Samedi 22 heures : « On n'y était pas »
Ambiance morose au Moustoir, du moins dans le camp nantais. Nantes a subi une défaite aussi nette qu'incontestable. Dans les tribunes, une partie des supporters canaris ont scandé « direction, démission ! » « On n'y était pas, » lâche Serge Le Dizet. Il met l'accent sur le manque d'engagement de son équipe. « Or, sans le physique, une équipe, aujourd'hui, ne peut plus exister. » C'est vrai. On aimerait toutefois qu'il parle davantage de jeu. Parce que, comme disait le maître Albert Batteux : « pour un joueur professionnel, être en condition physique constitue la moindre des choses et ce n'est pas sur ce plan qu'un entraîneur doit le plus travailler. » On pourrait ajouter qu'à l'époque les préparateurs physiques ne pullulaient pas comme à présent.
Au détour d'une phrase, le coach nantais fournit pourtant une piste qui permet de penser qu'on peut encore croire en lui : « on espérait gagner à travers le jeu. » Il ne le dit pas mais on suppose que si ces intentions étaient réelles les joueurs n'ont pas eu le temps de les développer. Le premier quart d'heure, en effet, n'a pas été mauvais. Les Canaris ne se sont pas laissés abattre par le premier but. Ils ont égalisé. Le deuxième, en revanche, leur a scié les pattes. Le troisième les a mis KO. Après, il n'y a plus eu de match.
Anéantis par les défaillances individuelles ?
Alors voulaient-ils jouer et en ont-ils été empêchés à cause des défaillances individuelles, celles de Stojkovic et Cetto notamment, qui ont laminé leurs chances ? Serge Le Dizet refuse de s'engager sur ce terrain-là, il tient à préserver ses joueurs, du moins en public. On ne saurait le lui reprocher. Il assure : « pour être bon collectivement, il faut l'être individuellement et inversement. » Il ajoute que Nantes a la poisse en ce moment : les blessures s'accumulent, Signorino a joué diminué, Guillon a dû quitter le terrain, Cubilier n'est toujours pas en état de jouer, Cetto va être suspendu.
Cetto, parlons-en. « Il s'est fait expulser stupidement, » note un journaliste. Le Dizet répond : « je lui dit souvent de faire preuve de davantage de retenue, je ne peux pas faire davantage : il n'a plus vingt ans. » « Et Stojkovic, il n'a rien, pas de blessure ? » interroge une voix. Le coach nantais ne comprend pas qu'il s'agit d'humour : « Stojkovic ? Il va bien. »
Signorino : « ne pas commencer à déblatérer dans les journaux »
Franck Signorino fait le boulot : il « affronte » les stylos et les micros. Il regrette d'avoir dû jouer diminué : « ce n'est pas facile car je ne m'entraîne plus depuis deux semaines. Je ne voulais pas disputer le match mais le coach a insisté. Quand j'entends dire que je veux être sur le terrain parce que j'ai peur de perdre ma place, ça me fait rire. Psychologiquement, on est au plus bas. Mais il ne faut surtout pas s'éparpiller, au contraire. On doit faire bloc et ne pas commencer par exemple à déblatérer dans les journaux. Si on a des choses à se dire, et il y en a, c'est en face. Il faut trouver ce qui ne va pas et y remédier. On est dans une galère, on doit en sortir, collectivement. » Un journaliste interroge : « ne vous êtes-vous pas vus trop beau ? » Il le reprend de volée : « Absolument pas. C'est vous, les journaux, qui nous avez vu trop beau. Il a suffi d'un match de préparation réussi contre Saint-Etienne pour qu'immédiatement vous vous enflammiez. Mais ça ne veut rien dire un match de préparation ! En outre, les autres rencontres n'avaient pas été spécialement réussies. Alors non, nous ne nous sommes pas vus trop beau, on savait que ce serait difficile et que la cohésion ne se ferait pas du jour au lendemain, qu'il faudrait du temps et des matches. »
Un bon président ne parle pas trop du jeu
Rudi Roussillon, lui, évite le quartier des médias. Après tout, ce n'est pas gênant : un bon président ne parle pas trop du jeu, de la technique, il laisse ce domaine à ses entraîneurs. Vous direz : Roussillon, justement, parle souvent du jeu. Exact et on se demande si, parfois, il n'aurait pas mieux fait de se taire. Et puis que pourrait-il déclarer ce samedi soir sur le sort de SLD puisqu'il avait annoncé, quelques jours plus tôt, que « l'entraîneur restera en place quel que soit le résultat à Lorient, y compris une défaite. » Mais il y a longtemps que les journalistes savent que la plupart des dirigeants de clubs se comportent comme des imbéciles qui changent d'avis comme de chemise. Si le ridicule tuait, la plupart d'entre eux rempliraient les cimetières. Alors, les journalistes attendent, on ne sait jamais. Roussillon cependant ne dit rien, apparemment il va donc rester en conformité avec ses déclarations. Ouf !
B.V., le 2 septembre 2006
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