Maintenant, il faut faire avec ce que l'on a
L'heure n'est pourtant pas à se déchirer, à jeter le bébé, l'eau du bain et la baignoire : ce serait prendre le risque de chuter encore plus bas, peut-être jusqu'à la Ligue 2. La saison est partie, il faut maintenant faire avec ce qu'on a, les joueurs, l'entraîneur, le recruteur, le ou les présidents, et l'octogénaire actionnaire que le foot n'intéresse pas. Et même si on admet aisément que l'ensemble n'est pas mirobolant, il convient à présent, au contraire, de se serrer les coudes, de mobiliser les énergies, de revenir aux valeurs essentielles, celles du terrain. En essayant d'y produire un jeu cohérent. Et en évitant les querelles en coulisses ou les débats secondaires. Est-ce possible ?
Virer l'entraîneur n'est pas la meilleure solution
Rudi Roussillon qui n'est tout de même pas bête va-t-il le comprendre ? Jusqu'à présent, il s'est conduit comme un dirigeant qui considère le football comme un monopoly, et non un patient jeu de construction où les pièces s'imbriquent entre elles et sont dépendantes les unes des autres. Il a mené une politique commerciale, digne de Metz et de Strasbourg, avec achat de joueurs venant de championnats secondaires qu'il a présentés comme des stars. Or, il est urgent de revenir aux méthodes qui ont fait le bonheur et la grandeur de Nantes. Virer son entraîneur n'en fait pas partie, non pas que nous soyons un inconditionnel aveugle de Serge Le Dizet, qui s'exprime trop souvent de manière maladroite, qui ne parle pas assez de la joie de jouer et trop des états d'âme, y compris des siens, et qui n'a sans doute pas su s'opposer de manière suffisamment ferme au recrutement de joueurs qu'on lui a imposés. Mais nous savons bien que sur le marché des entraîneurs chômeurs il n'existe pas mieux. Un nouveau Marcos, gesticulateur du bord de touche mais piètre tacticien, non merci ! Quant à Coach Vahid, on a déjà donné dans le genre avec Blazevic.
Pas avant la fin du mois en tout cas
Roussillon a bien sûr été questionné, samedi soir, sur le sujet Le Dizet. Etait-ce son dernier match ? Il a répondu :« Il sera encore là mardi contre Toulouse puis dimanche face à Marseille. Ce sont deux rendez-vous importants, deux occasions de nous relancer, il faudra les saisir. ». Bien. Le coach dispose donc d'au moins huit jours supplémentaires. Mais une autre question a vite été soumise à Roussillon : « Ce qui sous-entend que si ces deux rencontres se passent mal, Le Dizet, cette fois, sera bien viré ? ». « Ce n'est pas ce que j'ai dit, a répliqué le président nantais. N'interprétez pas mes paroles. »
Le Dizet a-t-il dès lors jusqu'à la fin du mois ? « Le déroulement de septembre rappelle drôlement celui d'août » a fait remarquer un reporter. « Septembre n'est pas encore achevé, » a tranché Roussillon. On nota aussi qu'il eut cette réflexion : « on me reproche mon ingérence dans le domaine technique, je vais donc laisser l'entraîneur préparer les prochains rendez-vous. »
Et si chez Dassault, on pensait à virer le président ?
En fait, le bras droit de Dassault a semblé en panne de communication, alors qu'il est pourtant présenté comme un champion du genre. Mais lui-même l'a cherché en déclenchant un vain et inutile combat contre les médias. Même si ces derniers continuent encore à lui tendre leurs micros (pourtant ne serait-ce pas lui qu'il faudrait boycotter en premier ?), ils pourraient progressivement et logiquement montrer moins de complaisance à son égard.
Virer l'entraîneur est une possibilité, Roussillon ne l'exclut pas à court terme, virer le président constitue une autre sanction. Après tout, on ne voit pas pourquoi on n'envisagerait pas cette hypothèse chez Dassault où il ne doit tout de même pas se trouver que des inconséquents. Et si on n'y pense pas, pas encore du moins, il pourrait en aller différemment lorsque l'éventuel successeur de Le Dizet aura plongé le club encore plus bas, une chute sportive risquant fort d'aller de pair avec de gros dommages financiers, les seuls susceptibles d'attirer véritablement l'attention de Dassault.
Tout cela pour dire que le président et l'entraîneur ont, à notre sens, davantage intérêt à faire front commun qu'à s'entredéchirer, ce genre de querelles n'ayant jamais conduit un club très loin. Que Roussillon arrête de fixer des ultimatums aussi bêtes que chou, qu'il laisse les techniciens et les joueurs oeuvrer en paix. Sans tout remettre en cause à chaque match, même si c'est une défaite, comme trop souvent actuellement.
B.V., le 18 septembre 2006