Les malheurs de Heurtebis
Voilà qui nous ramène à Valenciennes et donc au troisième revers en six matches des Canaris. Au risque d'être contredit, on considère toutefois qu'il est moins préoccupant que celui subi à Lorient ou même que le nul concédé face à Troyes à la Beaujoire. Il n'y a pas eu de démission au stade Nungesser, pas de médiocrité non plus. Le problème est qu'il y a eu un but casquette, à inscrire au passif de Tony Heurtebis, auteur d'un mauvais renvoi aux 6 mètres. Savidan en profita pour récupérer le ballon. Les défenseurs nantais, surpris, réagirent avec un temps de retard et il s'en alla marquer le seul but de la soirée.
Heurtebis avait sans doute rêvé d'un autre scénario pour sa première titularisation dans la cage des Canaris. C'était bien en effet la première fois qu'il la gardait, non pas en raison d'une blessure du titulaire, mais parce que l'entraîneur avait tout simplement considéré qu'il est le meilleur de l'effectif. Sur ce plan-là, et malgré sa bévue, il n'a pas souffert de la comparaison avec Stojkovic, son entente avec ses partenaires et la confiance qu'il leur inspire ayant même paru assez supérieures. Il est vrai aussi qu'il n'a guère été sollicité. Reste à savoir s'il ne va pas payer son erreur cash, dès le prochain match. Et éventuellement au profit de qui, de Stojkovic ou de Briant ?
Croient-ils encore aux valeurs nantaises ?
Lorsque ce coup dur survint, la première période approchait de son terme et Nantes avait fait jeu égal avec son rival. Il le devait pour une bonne part à son milieu de terrain composé par Dimitrijevic (devant la défense), Emerse Fae (à droite), et Fred Da Rocha (à gauche). Le premier montrait qu'il sait se servir du ballon et il apportait de l'eau au moulin de ceux qui assurent qu'il devrait être titularisé plus souvent. Mais sur ce plan, qu'on se le dise, tout le monde est responsable : l'entraîneur qui ne lui fait pas suffisamment confiance, le recruteur et le président qui ont acheté un ou des joueurs qui lui sont inférieurs et ont ainsi accentué ses doutes. Ce qui, sachant que Dimitrijevic possède les qualités de base d'un footballeur nantais, nous amène à poser l'obsédante, angoissante question : les décideurs, quels qu'ils soient, croient-ils encore au jeu à la nantaise ? Si ce n'est pas le cas, qu'ils dégagent. Tous ! Au nom d'Arribas, Suaudeau, Denoueix et des valeurs qu'ils incarnent. Oh, excusez-nous : là, on rêve. Et puis, on l'a dit, c'est trop tard : la saison est partie.
Bonnes intentions, pas d'efficacité
La défense composée de Cubilier, Savinaud, Guillon et Signorino (Cetto avait été logiquement invité à patienter sur le banc après ses « exploits » à Lorient) n'était pas trop inquiétée, même si Bratu, à l'aile droite de l'attaque valenciennoise, faisait souffrir Signorino, normalement un peu court au point de vue physique. Et même si au centre Dufresne et surtout Savidan contraignaient Savinaud et Guillon à tirer la langue. Savidan, quatre buts depuis le début de la saison, est un Angevin de 28 ans que les Valenciennois sont allés chercher en 2004 à Angoulême, ce n'est pas très loin. Nantes manquait de tonus mais il vécut une première demi-heure assez tranquille, on pourrait même écrire satisfaisante pour une équipe de bas de tableau évoluant hors de ses bases. Le problème est que ses bonnes intentions s'étiolaient dès qu'on approchait à une trentaine de mètres de la cage de Willy Grondin, en raison pour une bonne part d'un manque de synchronisme entre Oliech et ses partenaires, Rossi notamment. Le Kenyan n'évoluait pas dans le même tempo et jouait souvent à contre-sens.
ne seule occasion : le coup franc de Keserü
A partir de la 30è minute, Nantes dut cependant endurer deux alertes, à chaque fois sur des centres de Bratu. Une reprise de volée de Haddad passa au-dessus. La température montait (à propos, le thermomètre affichait 25 degrés à Nungesser), il n'y avait toutefois pas vraiment le feu et on en était encore à 0-0 à la 38è minute lorsque Heurtebis alluma la mèche fatale. Savidan se signala de nouveau à la 42è minute en prenant de vitesse Savinaud et en décochant un shoot croisé. Le gardien nantais le stoppa.
Dès le début de la seconde période (51è minute), Le Dizet apporta du changement en lançant Keserü et Wilhelmsson à la place d'Oliech et de Rossi. Nantes posa alors sa patte sur la partie. Dimitrijevic se montrait toujours aussi actif, Faé (qui alternait avec Da Rocha) aussi. Du coup, l'Ivoirien était d'ailleurs soumis à un régime de chocs par les Valenciennois. Et c'est sur un coup franc que les Canaris se créèrent leur meilleure occasion. Keserü, vingt mètres face à la cible, le botta au-dessus (60è).
Triste fin
Ce fut malheureusement à peu près tout. Nantes poussa courageusement, ardemment, Guillon alla même se pointer aux avant-postes mais la défense valenciennoise avait fermé la porte et elle maîtrisa toutes les attaques. Ce sont d'ailleurs les Nordistes qui faillirent marquer un deuxième but sur des contres. Savidan, Signorino à ses trousses, se présenta ainsi devant Heurtebis durant les arrêts de jeu et il fut tout près de doubler la note. A cet instant, le chrono du stade s'était curieusement arrêté (à la 83è minute), histoire d'ajouter à la confusion qui avait progressivement gagné les pensées nantaises. Une grande tristesse s'y ajouta au coup de sifflet final, Faé s'assit sur la pelouse, épuisé et déçu, et Dimitrijevic quitta le terrain avec son maillot sur le visage, pour dissimuler ses larmes et son incommensurable chagrin.
B.V, le 18 septembre 2006.