En cet hiver 1997-98,
le Paris Saint-Germain, comme souvent, était en crise. Venant
de subir trois défaites en championnat, il était irrémédiablement
distancé dans la course au titre et le public du Parc des
Princes réclamait la démission de son entraîneur,
le Brésilien Ricardo. Le pauvre ne savait plus trop quelle
recette adopter. Dépourvu de tout charisme, il éprouvait
déjà de grandes difficultés pour se faire comprendre
par les journalistes, alors avec les joueurs on ne vous dit pas.
Pour ce match, il avait tout de même décidé
de prendre une décision importante et de changer de gardien.
Il avait invité Christophe Revault à laisser sa place
à Vincent Fernandez. |
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Michel Denisot, lui, vivait ses derniers mois de président
et il s’efforçait de donner le change en prétendant
que tout allait bien, sans ignorer pourtant que dans les coulisses
son « ami » Charles Biétry s’activait pour
lui piquer son poste. Bref, Paris était Paris.
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Un recrutement catastrophique
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Le FC Nantes de
son côté ne baignait pas dans le grand bonheur. Il
se situait dans la seconde partie du classement, avec 32 points
en 25 journées et son maintien n’était pas encore
assuré. C’était la première saison d’entraîneur
de Raynald Denoueix et la mise en route avait été
délicate car les Canaris avaient dû composer avec le
départ de deux joueurs majeurs Japhet N’Doram (à
Monaco) et Claude Makélélé (à Marseille).
Christophe Pignol et Eddy Capron avaient également changé
d’air l’été précédent alors
que le recrutement, refrain connu, avait été raté.
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Ni Samba N’Diaye, présenté pourtant comme «
la future grande révélation », ni Stéphane
Lièvre n’avaient véritablement cassé
trois pattes à un canard. Du coup, durant l’automne,
un autre attaquant avait été embauché à
la va-vite et le moins qu’on puisse dire est qu’il aurait
mieux valu le laisser dans le club suisse où il végétait.
Il s’appelait Giallanza et s’inscrivait tout à
fait dans la lignée des Bjekovic, Mazzoni et autre Bustos,
autant de « terreurs » qui n’ont jamais fait trembler
que leurs ombres.
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Les débuts de Nicolas Gillet
Eric Decroix était blessé et un jeune Canari en profitait
pour effectuer ses débuts en D1, il n’a laissé pour
sa part que de bons souvenirs puisqu’il s’agissait de Nicolas
Gillet. Nantes aborda la rencontre très prudemment, « ça
faisait dix matches qu’on prenait des caisses à l’extérieur,
vous ne croyez tout de même pas qu’on allait se présenter
au Parc la fleur au fusil », dira Mickaël Landreau, et
Paris domina longtemps assez largement les débats. Il se fit même
dangereux, notamment par Marco Simone qui contraignit le gardien nantais
à au moins trois interventions délicates avant la pause.
Le FCNA pourtant, voyant que rien de grave ne lui arrivait, s’enhardissait
au fil des minutes, notamment par Carrière. De là à
dire que Fernandez était réellement inquiété,
il existait une marge et Nicolas Savinaud ne l’avait pas franchi,
lorsque, bien placé, il avait expédié le ballon dans
les tribunes.
En seconde période,
le scénario ne se modifia guère, Jean-Michel Ferri
s’efforçait de rester toujours dans les parages de
Raï alors que Gillet prenait de plus en plus d’assurance,
son entente avec Bruno Carotti fonctionnant sans heurts face au
duo Marco Simone – Florian Maurice. A un quart d’heure
de la fin, le score n’était toujours pas ouvert et
on commençait à s’affoler dans le camp parisien.
Ricardo devenait encore plus nerveux que son compère Joël
Bats, ce qui n’est pas peu dire. Raynald Denoueix, lui, restait
calme, du moins en apparence, comme à son habitude, et c’est
tout juste s’il laissa échapper un geste de dépit
quand Jocelyn Gourvennec, bien servi par Chanelet, rata la cible
de quelques centimètres. « On a souffert mais on
s’habitue aux matches qui se disputent aux couteaux et on
les maîtrise de mieux en mieux » estimera le technicien
nantais. |
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Da Rocha provoque un penalty
On semblait s’orienter vers un 0-0 et la pression parisienne
s’était relâchée quand le coup de théâtre
se produisit. On atteignait la 87è minute. Gourvennec et
Da Rocha étaient à l’attaque, Vincent Fernandez
déséquilibra le second. Le penalty était indiscutable.
Rémi Harrel, cinq ans plus tôt, dans ce même
stade, avait plutôt lésé les Nantais en finale
de la Coupe de France, cette fois il effectua correctement son travail
et il sanctionna la faute. Jocelyn Gourvennec donna alors la victoire
aux Canaris.
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C’était indiscutablement chanceux sur l’ensemble
de la rencontre mais les trois points étaient extrêmement
précieux. « On n’est pas encore sauvé mais enfin
on a accompli un bon bout de chemin, » déclara Raynald Denoueix.
Il ajouta malicieusement : « Mais je veux bien reconnaître
que si on rejoue cette partie dix fois, on risque de la perdre à
huit ou neuf reprises. Gagner ici, c’était quasiment un rêve,
on l’a transformé en réalité.»
« On ne méritait pas ça » s’exclama
Paul Le Guen tandis que Denisot et l’état-major du club se
retiraient dans un salon du Parc pour tenir une réunion d’urgence.
« J’étais impuissant, j’ai sûrement
fait des erreurs, » avoua Ricardo. « On vous donne
encore deux matches ! » lui répondirent ses dirigeants.
Finalement, le Brésilien alla jusqu’au bout de la saison.
Le FC Nantes, lui, perdit la semaine suivante, à la Beaujoire,
face à Toulouse mais il se sauva sans trop de peine : il termina
11è avec 41 points (pour 34 matches).
Serge Le Dizet avait suivi ce match de près : il se trouvait sur
le banc des remplaçants. Laurent Fournier, lui, avait joué
un peu plus d’une heure avant de laisser sa place à Martel,
un attaquant.
B.V.
La fiche technique
Le 13 février 1998, 26è journée de championnat.
Au Parc des Princes : Nantes bat Paris 1-0.
But de Gourvennec (87è sur pen). 39.987 spectateurs. Arbitre :
R. Harrel.
Paris : Fernandez – Algérino, Roche (puis
Rabésandratana, 81è), Le Guen, Llacer – N’Gotty,
Fournier (puis Martel, 67è), J. Leroy (puis Debbah 59è)
– Raï – Maurice, Simone.
Nantes : Landreau – Chanelet, Carotti, Gillet,
Lièvre – Savinaud, Ferri, Carrière (puis Le Roux,
70è), Gourvennec – N’Diaye (puis Giallanza, 73è),
Da Rocha.
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