Chevanton égalise à la 89è minute
Il est vrai qu’on atteignait la 89è minute quand Chevanton parvint,
pour l’une des rares fois de l’après-midi, à prendre
l’avantage sur Mauro Cetto et à placer à ras-de-terre
un shoot sur lequel Mickaël Landreau se détendit en vain. Le défenseur
argentin, qui avait livré à l’empoisonnant et talentueux
Uruguayen de Monaco un duel dépourvu de civilités, ne put dissimuler
un geste de dépit. Peut-être avait-il fini par tomber dans le
piège de son adversaire qui depuis plusieurs minutes s’ingéniait
à l ‘asticoter et à le provoquer afin de lui faire perdre
son calme. Mauro s’était souvent assuré l’avantage,
une fois l’Uruguayen s’était même retrouvé
dans les panneaux publicitaires (ils vantaient les mérites de Karl
Lagerfeld, en Principauté on ne se refuse rien côté sponsors).
Là, sur ce dernier coup, c’est lui qui eut le dessous.
Nantes maître du ballon
Mauro Cetto a pourtant accompli un bon match, notamment en première
période où on le vit sortir plusieurs fois ballon aux pieds
et s’appliquer dans ses relances. Il faut dire que Nantes empoigna la
partie par le bon bout, en s’assurant le contrôle du cuir et en
sachant le faire circuler de manière agréable, à défaut
d’être réellement efficace. Bocundji Ca et Toulalan se
complétaient bien dans leurs rôles de récupérateurs,
Capoue et Faé montraient de l’envie sur les côtés
et Da Rocha s’évertuait à tourner intelligemment autour
de Diallo, préféré à Oliech en tant que seule
pointe offensive. Il n’hésitait pas à lui porter aide,
essentiellement sur le côté droit. Les lignes de l’équipe
coulissaient bien, il y avait du mouvement et Monaco ne décelait guère
de failles. Certes le football des Nantais manquait quelque peu de profondeur
et donc de percussion et les occasions de but restaient rares mais il convenait
de tenir compte qu’on était tout de même à Monaco
et qu’on avait très souvent vu cette saison les Canaris se montrer
beaucoup plus empruntés sur terrain adverse. D’ailleurs, tant
qu’ils étaient les maîtres du ballon, ils n’étaient
pas loin de l’être aussi des événements.
But de Capoue
A condition évidemment de se méfier des accélérations
azuréennes et lorsque la première survint, à la 13è
minute, sur un raid effectué par Gakpé sur le flanc gauche,
son centre en retrait parvint bel et bien à Chevanton face au but.
L’Urugauyen tira au-dessus. Cette alerte ne décontenança
pas les Jaunes, au contraire, et un mouvement Diallo-Da Rocha-Diallo aurait
mérité un meilleur sort. Il manqua quelques décimètres
au Malien sur la remise de son partenaire. On en était alors à
la 19è minute et, après un shoot de Di Vaio stoppé par
Landreau (27è), on en arriva à l’ouverture du score, à
la 28è minute. Toulalan récupéra le ballon, le transmit
à Signorino, lequel lança remarquablement Capoue dans le trou.
Aurélien, dont le fan-club avait déployé une banderole
dans l’une des tribunes de Louis II ne fit ni une ni deux : il fonça
dans la brèche. Et boum : il décocha un shoot du gauche qui
eut raison de la vigilance de Roma.
Stratagèmes monégasques
L’action avait été aussi rapide que bien ficelée
et elle tombait comme la récompense des bonnes intentions affichées
par les Canaris depuis le départ. Elle aurait dû les mettre encore
plus en confiance. Or, on eut l’impression que c’est le contraire
qui advint, que cet avantage inattendu leur brûlait les pieds («on
avait envisagé le pire, » dira Serge Le Dizet) tandis que du
côté monégasque elle appelait une réaction. Les
Azuréens recouraient d’ailleurs volontiers à des recettes
musclées, à l’image de Plasil (qui s’en tira sans
dommage) et de Bernardi (averti à la 41è minute). On pense aussi
que Chevanton aurait pu sauter pour esquiver Landreau, qui avait plongé
dans ses pieds, au lieu de le percuter bêtement (32è). Bertrand
Layec qui une semaine plus tôt avait déjà fait preuve
d’un coupable laxisme au début de la finale de la Coupe de la
Ligue laissait plus ou moins faire. Il brandit toutefois le jaune sous le
nez de Capoue qui avait expédié Diego Perez dans les airs. On
remarquait aussi la dextérité des ramasseurs, le long de la
touche, lorsqu’il s’agissait de remettre le ballon à un
Monégasque après une sortie. Parfois, les Nantais n’avaient
même pas le temps de se retourner que l’action était déjà
relancée et ils faillirent bel et bien se faire surprendre par le stratagème
en fin de première période, après que Toulalan eut écarté
le danger. Il tournait encore le dos au jeu quand celui-ci était reparti,
direction la cage de Landreau. Les instants qui précédèrent
immédiatement le repos s’avérèrent d’ailleurs
quelque peu laborieux pour les Canaris : Chevanton rata une occasion, Cetto
et Signorino faillirent se mélanger les pinceaux et commettre une toile,
Guillon dégagea devant Di Vaio.
Encore de belles couleurs
L’entame du second acte fut également à l’avantage
des Monégasques. Capoue, dans un style pas forcément orthodoxe,
n’en continua pas moins à troubler ses vis à vis et même
à les énerver puisqu’ils n’hésitaient pas
à le soumettre à un traitement de chocs, lequel valut un carton
jaune à Maicon. Et comme Guillon effectua de son côté
une audacieuse montée à la 53è minute et que Da Rocha
lança Diallo à l’extrême limite du hors-jeu à
la 57è, Nantes restait tout à fait dans le match. Il n’avait
plus vraiment la maîtrise du ballon, il n’en affichait pas moins
encore de belles couleurs. Ces dernières allèrent pourtant en
s’étiolant au fil des minutes. Les relances devinrent moins assurées,
moins vives, et la pression monégasque s’accentua. Sans pour
autant que Landreau connaisse de grosses chaleurs. En somme, les Canaris avaient
les fesses entre deux chaises, ne sachant trop s’ils devaient s’évertuer
à défendre leur butin ou tenter de le faire fructifier.
Deux munitions gâchées
Serge Le Dizet décida alors de remplacer Diallo par Oliech (67è),
pensant sans doute que la pointe de vitesse du Kenyan forcerait les défenseurs
adverses à demeurer sur la réserve et permettrait à ses
coéquipiers des renvois plus hasardeux. Or, Oliech était à
peine entré en jeu qu’un heurt, tête contre tête
avec Givet, le mit KO. Il s’en remit. Mais ses coéquipiers commencèrent
à subir, à dégager un peu n’importe comment et
finalement très peu de ballons lui parvinrent, aucun en tout cas qui
soit exploitable. En outre, Bocundji Ca, sur une situation de contre qu’il
avait bien amorcée, tarda trop à le servir (78è). Dommage,
il y avait là un beau coup à jouer. Il y en eut un autre, à
la 85è minute, lorsque Da Rocha voulut servir sur l’aile gauche
Bamogo qui venait de succéder à Capoue. Mais Oliech intercepta
et, moins bien placé, il gaspilla la munition en l’expédiant
au-dessus de l’objectif.
Nantes ne laisse pas filer
La fin était proche. Mais il fallait auparavant en passer par la
89è minute et Chevanton sut la rendre fatale pour les Canaris. Si ce
match avait comporté un véritable enjeu pour Nantes, le dommage
eut bien sûr été plus conséquent. Cette fois, considérant
les données de départ, on se gardera de trop faire la fine bouche.
Ramener un nul de Monaco, surtout quand on n’a pas été
dominé dans le jeu, constitue tout de même un bon point et si
Nantes avait évolué plus fréquemment de pareille manière
au cours des derniers mois il se situerait probablement plus près de
la première partie du tableau que de la 14è place qu’il
occupe aujourd’hui. Les Canaris ont également montré leur
désir de ne pas laisser filer les derniers matches sans tenter d’y
redorer leur blason, on ne peut que s’en féliciter.
B.V. le 2 mai 2006.