du FCNA, de la parution de l'article et de son contenu. En substance Rudi Roussillon lui confie alors, qu'effectivement les chiffres relatés sont exacts et que le FC Nantes était bel et bien en situation de dépôt de bilan, lors du rachat de la Socpresse par le groupe Dassault. Il avoue même que la divulgation de cette situation passée de dépôt de bilan, ne le gène absolument pas, au contraire… Ce sont ces deux discours opposés, entre celui de la veille en tête à tête et le lendemain en conférence de presse de « crise » qui font donc bondir le journaliste. On note pourtant que Rudi Roussillon ne démentira pas, chiffres à l'appui, les données publiées par Le Parisien et qu'il se garde bien de s'exprimer sur la gestion antérieure à son arrivée à la tête du club, le 28 juin : « je ne veux plus me retourner sur le passé, seule m'intéresse la situation du club depuis que j'en ai pris la responsabilité ».
Nous décidons de publier les comptes et les déclarations de Rodolphe Landais
Pour reprendre une expression chère à Rudi Roussillon : « il faut être clair », il ne s'agit surtout pas de remettre en cause ses capacités à remettre à flot le club. Nous pensons d'ailleurs fortement que ce qui a été fait depuis le 28 juin, hormis le maintien de Jean-Luc Gripond, va dans le bon sens et que pour la première fois de l'argent provient enfin du nouveau propriétaire du club, le Groupe Dassault, comme le montre l'achat récent de Dennis Oliech. On n'oublie surtout pas non plus que Jérémy Toulalan a été conservé, dans un contexte qui se révélait encore plus difficile que ce que nous pouvions supposer à l'époque, eu égard aux déclarations erronées de Jean-Luc Gripond sur le montant de la dette au 30 juin, selon lui, seulement générée par le mauvais classement du club, largement en deçà des prévisions inscrites au budget. Non, si nous décidons de parler des difficultés financières passées, c'est bien parce que, comme de nombreux supporters, nous nous sommes toujours demandés ce qu'avait bien pu devenir les rentrées d'argent du club générées par les transferts importants de certains joueurs ou par les mannes des droits TV et de la dernière participation à la Ligue des Champions.
Or, il s'agit bien là d'essayer de comprendre ce qu'a pu bien faire la Socpresse de tout cet argent. Evidemment, nous n'en savons rien de manière factuelle, mais nous pouvons nous poser quelques questions précises qui peuvent tenter d'éclairer les raisons pour lesquelles le club s'est trouvé dans une telle situation déficitaire et par voie de conséquence pourquoi il a failli déposer son bilan au moment où, comme par hasard, sa situation sportive était particulièrement critique, avec un sauvetage miraculeux obtenu lors de la dernière journée du précédent championnat.
Les pratiques supposées de la Socpresse.
Evidemment nous n'avons pas attendu cet article pour nous renseigner sur les manières de gestion de la Socpresse. Invariablement, on nous a répondu que le groupe de presse autrefois détenu par Robert Hersant, était connu pour « essorer » les journaux dont elle se portait acquéreur avant de les laisser chancelant. Dans la pratique, rien ne se ferait d'ailleurs de manière illégale. On prend dans une société saine pour éponger une autre qui l'est moins, les jeux d'écritures le permettent. Comment cela peut-il se passer à l'échelle du FC Nantes ? Deux exemples, sans doute parmi d'autres : lorsque les abonnés du FC Nantes reçoivent Presse-Océan gratuitement dans leur boîte aux lettres trois jours par semaine, le club n'est-il pas facturé par le journal ? On est en droit de se le demander. Est-ce une opération qui profiterait directement au club ? assurément non. Par contre, le grossissement du chiffre d'affaires du journal et le grossissement du nombre de lecteurs est tout bénéfice, notamment au niveau des tranches du marché publicitaire. Nouvel exemple, lorsque la Socpresse enlève le marché de la télévision locale, autre but de son rachat du FC Nantes, n'est-ce pas le club qui finance la télévision à hauteur de 600.000 euros ? Même si cette facture diminuera de moitié prochainement, alors que la télévision est en passe de basculer dans le giron de Ouest-France, est-ce que le club avait besoin d'une émission telle « Le journal des Canaris » ? (ndlr : nous ne critiquons pas l'émission et nous sommes bien heureux de pouvoir la regarder tous les soirs ). Nous nous étions étonnés à l'époque du fait que le club paye une télévision qui ne porte pas sa marque, contrairement à OL TV ou OM TV.
La Socpresse à Nantes : 5 ans de malheur ?
Alors la Socpresse, au lieu d'être l'acquéreur qui devait enfin pérenniser le club au plus haut niveau, comme le pensait naïvement Robert Budzynski, n'a-t-elle pas agit avec le FC Nantes, comme elle est supposée l'avoir déjà fait auparavant avec d'autres filliales ? On peut, il faut, se le demander. D'ailleurs quel a été son apport réel ? Hormis le rachat d'actions, elle s'était engagée a verser, à échéances, d'importantes sommes devant servir les investissements du club. Viorel Moldovan avait d'ailleurs été selon les dirigeants d'alors, recruté sur ces fonds. Etait-ce vrai ? On remarquera pourtant que cet argent a été simplement versé dans un compte courant bloqué, arrivé à échéance vraisemblablement l'année dernière et récupéré tout à fait légalement. A ce titre, lorsque Jean-Luc Gripond parle d'une gestion centralisée, et de 9,4 millions remontés à la maison mère, on est en droit de se poser la question s'il ne s'agit pas tout simplement d'une remontée légale de l'argent bloqué durant 5 ans. A ce propos Rodolphe Landais se veut clair. « les déclarations de Gripond, c'est du pipeau, il s'agit bel et bien de l'argent que la Socpresse avait en compte courant . »
Les sources de Rodolphe Landais.
Au cours de l'interview que nous a accordé le journaliste, il a évidemment été question de ses sources d'information. La principale, celle sur laquelle il base tout ou partie de son article, concerne les comptes du club arrêtés au 30 juin 2005, conformément à ce qu'impose la DNCG et tel qu'ils lui ont été présentés. Evidemment, ces comptes, il faut bien que quelqu'un les lui ai soumis. Deux questions s'imposaient donc. Pourquoi à lui ? et que recherche la personne qui les lui a procurés ? A la deuxième question, le journaliste qui, évidemment, protège nommément sa source, la réflexion s'est portée sur une source inconnue du club ou de son entourage, qui ne souhaiterait pas que La Socpresse quitte le club sans que rien ne puisse lui être reproché et sans que certaines poursuites éventuelles ne puissent être menées. A la première question, le journaliste nous renverra la question. On en conclue qu'eu égard à certains articles passés et notamment la révélation d'une société intermédiare entre la Socpresse et le club : la SCPI, eu égard encore aux enjeux en présence – une telle info ne peut évidemment pas sortir à Presse Océan, et Ouest France a commencé à être beaucoup plus prudent depuis la date où le groupe avait commencé à envisager de reprendre certains titres de la Socpresse, dont Presse-Océan (ce qui est désormais effectif) et la télévision locale. De là à en conclure qu'il est sans doute le seul journaliste susceptible de sortir un tel article, on peut le penser. D'ailleurs, nous sommes à ce titre songeur sur l'évolution de la presse en France quand on se remémore, par exemple, ce qui se passe depuis quelques années en Italie à la lumière du film document « Viva Zapatero ».
Nous voulons faire confiance à Rudi Roussillon, mais certainement pas à Jean-Luc Gripond.
Alors, nous le répétons, nous avons bon espoir qu'avec la nouvelle Présidence de M. Roussillon, le club puisse s'en sortir, mais nous ne voulons pas que les années Socpresse soient passées par pertes et profit. Jean-Luc Gripond a confirmé à Rodolphe Landais qu'il avait bel et bien été entendu par la police judiciaire dans le cadre d'une affaire d'emplois fictifs . Or cela laisse l'ex-président du FC Nantes sans réaction. A tel point qu'on a l'impression que certaines personnes semblent pouvoir agir en toute impunité. Nous avons plutôt l'impression qu'il semble s'être passé tant de choses au sein du club, que tant de personnes paraissent au courant et liées par la loi du silence, que rien ne peut sortir sans que des personnes importantes ne soient éclaboussées. Mais peut-on raisonnablement demander une réelle transparence et de telles pratiques n'exitent-elles pas dans la plupart des clubs ? A ce titre, sans que nous accusions évidemment personne, nous ne faisons que nous poser des questions, le silence de Robert Budzynski, après son départ à la retraite, est édifiant. Comment celui qui s'est fait « placardisé » par Jean-Luc Gripond, peut, une fois sommé de prendre sa retraite, rester muet ?
D'aucuns, à la lecture des documents de ce dossier, penseront, qu'effectivement, il vaut mieux ne plus parler du passé. C'est aussi la ligne de conduite du Président Roussillon. Nous la comprenons parfaitement. Mais nous sommes supporters de longues date de notre club et nous n'oublierons jamais que par la faute de certains, le club a failli descendre en Ligue 2 et cela signifiait, nous n'en doutons pas une seule seconde, la mort du club, car en cas de descente, assurément le dépôt de bilan aurait été prononcé !
Frédéric Porcher., le 6 janvier 2006.
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