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Le FC Nantes a battu bien des
records, dont certains sont encore inégalés, mais il en
est d’autres dont il se serait bien passé, comme par exemple
le fait d’avoir perdu 5 finales de coupes de France et surtout de
n’avoir jamais accroché le doublé Coupe/Championnat
et ce malgré huit titres de champions. Toujours en coupe, Nantes
peut « s’enorgueillir » de n’avoir jamais battu
une équipe de première division en finale de coupe de France,
bien qu’ayant gagné 3 coupes.
Malédiction quand tu nous tiens.
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Tous ces malheureux records débutèrent en 1966, année
du deuxième titre du FCN. Cette année là le Football
Club de Nantes se balade en championnat et son attaque empile les buts
sous la houlette d’un joueur d’exception : Ramon Muller père
d’Oscar qui joua au FCN dix années plus tard. Ramon, comme
son prénom l’indique était argentin, le premier d’une
longue liste de footballeurs de ce pays qui firent souvent le bonheur
du club, et comme beaucoup de ses compatriotes c’était un
technicien remarquable.
Un jour je l’ai vu faire une chose unique face à Strasbourg
et à Kaelbel son emblématique défenseur. Le match
se déroulait à Saupin et dans une phase de jeu Ramon se
présenta devant Kaelbel, joueur viril s’il en était.
Il faut s’imaginer un peu la scène dans sa continuité,
Ramon arriva devant le défenseur bien campé sur ses jambes
écartées prêt à se jeter sur le ballon dés
l’amorce du dribble, quand soudain Ramon se bloqua et sauta à
pieds joints sur le ballon, resta en équilibre et fit un grand
pied de nez au Strasbourgeois médusé. Aussi vite, Ramon
redescendit du ballon et lui fit un petit pont. Kaelbel se transforma
alors en statue figée par la stupeur, devant les spectateurs sidérés
puis ravis. Et pourtant, sans le savoir, Nantes venait peut-être
de perdre la coupe de France.
En demi finale Nantes rencontre le SCO d’Angers, au Parc des Princes,
pas celui d’aujourd’hui mais l’ancien, dans un match
qui restera ce qui se fera de plus accompli à mes yeux de supporter.
Le score de 3-0 ne reflètent pas le véritable ballet que
j’ai vu ce soir là. Nantes est en finale. Nantes ne peut
pas perdre la coupe, Nantes va faire le doublé d’autant qu’il
jouera contre … Strasbourg, une équipe du « ventre
mou » et que Nantes a si souvent battue. Hélas Nantes perdra
cette finale avec un Ramon Muller totalement absent, transparent. Ce fut
une grande peine pour moi, mais cette peine se transforma en colère
quand j’appris quelques jours plus tard le transfert de Ramon vers
Strasbourg.
Aujourd’hui encore, bien que beaucoup de temps ce soit écoulé,
je ne cesse de penser que si Ramon n’avait pas … Nantes aurait
… et la malédiction n’aurait pas débutée.
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Au sujet de cette supposée trahison, il est bon de préciser
que rien ne fut jamais prouvé et que cette idée fut surtout
engendrée par la très grande déception née
de cette désillusion. Le fils de Ramon, Oscar Muller, traîna
d'ailleurs longtemps comme un boulet cette suspicion. A l'époque,
il n'y avait pas de remplacement et le FC Nantes joua la quasi totalité
de cette finale à 10. Robert Budzynski précisera plus tard
(au Journal des Canaris) que l'élongation de Ramon était
belle et bien réelle. (FP)
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