Une marche silencieuse organisée
On ne va pas revenir sur la tension qui entoure la rencontre. Une tension qui n'aurait pas du exister, si les dirigeants du Paris SG avaient pris leurs responsabilités, et la manière avec laquelle ils préfèrent mettre en scène le deuil plutôt que condamner les quelques abrutis du Kop Boulogne, montre qu'ils ne sont pas encore décidés à prendre les mesures qui s'imposaient déjà depuis longtemps. Ce soir il y aura un match sous haute surveillance avec des supporters parisiens en nombre, parmi lesquels des membres des factions racistes du Kop Boulogne. Les supporters parisiens ont même décidé d'organiser une marche silencieuse qui partira à 15 heures du centre ville de Nantes, direction La Beaujoire. La préfecture a donc autorisé un tel événement… sans doute aura-t-on droit à une minute de silence aussi. Nous ne pouvons pas faire abstraction de ce qui a conduit au drame. Nous ne pouvons pas accepter non plus que soit mis au même plan un supporter lyonnais qui avait trouvé la mort sur la route pour assister à un Nantes / Lyon et un « supposé supporter » noyé dans une masse aux idées fascisantes qui trouve la mort à vouloir en découdre avec du juif et du noir, à plus de 100 contre deux !
Guy Lacombe dernière ?
Les enjeux de ce match prennent aussi des allures mélodramatiques pour les deux clubs et leurs deux entraîneurs. Guy Lacombe se sait éjectable dès le coup de sifflet final. L'Equipe indique même que les dirigeants parisiens auraient contacté l'emblématique Raï pour lui succéder, quand bien même celui-ci aurait un CV d'entraîneur à écrire. Pour Georges Eo, l'urgence c'est aujourd'hui. Ça ne date pas d'hier… mais la sanction, si elle doit tomber, n'arrivera qu'à la trêve.
Eo 5 matchs pour convaincre
Ces menaces, c'est dire si dans le football moderne tout se fait dans l'urgence, si les dirigeants ont la gâchette fusible sensible et l'incompétence crasse. Ils se gargarisent de noms jolis à regarder et si l'entraîneur ne sait pas tirer la substantifique moelle d'un effectif prétendument de qualité, ils le virent. Le plus savoureux est que les successeurs annoncés coté nantais sont : Antonetti, Guy Lacombe et Vahid Halilhodzic. A coté d'un entraîneur qui a côtoyé durant des années deux personnalités telles que Coco Suaudeau et Raynald Denoueix, ces meneurs d'hommes étiquetés échecs assurés ne font pourtant pas le poids. Mais Jean-Luc Gripond a sans doute aimer plus que de raison l'effet Marcos…
Laissez les bosser et… réussir
Or nous pensons que l'effectif nantais est de qualité et que Georges Eo a tout ce qu'il faut pour redresser la barre. Lui comme ses joueurs ont besoin de temps. Au foot le temps c'est de l'argent à ne pas perdre. Georges Eo a besoin que ses dirigeants la mettent en veilleuse et arrêtent de croire qu'ils ont des choses intéressantes à faire valoir au plan technique. Ils n'y connaissent rien qu'on se le dise une fois pour toute. Les conditions techniques du recrutement de cet été en constituent un nouvel exemple des plus saisissants. Cet épisode a coûté la tête de Serge Le Dizet dont ils voulaient de toute façon se débarrasser.
Une réelle opportunité de s'en sortir ce soir.
Si on en revient enfin à ce qu‘on aime : le football et ses enjeux sportifs, ce soir le FC Nantes, malgré sa défaite à Lens et sa 19 ème place du jour qu'on souhaite temporaire, a une réelle opportunité de se donner enfin de l'air. En cas de victoire, les Canaris seraient en effet 15 ou 16 ème . Ça n'est certes pas glorieux mais ce serait extrêmement précieux. Car même si la seconde partie du championnat offre un calendrier, à domicile, des plus intéressants, s'approcher des 20 points à la trêve, passe ce soir par une victoire contre les Parisiens.
Payet et Signorino les vrais grands absents
Pour y parvenir, Georges Eo a décidé de se passer des services de Christian Wilhelmsson et de Nordin Boukhari. Autant pour le premier on comprend qu'il était temps de donner leur chance à d'autres, autant pour le second, on peut s'en étonner, sauf à penser qu'il n'a pas donné de signes encourageants cette semaine à l'entraînement. Il était d'ailleurs savoureux de lire la présentation du groupe faite par le site officiel du FC Nantes vendredi. Les deux joueurs n'étaient effectivement pas mentionnés comme les grands absents de la rencontre. On est étonné par cette sagesse soudaine, car ils ont vu juste. Les deux grands absents sont bel et bien deux blessés : Dimitri Payet et Franck Signorino.
Des soucis dans les couloirs
Georges Eo a donc quelques soucis à se faire pour l'animation des couloirs, d'autant que Capoue s'est lui aussi fait porter pâle. Cette semaine, lors des entraînements où Claudiu Keserü a semble-t-il retrouvé toute son efficacité, le coach nantais a essayé Diallo et Rossi dans les couloirs. Ça n'est évidemment pas la panacée, mais il faut bien trouver des solutions, quand bien même Da Rocha semble le mieux placé pour retrouver un poste de titulaire. Il reste aussi la solution Norbert à gauche, avec Guillon, Das Neves ou Savinaud derrière lui. Alors pourquoi pas les retours de Savinaud et Da Rocha face à leur grand ami Mickaël Landreau ?
Landreau de retour dans son jardin
Oui car Micka est de retour. Un retour qui passe quasiment inaperçu pour son 350ème match en Ligue 1. Il reste pour nous un symbole nantais du jeu, du plaisir de jouer. Quand on voit combien sa succession est difficile autant au poste de gardien que dans la vie du groupe, on mesure à quel point il nous manque. Nous préférerons le regarder lui, Yepes et Armand aussi, plutôt que ce qui se passera avant, pendant et après la rencontre du coté des supporters parisiens. Evidemment nous n'assimilons certainement pas l'ensemble de ces supporters aux quelques rares énergumènes qui gangrènent ce club. Non nous avons toujours préféré regarder du coté d'Auteuil plutôt que du coté de Boulogne.
Frédéric Porcher, le 26 novembre 2006