Une claque pour Roussillon
Que l'on nous comprenne bien : nous ne cherchons pas à mettre en opposition les joueurs issus du club à ceux venus de l'extérieur. La provenance d'un joueur n'a aucune importance, ce n'est pas le critère qui définit nos préférences. Ce qu'on demande d'abord à un footballeur, c'est d'être bon. Intelligent de préférence. De posséder une technique, une réflexion et un sens du jeu qui lui permettent de s'intégrer dans le style qui a fait la gloire et l'identité du FC Nantes. Le reste est assez secondaire et, franchement, un Bargas autrefois, un Moldovan hier, un Signorino parfois aujourd'hui (surtout celui de la saison dernière) nous ont très bien convenu.
On peut certes penser qu'un joueur élevé dans le centre de formation possède de meilleures chances de s'intégrer dans l'esprit maison, on suppose aussi qu'il est souvent moins bien payé, mais malgré tout, répétons-le, un très bon joueur venu d'ailleurs ne rencontrera aucune opposition de notre part. En revanche, s'il vient d'ailleurs, qu'il a été acheté à un tarif exorbitant, qu'il perçoit des émoluments de nabab, qu'il ne comprend pas grand chose au jeu et qu'il est donc, tous mécomptes faits, inférieur aux jeunes du centre de formation, on peut estimer qu'il décroche le pompon. Et que ceux qui l'ont fait venir sont des incompétents notoires. Or, il convient d'admettre l'évidence : les recrues, huit en huit mois, n'apportent pas, sauf exception, un plus depuis le début de la saison. Il y a eu erreur, pratiquement sur toute la ligne. A part peut-être Saidou et, dans une mesure moindre, Rossi. Le reste, brrrrr…. Il est vrai qu'on n'a pas encore vu la méga-star Adriano.
Du temps pour s'intégrer ? Mais à quoi ?
On nous dit : « il faut un certain temps pour s'intégrer. » Peut-être. Mais alors pourquoi, dès lors qu'on connaît cette exigence, acquiert-on, très cher, tant de nouvelle têtes ? Les dirigeants sont-ils idiots ? N'en ont-ils pas marre de jouer avec les finances, l'identité et l'avenir du club. Ou, il va bien falloir finir par poser la question : tant de commerce dissimule-t-il un autre trafic ?
On en entend aussi qui assurent qu'il est difficile de s'adapter à Nantes. Alors, là, excusez-nous, on rigole. Jaune certes, mais on rigole. C'était sans doute vrai il y a dix, vingt ou trente ans, quand Nantes jouait un football précurseur, progressiste, inventif, en mouvements. Un jeu qui lui était propre. Mais ça ne l'est absolument plus aujourd'hui. Tout simplement parce que le football à la nantaise n'est plus pratiqué par Nantes. Ou si peu. Nantes n'est plus qu'une équipe qui joue désespérément comme les autres.
Un manque cruel de qualité
Et comme Nantes aligne des joueurs d'une qualité inférieure à ceux de la plupart de ses concurrents, comme il n'a même pas un Savidan pour sauver la face (ancien joueur de National, 6 buts depuis le début de la saison, la moitié du total des Canaris), il se traîne dans les bas-fonds du classement. C'est logique.
Quand Wilhelmsson n'est pas là pour faire son numéro de cirque, c'était le cas contre Paris, c'est Oliech qui s'emmêle les pieds dès qu'il essaie de contrôler un ballon. Ou Cubilier qui glisse et qui ne voit pas les gars partir dans son dos. Même Diallo, dont on a si souvent dit du bien et dont les Nantais sont redevables pour l'éternité du but qu'il marqua contre Metz, est en perte de vitesse. « Mouillez le maillot » a crié encore le kop. Là, on n'est pas trop d'accord car on n'a pas l'impression que les joueurs ne font pas leur maximum, au contraire. On pense que le problème est à la fois plus simple et plus grave : ils manquent de qualité. Il n'y a que Roussillon, Gripond et les aveugles -vous avez dit pléonasme ?- qui ne s'en rendent pas compte.
Stojkovic ? Impossible à juger
Pour ne rien arranger, histoire en quelque sorte d'accroître leur paralysante angoisse, les Canaris ont eu la malchance de se compliquer la tâche d'entrée. Une fois encore ils ont encaissé un but sans avoir le temps de se mettre vraiment en place. Kalou a supris Cubilier, malheureux sur ce coup là, et il est allé asséner un superbe tir enroulé, pleine lucarne, à Vladimir Stojkovic que Georges Eo avait préféré à Vincent Briant. Disons d'ailleurs que ce choix n'a guère influé sur le scénario. Stojkovic ne pouvait pas grand chose sur le but de Kalou et par la suite il ne fut pratiquement plus sollicité, excepté une fois en seconde période, face à Mendy (48è). De là à avancer qu'il inspira confiance, à la fois à ses partenaires et au public, il existe une marge qu'on ne franchira pas. On vit notamment plusieurs ballons voler devant sa cage sans qu'il cherche à profiter de sa taille pour s'en saisir. Briant ne fait peut-être plus l'affaire, il est vrai que ces deux derniers matches n'avaient pas été des plus convaincants, il est clair pourtant que le problème du gardien demeure.
Pas une seule occasion en première période
Nantes se retrouva donc mené après moins de deux minutes de jeu. Autant dire, vu sa situation, ses limites et son manque de confiance qu'il avait les deux pieds dans le pétrin. Il y resta jusqu'à la pause. « Nous étions complètement inhibés , » regrette Georges Eo. En 45 minutes, hormis un coup franc lointain et sans danger de Rossi pour Landreau (9è), les coéquipiers de Fred Da Rocha, promu capitaine en l'absence de Mauro Cetto, ne tirèrent pas une seul fois au but. C'était désespérant. Heureusement, les Parisiens se montraient tout aussi empruntés, ils avaient déjà décidé de vivre sur leur butin et ils contenaient sans peine les timides amorces d'offensives locales. Aucun attaquant ne se montrait à son affaire, ni Da Rocha à gauche, ni Oliech à droite, ni Diallo en pointe, ni même Rossi qui pourtant s'activait beaucoup. Diallo, Oliech et Rossi essayaient bien de permuter, ils ne surprenaient pas les Parisiens pour autant .
Pour une fois, un arbitrage favorable
En fait, les dégâts auraient pu s'avérer autrement plus conséquents si à la 23è minute Bruno Coué ne s'était pas contenté d'un simple carton jaune pour un vilain coup de coude de Jean-Jacques Pierre sur Diané. S'il avait vu rouge, il n'y aurait rien eu à redire. Pour une fois, c'est assez exceptionnel pour être souligné, l'arbitrage avantageait donc plutôt Nantes. Ce fut encore le cas au début de la seconde période, lorsqu'une intervention illicite de Norbert sur Diané ne fut pas sanctionnée (49è). Il n'est pas surprenant dans ces conditions que les Parisiens, qui ont l'habitude de se plaindre sans arrêt, aient, Lacombe et Cayzac en tête, mis en cause l'arbitrage. « On menait 1-0, on nous refuse le penalty qui nous aurait permis de creuser l'écart , » pleurnichait le président du PSG. Encore aurait-il fallu, bien sûr, le marquer.
Da Rocha égalise
Lorsque cette péripétie intervint, le transparent Oliech (rappelez-nous m'sieu Roussillon combien il a coûté ?) avait débarrassé le gazon au profit de Claudio Keserü. Nantes ne s'en portait pas plus mal et Bernard Mendy aurait pu lui aussi écoper d'un rouge pour une faute musclée sur Emerse Faé. L'intervention ne valait certes qu'un jaune (54è) mais comme le défenseur parisien avait déjà été averti… Faé se multipliait d'ailleurs un peu partout, essayant de sonner le signal d'une révolte dont on entrevoyait les prémices.
Keserü, qui s'était placé à la pointe de l'attaque, marqua un premier but refusé pour une position préalable de hors-jeu de Rossi, pas forcément évidente (65è). Puis Dimitrijevic succéda sur le flanc droit à Diallo (73è). Deux minutes plus tard, Milos se montrait décisif en décochant le centre de l'égalisation pour Da Rocha. Lequel, qui haussait la cadence au fil des minutes, venait ainsi de gagner son pari : il avait marqué contre son copain Landreau.
Si on jette un œil sur le classement…
Le dernier quart d'heure fut plus animé que les 75 minutes qui l'avaient précédé. Nantes avait retrouvé un peu d'allant, davantage d'envie, un soupçon d'enthousiasme. Il n'en restait pas moins le cul entre deux chaises, à la merci d'un contre de Pauleta ou de Kalou, lesquels ne sont quand même pas les premiers venus. Fallait-il se contenter d'un nul qui représentait un moindre mal compte tenu du scénario ou convenait-il d'essayer de forcer la victoire, en risquant de tout perdre ? Comme du côté parisien, on hésitait aussi à se livrer à fond, on en resta là. Das Neves sauva devant un Pauleta menaçant (88'), Norbert expédia un ballon à côté (89è) puis Pauleta obtint un corner synonyme de grande frousse (91è).
Les Nantais ont donc mieux terminé. Pourtant, si on considère le film de la rencontre, on peut s'estimer heureux du point qui a été sauvé. Et dès lors qu'on jette un coup d'œil au classement, qu'on constate le trou qui s'est creusé entre le 15è et le 16è, comment ne pas redouter des lendemains qui s'annoncent forcément difficiles ?
B.V, le 27 novembre 2006.