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Rikikis Amissis |
(Bestiaire
du vestiaire #2) |
Le
Petit Loïc (rikikis amissis) est ainsi appelé en référence
à sa taille que certains qualifient volontiers de ridicule. Quant
à nous, nous préférerons la qualifier de réduite.
Le petit Loïc se caractérise notamment par une voix grave
peu en rapport avec la délicatesse et la joliesse de son gabarit.
Si le rikikis amissis a réussi à échapper au rôle
de porte-clefs dans Fort Boyard, il le doit avant tout à une qualité
: son art du déhanché. Combien de fois cet admirable volatile
se joua-t-il de redoutables prédateurs, tels les effrayants Tronçonnus
Rohrus et Tibius Domenechus, grâce à de subtils déhanchés
qui laissaient pantois les sus-nommés bouchers ?
Mais ce ravissant palmipède cache également, sous son air
bourru, une fêlure que les ans n’ont réparé
qu’à grand-peine. En effet, pendant des années, chaque
nuit il se réveillait en sursaut, les plumes moites et le bec pâteux,
terrorisé par une voix qu’il aurait reconnu entre mille et
qui lui hurlait : « TOI courir et centrer sur tête MOI ! ».
Le Petit Loïc était trop frêle et trop fragile pour
résister au grand Comicus Vahidus. Même après l’envol
d’icelui, notre rikikis à nous tenta bien de se reconstruire
mais, ne réussissant définitivement pas à chasser
cette voix obsédante de son esprit, il finit par migrer vers la
douceur angevine lorsque le palmipède en chef de son cocon fit
venir pour le remplacer le Grand Dragan (Ridikulus Jakovlevicus).
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Observons ensemble si vous le voulez bien cet étrange volatile.
Bien sûr le visage de ce charmant compagnon de jeu semble exprimer
une certaine crispation. A sa décharge, n’oublions pas que
4 années de cohabitation avec le Comicus Vahidus ça vous
fait passer l’envie de vous taper le cul par terre tous les matins.
Tendons l'oreille, il serre les dents manifestement, il faut s'approcher
un peu encore et forcément se pencher, pour l'entendre enfin marmonner
: "Non je ne suis pas petit, j’ai le centre de gravité
un peu bas c’est tout."
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Las, rien n’y fit et le Petit Loïc retourna donc dans son nid,
la plume entre les pattes, pour s’occuper de jeunes oisillons tous
frais. Il en profita pour se reconstruire patiemment en apprenant à
ses protégés l’art du déhanché dans
l’évitage de nouveaux prédateurs toujours plus sanguinaires
et affamés (Cyrilis Roolis, plus connu sous le pseudonyme du boucher
du Sud-Ouest). S’il fit ses preuves dans ce rôle de Couveur
en Chef (au point qu’on lui confia l’escouade professionnelle
du nid), certains de ses jeunes protégés, sous couvert d’anonymat,
relatent une bien étrange manie chez notre volatile tout petit.
Ecoutons par exemple ce jeune oisillon qui n’a pas voulu dévoiler
son nom et que nous appellerons donc Emerse F. : « Au sortir de
joyeuses gambades collectives sur notre pré de la Jonelière,
il n’était pas rare de voir notre rikikis adoré se
précipiter vers un jeune pensionnaire de notre cocon qui s’esbaudissait
joyeusement avec ses congénères pour lui hurler «
TOI courir et centrer sur tête MOI ! ».
Sa devise : « Un jour viendra où je ferai un petit pont
à l’enragé parisien ».
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(Litteulced,
le 27 octobre 2004)
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