Un but sur corner, mince
En fait ce match à Troyes a confirmé ce que l'on voit depuis plusieurs semaines. Nantes va mieux, dans son jeu, dans ses têtes, les deux allant souvent de pair. Mais Nantes reste fragile et il suffit de presque rien pour que la mécanique se dérègle. L'efficacité offensive demeure faible, les enchaînements insuffisants, et cette fois la défense a laissé une faille. Sur un coup de pied arrêté, un corner. C'est à dire dans un domaine où l'on se plaisait à répéter que l'arrivée de Barthez avait fait beaucoup de bien. Pire : sur le corner fatal, la responsabilité de Fabulous Fab est engagée. C'est lui qui aurait dû capter ou boxer le ballon avant qu'il ne puisse être repris par Gaël Sanz.

Cela dit, ne comptez pas sur nous pour dresser le bûcher de l'Ariégeois. Il avait auparavant stoppé un penalty et même si dans le stade de l'Aube, transformé en réfrigérateur, il n'a pas fait preuve de la même autorité que lors des matches précédents il est clair que jusqu'à présent son apport a été largement bénéfique.

Continuer à mieux jouer
Ce résultat négatif nous apprend aussi qu'il faut se garder des enseignements que certains nous assènent doctement, sans bien se rendre compte qu'ils sont creux comme des bambous. Ainsi avions nous entendu, après la victoire tirée par les cheveux contre Nice, des conclusions du genre : « il y a quelques semaines, ce match aurait été perdu. » Ah oui, et pourquoi ? Parce que Nantes était devenu plus fort en fin de match ? Parce que la chance lui souriait ?

Eh bien, cette fois, c'est la défaite qui est arrivée durant les dernières minutes. Comme quoi un résultat continue à tenir à très peu de chose. Et dame réussite, qui leur avait souri contre Guingamp et face aux Aiglons, a, en terre troyenne, tourné le dos aux Canaris jusqu'au bout. Norbert y a cru mais, sur son ultime tentative à la suite d'un centre d'Oliech, le ballon fut dévié et passa au-dessus de la cage de Le Crom.

Pour s'en sortir, Nantes doit d'abord continuer à mieux jouer, à conserver le ballon, comme il le fit parfois en seconde période, à multiplier les mouvements comme s'y appliquèrent Da Rocha, Savinaud et Dimitrijevic. Et surtout éviter de faire n'importe quoi et de reculer comme en première période, après l'expulsion de Julio Rossi.

Carton rouge pour Amzine
On en était alors à la 26è minute et tout se passait bien. Les Canaris avaient réalisé une bonne entame de match, ils étaient bien en place, ils contrôlaient les opérations, à l'image de Saidou, et ils faisaient circuler le ballon. Leur 4-2-3-1 avec Rossi sur la gauche, à la place de Payet, et Pieroni en pointe, tournait rond et à cet instant on ne remarquait pas trop la faiblesse et la lenteur de Boukhari. Les Troyens, eux, s'énervaient et Barbosa avait écopé dès la 4è minute d'un carton jaune pour une interventions furieuse sur Rossi. L'équipe de Furlan est moins offensive que son entraîneur le prétend, elle use aussi volontiers d'artifices. Dans ce contexte de nervosité, Amzine décrocha carrément le pompon. Légèrement bousculé par Rossi, il ne trouva rien de mieux que d'asséner un coup de poing sur le derrière de la tête de l'Argentin qui, immédiatement, s'écroula, en rajoutant quelque peu. Il reste que le rouge était inévitable pour Amzine, l'arbitre le sortit donc mais il ne put s'empêcher de gratifier également Rossi d'un carton jaune.

Puis pour Julio Rossi
Cette sanction allait vite devenir lourde de conséquences. Il était clair que les Nantais avaient intérêt à se tenir à carreaux pendant quelques minutes car visiblement Coué, qui ne se sentait pas très sûr de lui, avait envie de rétablir l'équilibre numérique. Or, Rossi ne sut pas freiner au moment où sa course croisa celle de Barbosa. L'accrochage était bénin, le Troyen n'en plongea pas moins avec délice sur la pelouse gelée et il était encore à terre qu'il demandait déjà le carton, sachant très bien quelle conséquence allait en résulter pour le Nantais. Bruno Coué, abusé, décida de lui faire plaisir et mit la main à sa poche. Rossi n'avait plus qu'à regagner le vestiaire. On pouvait estimer qu'il était tombé naïvement dans le panneau, on était aussi en droit de penser que c'était un peu fort de café et que la méthode de Coué n'est décidément pas la meilleure pour qui postule à être un bon arbitre.

Barthez arrête un penalty
Les deux équipes continuèrent donc à 10 contre 10 et, à partir de là, le match changea de tournure. C'est Troyes qui domina. Les Canaris cherchaient, sans trouver, la façon de remodeler leur équipe. Ils reculaient et sur leur flanc gauche, où Signorino se retrouvait esseulé, Lachuer et Barbosa ouvraient des boulevards. Il y avait déjà eu le feu sur le coup franc qui avait résulté de la faute de Rossi sur Barbosa, Pieroni ayant prolongé la reprise de la tête de Matuidi sur l'un des montants de la cage de Barthez. L'équipe nantaise resta sur des boulets ardents jusqu'à la pause et, à la 42è minute, une poussée de Boukhari dans le dos de Sanz déboucha sur un penalty. Là encore, cette décision parut des plus discutables. Certes, le Nantais avait touché le Troyen mais l'avait-il réellement poussé ? Et le plongeon de ce dernier ne relevait-il pas d'un pur numéro d'acteur ? Franchement, entre siffler une faute, passible de la sanction suprême, ou attribuer un carton pour simulation, le doute était permis et aucune image télévisée, bonjour la vidéo, ne permet de se faire une idée incontestable. Bruno Coué, lui, n'hésita pas : il désigna le point fatidique. Barthez sauva alors ses coéquipiers en plongeant du bon côté, sur sa droite, et en arrêtant en deux temps le shoot de Nivet.

L'occasion de Dimitrijevic
La seconde période commença plutôt mal pour Nantes avec un cafouillage où l'on vit Cetto contrer un ballon chaud dont Barthez finit par s'emparer. Puis Signorino toucha le ballon de la main sans faire broncher l'arbitre, ouf. Peu après, Emerse Faé demanda à sortir en raison d'une cuisse douloureuse et il fut remplacé par Dimitrijevic (50è). Progressivement pourtant, les Canaris s'installèrent dans la partie et ce fut un scandale de voir Bruno Coué jouer à l'aveugle sur un coup de coude en plein visage de Sanz sur Signorino. Un carton rouge eut été tout à fait logique. Dimitrijevic, lui, prenait ses aises, un petit coup de patte par ci, un petit coup de patte par là, il régulait le jeu, le clarifiait et, avec souvent l'appui de Da Rocha, il le rendait plus collectif. D'ailleurs, à la 66è minute, une passe millimétrée du second, du pied gauche, trouva l'ancien Briviste démarqué et avec du champ devant lui. L'occasion était belle, Miloche échoua malheureusement sur Le Crom. On évoquera un manque de maîtrise, de spontanéité ou d'audace (il aurait pu avancer davantage), on évitera cependant de jeter la pierre à Dimitrijevic. Il serait même intéressant de le voir à l'œuvre plus souvent tant il respire le jeu.

C'était la 89è minute
Boukhari n'a certes pas son talent et plus le match avançait moins son apport était notable, il n'était même pas capable de négocier les coups de pied arrêtés. Nul ne s'étonna dès lors quand on vit Georges Eo le rappeler sur le banc au profit de Guillaume Norbert. Ce dernier se montra tout de suite plus actif mais le côté gauche n'est pas celui qu'il préfère.

Nantes pourtant tenait toujours le bon bout et les Troyens recouraient plus ou moins aux expédients, tel Paisley qui, alors qu'il était à terre, accrocha le talon de Da Rocha par la main. Carton jaune, ce n'était pas très cher payé (82è). Il est vrai que l'arbitre était également resté passif lors d'une nouvelle main nantaise dans la surface, à inscrire cette fois au passif de Jean-Jacques Pierre (61è).

On avait encore noté une intervention express de Savinaud et une occasion de Da Rocha et on semblait s'acheminer vers un nul quand Dimitrijevic perdit un ballon qui déboucha sur un corner. Il restait une minute. Oliech avait remplacé Pieroni et, avec le recul, on se prend presque à le regretter car, sur les corners défensifs, l'ancien Auxerrois vient volontiers prêter son coup de tête à ses copains de l'arrière garde. Là, tout près du but, il y avait tout de même un point et surtout l'écart avec Troyes à préserver.

Lachuer expédia le ballon devant la cage nantaise et personne ne se présenta pour faire obstacle à Sanz. Barthez et les Canaris ne purent que constater la casse. Gaël Sanz, lui, paradait. Il avait provoqué un penalty peut-être imaginaire, bénéficié de la mansuétude de Coué par la suite et arraché le succès pour finir. C'était sa soirée. Ce n'était pas celle des Nantais dont les derniers efforts rageurs restèrent vains. Dommage de perdre ainsi, un peu bêtement, face à un adversaire assurément pas supérieur.

B.V, le 15 janvier 2007.