Pas une miette de jeu à la nantaise
Tout est dit. Paris n'est pas parvenu à matérialiser sa supériorité, même si, pour une fois, il a à peu près évolué en équipe. Nantes n'a pas eu les idées suffisamment claires ni probablement les jambes pour initier, seulement initier, le jeu qui lui aurait permis d'échapper à l'impact physique adverse. Cette fois, mieux vaut ne pas évoquer le football à la nantaise, on n'en a pas vu une seule miette !
En fait on a bien peur qu'on ait eu sous les yeux la triste réalité. D'un côté un sixième ou septième du classement qui possède des individualités mais pas de fond de jeu et ignore totalement la notion de spectacle. De l'autre, une formation de bas de tableau qui essaie de raccommoder tant bien que mal, et plutôt mal que bien depuis quelques temps, les derniers morceaux du football qui fit sa gloire. Le rendez-vous s'est achevé sans but, ce qui n'est guère surprenant, et sous les sifflets, réaction qui nous ennuie toujours un peu. Car le public nantais, s'il a raison d'être exigeant, doit aussi se rendre compte qu'actuellement les Canaris sont limités.
Ailleurs, on aurait applaudi
Dans n'importe quel autre stade dont l'équipe végète depuis plusieurs mois dans la seconde moitié du classement et où on a échappé par miracle à la descente, il y a tout juste neuf mois, pareil résultat, face aux nantis parisiens, aurait été en effet applaudi. Le public nantais, lui, est sévère, il ne contribue pas à mettre les siens en confiance. C'est un premier point. Maintenant, est-ce que les Canaris pratiquent le football qui leur permettrait de progresser, de rétablir leurs certitudes et de s'attirer les sympathies ? Ce sont d'autres questions. Un véritable débat en fait et il devient d'autant plus crucial que les Canaris ont entamé la partie avec seulement six joueurs issus de la maison jaune dont les inamovibles Landreau, Savinaud et Da Rocha. Les trois autres étaient Toulalan, Guillon et Faé. Et si des joueurs comme Diallo et Signorino paraissent répondre tout à fait à l'esprit collectif maison, on ne possède pas des certitudes identiques concernant les autres…
Il aurait fallu être nantais
Si le foot à la nantaise fout le camp, ce n'est donc pas un hasard. D'autant que les recrues stars ne répondent pas aux espérances. Julio Rossi se montre ainsi de moins en moins convaincant au fil des rencontres. Va-t-il nous faire une Jean-Jacques Pierre et disparaître de la circulation ? On attend une réaction de sa part. On a hâte aussi de voir Oliech à l'œuvre. On ajoutera que Nantes accentue sa fâcheuse habitude d'évoluer sans meneur, sans créateur. Yapi est parti, Dimitrijevic est en disgrâce, provisoire on l'espère. Ce sont pourtant avec de tels éléments qu'on aurait pu éviter le jeu de duels dans lequel Nantes s'est lancé contre Paris. Jeu qui de toute évidence était perdu d'avance. Au lieu de rechercher l'épreuve de force, il aurait fallu être imaginatif, mobile, technique. Il aurait fallu être nantais…
Landreau décisif
Le match au moins n'a pas été perdu. C'est déjà ça et dans l'optique du maintien il s'agit absolument de l'une des deux seules satisfactions de la soirée. L'autre est la forme éblouissante de Mickaël Landreau, lequel a fait regretter un peu plus son absence à Lyon. Sa première intervention se produisit à la 5è minute, sur un shoot de la droite de Landrin. Ce ne fut pas la dernière, loin s'en faut car les ratés de la défense furent assez fréquents. Heureusement, côté parisien la sérénité n'était pas de mise non plus, Armand donna d'ailleurs le ton en concédant maladroitement un corner inutile. Mario Yepes ne se montrait pas non plus à son avantage, en voilà deux qui n'ont pas progressé depuis leur départ de Nantes. Armand qui à une époque frappa à la porte de l'équipe de France s'en est singulièrement éloigné et s'il rigolait du temps où son successeur à La Beaujoire était un certain Viveros, il a pu s'apercevoir que le poste est désormais mieux pourvu. Même si Signorino vécut une première période délicate face à Pancrate. L'ex-Manceau lui laissa peu d'occasions de humer le bon air des contre-attaques et il lui signala dès la 10è minute qu'il serait bien inspiré en restant prudent. Cette fois encore, Landreau sauva la mise.
Pas de mouvements, pas de soutiens
Dans l'à peu près qui était de mise dans chaque camp, c'est tout juste si on notait un centre au… troisième poteau de Faé (12è), un shoot de Diallo repoussé par Alonzo (il s'agissait de la première tentative nantaise et on avait atteint la 23è minute) et une action isolée de Bamogo (36è). Les Nantais manquaient cruellement de mouvement, personne ne bougeait suffisamment pour offrir des solutions au porteur du ballon. Celui-ci se trouvait ainsi réduit à balancer de grandes fusées devant, lesquelles étaient perdues d'avance, ou à revenir en arrière. Solution plus sage mais totalement improductive. C'était plutôt tristounet. Ce l'eut été davantage encore si Landreau n'avait réalisé une parade exceptionnelle sur une volée de Kalou à la 39è minute. Armand botta alors un corner que Cissé prolongea de la tête pour l'ancien Auxerrois dont la reprise prenait la direction des filets. Mickaël évita le pire en projetant sa main gauche, le ballon rebondit sur l'épaule de Faé, posté sur la ligne et s'éloigna du but. Ouf !
Pauleta sur un poteau
Nantes termina donc la première période laborieusement. L'ennui est que le début de la seconde s'avéra encore plus difficile. Le 4-2-3-1 mis en place par Le Dizet, avec Da Rocha dans le couloir droit, Rossi au centre et Bamogo à gauche (ces deux derniers permutant « volontiers »), donnait dans l'à peu près et les Canaris se montraient incapables de conserver le ballon. On sentait que si Paris parvenait à ouvrir le score les carottes seraient irrémédiablement cuites. Or, Pauleta se créa une occasion véritablement en or, dès la 48è minute. Décalé sur la gauche, il ajusta Landreau. La capitaine nantais, cette fois, était battu. Le ballon ricocha sur le montant… Il revint sur le Portugais qui, dans un angle devenu impossible, ne parvint pas à trouver le chemin du but, où Signorino et Guillon s'étaient repliés à toutes pompes.
Nantes avait eu chaud. Très chaud. Et pourtant l'air était glacé à La Beaujoire, à cause du froid bien sûr mais en raison, aussi, de la pauvreté du jeu. Le Dizet fit entrer Bocundji Ca à la place de Julio Rossi, comme s'il voulait d'abord préserver le nul et vu la tournure des événements on ne pouvait guère lui donner tort. Nantes prenait en effet l'eau de toutes parts et Landreau héritait d'une nouvelle occasion de briller sur un tir de Kalou (63è). Puis Guillon faisait barrage de justesse face à Landrin (64è). Ce furent de terribles minutes où la seule question qui semblait d'actualité consistait à deviner à quelle minute la limite de rupture allait être atteinte. Les Nantais, battus dans les combats physiques, écopaient comme ils pouvaient et leur embarcation paraissait de plus en plus mal barrée.
Merci les Parisiens
Le salut vint des… Parisiens. Sylvain Armand, qui avait déjà récolté un carton jaune à la 50è minute pour un tacle dangereux sur Da Rocha, commit une nouvelle faute sur Emerse Faé, lequel n'avait sans doute pas cherché à l'éviter. Mais après tout, c'était à Armand de faire preuve d'un minimum d'intelligence. Laurent Duhamel sortit un deuxième carton jaune, synonyme de rouge, et l'arrière gauche parisien prit la direction de son vestiaire, en prenant soin, au passage, de briser l'abri en plexiglass du délégué du match. Plus bête, tu meurs !
Il restait 21 minutes. A 11 contre 10, Nantes réussit enfin à équilibrer les débats. On dit bien équilibrer car, en dépit de son avantage numérique, il ne domina nullement. Du moins sa défense ne se retrouva-t-elle plus sur le gril. Il faut dire aussi que Guy Lacombe avait eu la riche idée (pour Nantes) de sortir Pancrate au profit de Bernard Mendy. Il avait ainsi diminué le potentiel offensif de son équipe et personne, du côté des Canaris, ne songea à s'en plaindre, surtout pas son « copain » Le Dizet.
Les deux équipes semblèrent en tout cas se satisfaire du nul, Nantes reprit même un peu de couleur et, durant les arrêts de jeu, Frédéric Da Rocha, rageur, faillit lui donner la victoire, sur un shoot croisé. Sur l'ensemble du match, c'eut vraiment été flatteur….
B.V. le 26 février 2006.