Des recrues pour sombrer
«  Monaco c'est avant tout des individualités, par contre leur jeu collectif n'est pas très élaboré  ». Japhet N'Doram connaissait effectivement bien ce Monaco qui ne ressemble plus à rien, ce Monaco amoncellement de mercenaires grassement payés qui a oublié son jeu léché et sa chance donnée aux jeunes issus de son centre de formation. Tiens, tiens… Le « sorcier » nantais, téléguidé par les « boutiquiers » Gripond et Roussillon, a pourtant cautionné en début de saison le même type de politique, avec juste beaucoup moins d'argent, mais davantage de matière plus « grisée » que grise… A tel point qu'au match aller, Monaco, avec un nouvel entraîneur issus de la maison en lieu et place du « Vahidien » Laszlo Boloni, était dernier après avoir perdu à La Beaujoire. Nantes n'était guère mieux loti. Monaco s'en est sorti, pas Nantes… On se dit que les recrues des rouges et blancs devaient être juste un peu moins mauvaises mais pas forcément plus motivées.

Il était une fois Nantes et Monaco…
Les oppositions entre les deux clubs étaient autrefois attendues car elles garantissaient ce qui se faisait de mieux dans l'hexagone en matière de beau jeu. Canal + surlignait les dates longtemps à l'avance. Il avait même choisi un Nantes / Monaco pour inaugurer sa future mainmise sur le football français. En matière de foot et de jeu, samedi soir, ce fut le néant coté monégasque, tandis que les Canaris ont récité pendant une demi-heure un football appliqué, cohérent et souvent emballant, avec les seules bonnes pioches de sa noire saison : Saidou et Barthez

Da Rocha un « gaucho » sur le Rocher
Oui, après quelques escarmouches non cadrées (Diallo, Piquionne) ou sans danger (Keserü, Koller), tout s'était bien enchaîné pour le FC Nantes qui dominait de plus en plus et sur sa première offensive bien construite jusqu'au bout, le « fidèle vieux briscard » Da Rocha trouva l'ouverture. Da Rocha dernier témoin d'un autre temps et prolongé à la baisse à l'intersaison quand de gros salaires sans garantie venaient artificiellement gonfler l'effectif des Canaris. Le premier quart d'heure touchait à sa fin et Nantes touchait au but : ne rien encaisser pour ne pas se découvrir trop rapidement en cherchant à combler son retard. Faé était servi coté gauche. Il résistait à Perez, l'éliminait, puis se jouait de Cuffré avant de changer le jeu pour Da Rocha à l'affût au second poteau et à la limite du hors jeu. Le numéro 8 des Canaris remisait alors en première intention au premier poteau pour Diallo. Le Malien, trop court, était devancé de justesse par Givet. Mais par bonheur le ballon revenait dans les pieds de Da Rocha qui frappait instantanément au but du gauche et faisait mouche (15')

Diallo dans tous les bons coups…
Les Monégasques, bouffés dans les duels et dans l'envie depuis le début de la rencontre, sombraient de plus en plus et n'avaient pas le temps de réagir. Ils savaient pourtant qu'une défaite pouvait les inclure à la charrette du maintien, mais ils restaient sans idées si ce n'est à trouver la tête de Koller, leur géant chauve. Nantes ne leur laissait pas le temps de préparer une réplique. Deux minutes après l'ouverture du score, Das Neves montait et servait Diallo à droite. Le Malien poursuivait sa course avant de centrer au second poteau pour la tête smashée de Payet, obligeant Roma à plonger coté droit pour capter difficilement le ballon en deux temps (17').

… mais il oublie Keserü !
Nantes ne s'en satisfaisait évidemment pas. Cinq minutes plus tard, Da Rocha trouvait Diallo lancé en profondeur à la lutte avec Givet. D'un contrôle formaté « aile de pigeon » du talon, le Malien malin s'emmenait le ballon et laissait l'international français sur le carreau. Mais Diallo est en manque de buts. La presse lui a assez rappelé ses faibles statistiques quand le meilleur buteur de la saison dernière souhaitait approcher à nouveau les 10 buts. Depuis plusieurs rencontres il frappe dès qu'il le peut. Il ne voit que le but et il en oublie des partenaires mieux placés. Difficile de reprocher à un attaquant de tenter sa chance, mais là… Là Keserü était seul au point de penalty. Diallo pouvait lui glisser le ballon et on sait combien le jeune Roumain est à l'aise dans ce genre de situation. Diallo n'a pas vu ou n'a pas voulu voir. Il est obnubilé par le but, par l'idée de marquer. Il shoota malgré l'angle fermé. Roma fut à la parade et Keserü manifesta son incompréhension.

Les Canaris ne le savaient pas encore, mais ils venaient sans doute de laisser passer leur chance de gagner et de profiter pleinement d'une soirée qui s'annonçait sous les meilleures auspices, puisque sur les autres stades, Nice, Troyes et bientôt Sedan étaient dans de sales draps. D'autant qu'une minute plus tard, les Jaunes eurent encore l'occasion de creuser l'écart. Mauro Cetto s'aventura au-delà de la ligne médiane, il servit Diallo qui transmit à Payet à gauche. Le jeune Réunionnais se recentra sur son dribble et prit les défenseurs à contre-pied. Un classique pour lui, mais sa frappe ne put que tutoyer le poteau de Roma battu sur le coup (23').

Une bonne demi-heure et puis deux égarements
Durant cette première demi-heure le FC Nantes avait donc dominé. Il avait fait ce qu'il croyait être le plus dur puisqu'il menait. Peut-être éprouvait-t-il alors le besoin de souffler ou peut-être perdit-il de son rythme quand Yaya Touré fut contraint de sortir à la suite d'un tacle répréhensible de Dimitri Payet. A moins que ça ne fut le choix de Banide qui s'avéra payant lorsqu'il décida de remplacer une grande bringue parfois talentueuse et décisive au milieu de terrain par Pino un jeune attaquant virevoltant (30'). On cherche ce qui a pu concourir aux absences nantaises durant huit minutes fatales. Plus que le contexte, les causes furent davantage à chercher du cotés de certaines insuffisances individuelles.

Des erreurs qui coûtent très chers
Ainsi, quand Da Rocha perd le ballon au milieu coté droit, il ne sait pas encore que Signorino ne pourra pas détourner complètement le renversement de jeu de Monsoreau vers Piquionne. Il ne sait pas non plus que le centre anodin de l'ex-Stéphanois ne sera pas maîtrisé par Jean-Jacques Pierre au premier poteau. Il ne sais pas enfin que le ballon reviendra dans l'axe à Perez, lequel aura le temps de contrôler avant d'ajuster Barthez qui, gêné par une forêt de jambes, s'inclinera sans avoir eu encore aucun arrêt à effectuer (35‘).

Il manque des centimètres à Signorino
Signorino était effectivement de retour tandis que le grand Guillon se retrouvait sur le banc. C'était le seul changement opéré à « une équipe qui gagnait ». Drôle de saison pour l'ex-messin. On lui promit un temps le poste de capitaine suppléant, mais lorsque l'occasion lui fut donnée de « présider » ses coéquipiers c'est Saidou qui lui fut préféré. Lorsqu'il souffla aux dirigeants nantais d'aller pêcher son copain Obraniak à Metz, ceux-ci allèrent chercher Zaïri… Depuis, l'un a joué la Ligue des Champions avec Lille tandis que l'autre n'a rien montré avant de se blesser…

Les bleus à l'âme de Signo
Signorino a eu du bleu à l'âme, ça s'est ressenti un peu dans les jambes, mais jamais son envie et sa combativité ne furent en cause. Il y a par contre des lois de la nature contre lesquelles on ne peut pas lutter. Sur le premier but, il n'est pas coupable d'être un poil trop petit. Sur le second, peut-être l'est-il davantage. C'était à la suite d'un corner botté par Camel Meriem. Le ballon était dosé pour atterrir aux alentours du premier poteau, suffisamment loin de la cage pour dissuader Barthez de partir à l'abordage face aux grands monégasques. Givet décolla et catapulta le cuir au fond des filets de Barthez (43'). Signorino avait semble-t-il hérité du marquage de Givet, un spécialiste, sur les corners. Drôle d'idée, puisque Givet n'eut aucune difficulté à se hisser largement au-dessus de lui. Ça n'est pas la première fois que l'ex-Messin est coupable dans ce genre de situation. Apparemment ça n'a pas sauté aux yeux des différents techniciens… Signorino davantage victime que coupable donc… Mais Signorino ose-t-il encore parler dans le vestiaire alors qu'on l'en a apparemment dissuadé ?

Pieroni et Rossi ont failli égaliser
En seconde période « le latéral de poche » sera encore trop court sur les deux occasions monégasques : reprise de volée de Kallon au-dessus (55') et remise de la tête de Piquionne pour Koller qui enchaîne d'une frappe en pivot devant un Pierre un peu tendre (62'). Ce sera d'ailleurs les deux seules occasions monégasques, avant deux nouvelles opportunités en fin de rencontre alors que Nantes se rue à l'attaque et que William Vainqueur, qui a remplacé Saidou peu avant le repos, ne perde deux ballons dans l'axe, que ne pourront exploiter Leko (89') et Meriem (90+2').

Même si la seconde mi-temps fut un peu plus équilibrée, ce sont encore les Nantais qui se procurèrent le plus d'occasions. Ce fut d'abord Claudiu Keserü qui bénéficia d'une étourderie de Bolivar mise à profit par Payet. Malheureusement, comme en première période, le jeune Roumain se retrouva sur son pied droit et il ne trouva pas le cadre (56'). Nantes insista encore dix minutes plus tard quand Payet repiqua à nouveau dans l'axe et chercha un relais avec Da Rocha. Le ballon revint finalement à Emerse Faé dont la frappe à raz de terre n'inquiéta pas suffisamment Roma (68'). Entre temps Luigi Pieroni avait remplacé un Keserü trop souvent oublié dans la dernière passe. L'attaquant belge bénéficia dans la surface, la seule zone où il peut être efficace, d'un bon jeu en triangle entre Diallo et Das Neves. Mais sa frappe croisée ne trouva pas le cadre, d'autant que Roma en accentua la trajectoire (74').

Diallo tout près d'égaliser à l'ultime seconde
C'est le second entrant des Canaris qui fut tout prêt de marquer. Julio Rossi venait à peine de rentrer qu'il eut la possibilité de marquer sur coup-franc. Sa frappe fut détournée par le géant Koller, meilleur quand il saute que lorsqu'il fait du cinéma à terre. Roma était pris à contre-pied, mais le ballon passa légèrement au-dessus (80'). Le temps défilait. Barthez jouait dans le rond central et il y a longtemps que Cetto s'était mué en avant-centre. Après deux contres monégasques infructueux, Diallo semblait pouvoir profiter d'une première erreur de Roma. Le gardien italien était « sorti à l'aventure ». Trois monégasques, dont Koller revinrent à grandes enjambées vers le but. Diallo décida malgré tout de frapper dans un angle fermé. C'était cadré mais Koller repoussa sur sa ligne. Cetto était pourtant seul au point de penalty…

Nantes aurait du l'emporter, mais il a en définitive perdu trois points et plus encore l'occasion de faire seul la très bonne opération de la soirée. Pourtant en insistant ainsi, il sera assurément récompensé. Une remarque qui vaut à l'extérieur, car à domicile on est encore loin du compte… Autant dire que face à Sedan, 5ème attaque du championnat, il faudra se montrer plus séduisant que contre Nancy ou Auxerre pour ne pas obérer ses chances de s'en sortir en fin de saison…

F.P. le 19 mars 2007