Jeudi - Huitième recrue en huit mois, presque une équipe ! Où va-t-on ?
C'est fait : Adriano Da Silva est embauché. C'est la huitième recrue, on a bien écrit recrue et non renfort, faut pas confondre, depuis janvier. Le Brésilien s'ajoute à Oliech, Rossi, Stojkovic, Cubilier, Boukhari, Saidou et Wilhelmsson. Cela fait presque une équipe. C'est à peine croyable et il est clair que Nantes, en devenant ainsi un champion de l'instabilité et des jeux de hasard, se met sur les rails qui conduisent souvent en 2è division. C'est le sort qui attend généralement ceux qui donnent dans l'amateurisme et font passer le commerce avant le jeu. Et c'est assez logique. On a trop vanté les mérites passés de ce club pour ne pas fustiger à présent les dérives qui lui ont fait perdre son âme. Nantes ne mise plus sur ses forces vives et ancestrales, il embauche une clique de mercenaires. Ce n'est pas une condamnation de ces derniers, pas encore, c'est simplement un constat. Mais comment voulez-vous qu'un entraîneur puisse inscrire sur la même longueur d'ondes et d'un coup de baguette magique des joueurs venant d'horizons aussi divers et évoluant ensemble depuis si peu de temps ? Même un sorcier n'y arriverait pas.
Bref, on est mal. Et Dassault s'est bel et bien trompé de cible : c'est la direction qui n'est pas bonne. Possède-t-il encore suffisamment de lucidité pour s'en rendre compte ? Sans doute pas. Alors la direction est-elle capable de reconnaître qu'elle fait n'importe quoi et donc, forcément, fausse route ? Faut pas rêver ! Quand nous reparlera-t-on de jeu, de football, de rêves, de technique, d'offensive, de formation des jeunes, d'identité nantaise ? Ce serait quand même plus excitant que de poser des ultimatums dans le genre : soit on gagne contre Lille, soit on change d'entraîneur. Il est vrai que des entraîneurs, on peut en consommer trois ou quatre dans la saison ! Nantes n'y est pas encore, ça peut venir.
A propos d'entraîneur, Serge Le Dizet nous ferait tout de même plaisir et se donnerait peut-être davantage de chances de durer s'il savait dire non quand on lui amène un joueur qui ne correspond pas à ses désirs (même si ce n'est pas facile) et surtout s'il optait une fois pour toutes pour un jeu progressiste. Il n'a pas les joueurs pour, remarqueront certains. Alors, répétons-le, on est mal.
Der Zakarian pas retenu, Yapi non plus.
Michel Der Zakarian, lui, est parti, le projet qu'avait conçu Roussillon est tombé à l'eau. Plouf ! Pourvu que l'ex-Montpelliérain ne reste pas embusqué, en position d'attente. Yapi, aussi, s'en est allé. Il avait été acheté un million d'euros, il est laissé libre et on se rappelle que Jean-Marc Guillou se désolait de devoir le vendre. « C'est un tout bon, assurait-il, mais Beveren a besoin d'argent. » Quand on pense à lui, on revoit volontiers certaines images d'un match contre Rennes en janvier 2005. Cette rencontre reste l'une des plus réussies de l'ère Le Dizet, elle avait apporté une véritable bouffée d'oxygène après un automne aride et une trêve étouffante. Nantes avait gagné 2-0, en assurant le spectacle, Yapi avait tiré les ficelles et allumé la braise de belles promesses. On disait que Nantes avait enfin trouvé son meneur, qu'il allait rejouer au foot. Plus tard, on évoqua une concurrence entre Yapi et Dimitrijevic : pouvaient-ils jouer ensemble ? Pour leur part, ils pensaient que oui. Il y a longtemps que le débat est clos. Yapi a disparu de la circulation nantaise depuis l'automne, Dimitrijevic fait banquette, Diallo qui, lui, est dans le style maison, joue les kamikaze aux avant-postes. Le FCN ne produit plus de football, il n'a plus de talents. A part ça, tout va bien et si ça continue le club, sous prétexte de sauver les meubles va soit virer son entraîneur, soit s'offrir à prix exorbitant un arrière gauche en prétendant qu'il est ailier droit et il lui demandera d'évoluer au milieu, dans l'axe. Six mois plus tard il le mettra parmi les lofteurs ou le prêtera à un club de seconde zone. Le FC Nantes en est là.
B.V., le 2 septembre 2006
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