C’était le 16 juin 1979. La quatrième finale de Coupe
de France disputée par le FC Nantes. Les trois premières,
en 1966, 1970 et 1973, s’étaient soldées par autant
de défaites. « Les anciens nous avaient tellement dit combien
ça fait mal de perdre que le doute et la peur s’étaient
insinués en nous, » confiera d’ailleurs Eric Pécout.
Pourtant au coup d’envoi les Canaris sont largement favoris. Ils
affrontent une équipe de 2è division, quasi-inconnue, l’AJ
Auxerre. Et certains journalistes se fendront de commentaires railleurs
quand ils verront se dresser dans les tribunes une banderole où
est écrit : « Auxerre en Coupe d’Europe ». A
cette époque-là, un tel pari semble relever de l’utopie
et nul ne peut imaginer que cet ancien patronage, crée par l’Abbé-Deschamps
en 1905, va devenir l’un des tous premiers clubs de France. Et sans
doute le plus riche. Non, personne ! A part Guy Roux, peut-être.
Roux est déjà l’entraîneur d’Auxerre,
il occupe le poste depuis 19 ans et on parle d’un record dans le
genre. Lui ne s’en émeut pas, il dit qu’il veut encore
durer mais qu’à tout hasard il a pris ses précautions
: conjointement il a ouvert un cabinet d’assurances dans la capitale
de l’Yonne. En tout cas, il a bien préparé son match
et ses joueurs entrent dans la partie sans complexes. Ils ne s’affolent
même pas quand Eric Pécout, bien servi par Oscar Muller,
ouvre la marque dès la 11è minute. Ensuite, plus le temps
passe, mieux Auxerre résiste. A la pause le score est toujours
de 1-0
Le coup de théâtre se produit 5 minutes après la reprise.
Sur un centre de Klose, Serge Mésonès bondit. Le meneur
de jeu d’Auxerre est un homme à la tête bien pleine,
il cumule son emploi de footballeur à mi-temps avec un poste de
journaliste à « L’Yonne Républicaine ».
A la chronique judiciaire. Il saute plus haut que tout le monde et il
égalise.
Nantes, alors, peine. Les vieux démons hantent toutes les pensées.
« A un moment, je me suis dit : c’est pas vrai, on va pas
remettre ça, » admettra Henri Michel. « Je regardais
la Coupe posée sur une table, au pied de la tribune présidentielle
et je me répétais : « c’est encore fichu, on
va la rater, » raconte Jean-Paul Betrand-Demanes. Le gardien nantais
sort devant Schaer à la 70è minute. Il est battu, le ballon
lui passe sous le ventre. Tout Auxerre croit à l’invraisemblable.
Henri Michel sauve la face. Ouf !
Nantes tremble quand même jusqu’à la fin du temps réglementaire.
Aux tours précédents, Auxerre avait déjà éliminé
deux clubs de D1, Lille et surtout Strasbourg qui vient d’être
couronné champion de France, personne n’avait tenu suffisamment
compte de ces performances à l’heure des pronostics. Nul
non plus n’avait perçu l’habileté du stratège
Guy Roux.
Durant les prolongations, Nantes se retrouve et se libère. Enfin
! Eric Pécout marque de la tête. Puis Oscar Muller reprend
magistralement un centre de Loïc Amisse. A la dernière minute,
Pécout inscrit le quatrième but, son troisième personnel.
Nantes a gagné 4-1 et Henri Michel retrouve son sourire et toutes
ses couleurs au moment d’aller recevoir le précieux trophée.
Jean Vincent jubile. Il s’approche de Louis Fonteneau. « Qu’est-ce
que vous m’aviez demandé quand j’ai signé mon
contrat il y a trois ans ? » « De me gagner la Coupe »
« Eh bien, voilà, président, c’est fait ».
Ce fut quand même dur.
B.V.
Nantes bat Auxerre 4-1 après prolongations
Pour Nantes : Pécout (11è, 105è, 120è), Muller
(114è).
Pour Auxerre : Mésonès (50è).
46.070 spectateurs. Arbitre : Michel Vautrot. Avertissement : Tusseau
(109è, anti-jeu).
Nantes : Bertrand-Demanes – Bossis, Rio
(puis Denoueix, 85è), Michel, Tusseau – Muller, Sahnoun,
Rampillon – Victor Trossero (puis Baronchelli, 60è), Pécout,
Amisse.
Auxerre : Szeja – Denis, Borel, Roque, Noël
– Brot, Cuperly, Mésonès - Klose, Schaer (puis Truffaut,
73è), Delancray (puis Hallet, 106è).
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