Marcel Desailly a 37 ans mais son envie de jouer demeure celle d'un jeune homme. A peine a-t-il rompu son contrat avec le Qatar Club, où il officiait avec plus ou moins de bonheur depuis quelques mois, qu'il pense déjà à ressortir ses crampons.
En fait, Captain Marcel a passé un an au Qatar puisqu'il avait d'abord signé à Al Gharafa. Il assure que tout se passait bien pour lui, à l'entendre on se demande même pourquoi Domenech n'a pas songé à le rappeler, en même temps que Zidane, Thuram et Makékélé. « Seulement, ma famille me manquait, c'est ce qui m'a décidé à revenir en France, » indique-t-il. On peut évidemment s'étonner qu'il n'ait pas pensé plus tôt, lors de la signature de son juteux contrat par exemple, aux désagréments liés à la distance. Mais après tout, n'est-ce pas, c'est sa vie privée. Plus intéressante est cette déclaration qu'il a laissé tomber, au hasard d'une interview diffusée l'autre soir sur RMC-Info : « Un jour, je reviendrai à Nantes… »
Dans quel rôle ?
Tiens donc ! Pour jouer ? Desailly n'est tout de même pas allé jusque là. « Je ne sais pas encore pour quoi faire, a-t-il concédé. Mais Nantes est mon premier club, celui de mon cœur, et c'est sûr que j'aurai un rôle à y tenir…On me reverra là-bas. »
Il n'en a pas déclaré davantage. Sans doute parce que lui-même se trouve-t-il encore dans le vague le plus absolu. Il est arrivé, dans un passé récent, que son nom soit évoqué dans un éventuel projet de reprise, sans d'ailleurs qu'on sache bien quel aurait été son rôle. Actionnaire désirant servir son ancien club, certes, mais soucieux aussi de faire des bénéfices ? Dirigeant à haut salaire ? On notera simplement que Captain Marcel a toujours pris soin de ne pas confondre son cœur avec son portefeuille. Ce qui n'a rien d'infamant. Ni d'ailleurs de spécialement valorisant.
« Y'a plein de bons clubs dans le Sud de la France »
Ce qui est bien avec lui, c'est que les événements parfois vont très vite. Ainsi, alors qu'il affirmait la semaine dernière qu'il ne rejouerait certainement jamais en France, il déclarait au cours de l'interview précitée qu'il existe plein de bons clubs dans le Sud de l'Hexagone, puisque c'est cette région où, pour l'instant, il souhaite s'installer. « Ce ne sont pas des clubs de Ligue 1 », prenait-il toutefois soin de préciser. Il ajoutait aussi : « Mais je peux aller un peu plus au Nord, dès l'instant que ce n'est pas très éloigné de la région Marseille-Aix-en-Provence et que les liaisons sont rapides ».
A l ‘écouter, on avait presque envie de lui suggérer la Suisse, pays pratique pour mettre au chaud les dollars qu'il a amassés en suant au Qatar.
Duguépéroux viré avant ou après le match à Nantes ?
Alain Afflelou a eu une autre idée. Venant de s'offrir Strasbourg, il affirme avoir pris contact avec Captain Marcel pour le faire venir en Alsace. Desailly aurait demandé une petite quinzaine de jours de réflexion mais, d'après le lunetier, l'affaire serait en assez bonne voie, vu, argue-t-il que « sa femme veut venir à Strasbourg ». « La Petite France » possède sans doute davantage de charmes que le Qatar.
L'information ne revêtirait qu'une importance secondaire si le prochain visiteur de la Beaujoire n'était le club alsacien (le dimanche 27 novembre). Y verra-t-on Marcel Desailly sous les couleurs de Strasbourg, sinon comme joueur, du moins comme accompagnateur. « Qu'il joue ou qu'il ne joue pas, il nous apporterait énormément dans le vestiaire, sur le banc et autour, » lance ainsi Afflelou dont les précédentes expériences dans le foot, à Bordeaux puis à Créteil ont laissé des souvenirs pour le moins mitigés (on est gentil avec lui). Accessoirement, on peut d'ailleurs supposer que son arrivée à Strasbourg va signifier à plus ou moins rapide échéance le licenciement de Jacky Duguépéroux dont il n'apprécie visiblement pas la modestie. Afflelou préfère les matamores, dans son genre. Duguépéroux va-t-il gicler avant ou après le match de Nantes ? La réponse à cette question dépend d'abord du prochain Strasbourg – Nice. On notera aussi que Guy Lacombe, éternel candidat au banc de touche nantais, figure sur les tablettes d'Afflelou. On rappellera également que les hommes d'affaires parisiens ayant cherché à devenir les rois de la Meinau sont tous repartis avec leurs ambitions en berne. Et souvent en laissant une ardoise conséquente, Daniel Hechter ayant en ce domaine largement battu Patrick Proisy.
Et un million pour Marcel
Bref, le prochain Nantes – Strasbourg risque d'être à haute tension pour les Alsaciens qui n'ont sans doute pas oublié que la victoire de Nantes, la saison passée sur les bords de la Krimml, avait scellé le sort d'Antoine Kombouaré.
Mais pour en revenir à Desailly on rappelera l'anecdote savoureuse (et même sonnante et trébuchante) liée à son départ du FC Nantes, en 1992. Une clause de son contrat prévoyait qu'en cas de transfert, il toucherait 10 pour cent de son montant, à partir de 10 millions de francs. Or que fit le FC Nantes ? Il le vendit à Marseille pour pile 10 millions de francs. Fort logiquement, Desailly demanda sa part. Les dirigeants nantais, qui ne savaient sans doute pas lire, voulurent ergoter, prétextant que la « commission » valait à partir de seulement 10 millions et un centime. L'affaire alla en justice et Desailly obtint évidemment gain de cause. La petite histoire nous apprend en somme qu'il y eut à Nantes des dirigeants incompétents avant Gripond, même si ce dernier a battu tous les records du genre.
B.V, dimanche 13 novembre.
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