Dimanche - Le Dizet : « Une semaine plus tard, tu es confronté aux mêmes maux »
Ce n'est pas la joie à la Jonelière. Une vingtaine de supporters poireautent devant les portes de fer en attendant d'apercevoir les joueurs au décrassage. Mais Serge Le Dizet a d'abord tenu à les réunir. « Pour leur passer un savon, » se murmure-t-il. Il paraît que c'était pareil le dimanche précédent. Stojkovic n'est pas là, il a pris la direction de Belgrade pour répondre à la convocation de son sélectionneur. Wilhelmsson écourte également la séance : cap vers la Suède. D'autres ont également des billets d'avion en poche. Nantes ne va donc pas pouvoir profiter à plein de la trêve de quinze jours qui se présente puisque, sans avoir de grands joueurs, il compte cependant suffisamment d'internationaux pour se retrouver avec un groupe restreint. Japhet N'Doram a-t-il pensé à cet inconvénient lorsqu'il a effectué son recrutement ? Au sortir de la réunion avec les joueurs, Le Dizet parle aux journalistes. Pas forcément de façon adroite puisqu'on peut lire ensuite qu'il a déclaré avoir l'impression de ne pas être bien compris : « le lendemain de Troyes, on s'était tous retrouvés pour dire ce qui allait et ce qui n'allait pas. Et une semaine plus tard, il faut recommencer. Tu es confronté aux même maux ! Forcément, tu te dis : « ça ne répond pas ». Et tu te demandes comment tu peux y arriver. »
Serge s'est peut-être mal exprimé mais il devrait faire attention : un entraîneur, de nos jours, ne doit jamais laisser sous-entendre et encore moins entendre que son message ne passe pas. C'est le genre de phrase qui a vite fait de faire boomerang dans un milieu où il est de bon ton de débiter à la pelle des déclarations creuses comme des bambous. C'est moins dangereux que de se confier. Le coach nantais dit aussi, mais c'est finalement moins relevé par les témoins : «le groupe doit avoir l'ambition de jouer ensemble. Le classement sera la résultante du jeu. »
Roussillon : « Le Dizet a toute ma confiance »
Pendant ce temps, Rudi Roussillon s'épanche sur les ondes de RMC Infos. Il est interviewé par Jean-Michel Larqué. Il en profite pour passer de grosses couches de vernis sur l'ancien entraîneur du Paris Saint-Germain. Dans le genre : « Jean-Michel, vous qui vous y connaissez… » A part ça, le président du FCN reste campé sur son discours : les nouveaux joueurs sont de qualité mais quatre sur cinq sont des étrangers, il leur faut une période d'adaptation, ce qui est normal. Larqué, auquel il ne faut pas trop en demander, même s'il est nettement moins lénifiant à la radio qu'à la télé, ne songe pas à poser la question qui en découle : « mais, président, puisque vous dites qu'il faut du temps, pourquoi mettez-vous dès à présent la pression sur votre entraîneur et vos joueurs ? »
Après tout, Roussillon a entériné ce recrutement et il aurait dû être le premier à souligner qu'il faudrait du temps pour que « l'intégration », le mot est de lui, se fasse. Alors, à quoi rime son inquiétude ? Ne voudrait-il pas rejeter les conséquences de ses éventuelles erreurs sur son entraîneur ? En somme, il affirme : moi, j'ai fait du bon boulot, un super recrutement, l'entraîneur, lui, en fait du mauvais puisqu'il n'obtient pas de supers résultats avec les génies que je lui ai achetés. Je savais qu'il faudrait être patient, mais comme j'ai promis monts et merveilles aux supporters, eux ils s'impatientent. Eh bien je ne veux pas porter le chapeau et c'est à l'entraîneur de s'activer.
A propos de Le Dizet, Roussillon confirme ses précédentes prises de position : « il a toute ma confiance. Pour l'instant, il n'est pas en danger, on va laisser passer le mois de septembre en espérant qu'on va redresser la barre. » L'un des journalistes de RMC Infos croit bon d'ajouter, une fois que Roussillon a raccroché son téléphone : « Le Dizet n'en a peut-être plus pour longtemps car, souvent, quand un président dit qu'il a toute confiance en son entraîneur, il le vire dans les jours qui suivent. » Eh oui, on en revient à la stupidité des dirigeants de foot dont le comportement frôle souvent l'inconséquence : plus personne n'accorde du crédit à leurs déclarations et ils font rire tout le monde. Larqué, « l ‘homme qui s'y connaît », acquiesce. Roussillon va-t-il prouver qu'il est d'une autre veine que la majorité de ses collègues ?
B.V., le 2 septembre 2006
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