Les marches sont encore hautes
« Nnn ». Serge Le Dizet écarte largement ses deux mains
: « Nnnon, on n’a pas franchi une marche comme ça,
j’en suis conscient », lance-t-il. Ses mains se rapprochent,
il n’y a plus que l’épaisseur de quelques centimètres
pour les séparer : « Une marche comme ça, tout de
même, estime-t-il. Petite mais précieuse ».
Le nouveau coach nantais avoue avoir ressenti la pression sur son banc de
touche de Clermont-Ferrand. « Normal, c’était une première
pour moi », il se défend toutefois d’avoir été
la proie de la peur. Il reconnaît que son équipe n’a pas
bien joué, il insiste cependant sur le fait qu’elle a rempli
sa mission. Nantes s’est qualifié. Surtout, il a retrouvé
le goût d’une victoire dont il avait oublié le sucre depuis
longtemps. « Le chemin sera long, prévoit Serge Le Dizet.
La pente à remonter est tellement longue, tellement abrupte. Et
il faut bien prendre conscience que la progression ne va pas s’effectuer
de façon linéaire mais par à coups. On peut à
tout moment, redescendre d’un cran. L’essentiel sera de reprendre
l’ascension immédiatement après ».
A l’entendre, le coach du FCNA et ses joueurs ont donc du pain sur la
planche. C’est une manière, même si ce n’est pas
franchement le but, de mettre en cause le travail de son prédécesseur.
En fait, il serait abusif de prétendre qu’on a senti un changement
radical, sur le plan du jeu, entre le dernier match de la période Loïc
Amisse, à Auxerre, et le premier du règne de Serge Le Dizet,
à Clermont-Ferrand. Le résultat a certes été très
différent mais l’adversaire n’était pas le même.
Cournon a beau être une solide équipe de DH, « proche
du CFA2, sinon du CFA, » assure Le Dizet, elle ne tire pas pour
autant dans la même catégorie que l’AJA. Maintenant, celui
qui a en tête l’histoire de la Coupe de France et sait comment
cette vieille dame s’y entend pour transcender les volontés et
les énergies des « petits » afin de les amener à
mieux culbuter les gros, se gardera de trop faire la fine bouche. A Clermont-Ferrand,
un piège était tendu devant les pieds des Canaris, ils n’y
sont pas tombés, c’est déjà ça.
En 4-4-2.
Nantes se présenta en 4-4-2 avec Delhommeau et Guillon au centre de
la défense, Leray et Viveros sur les côtés, Toulalan et
Savinaud à la récupération, Da Rocha et Quint en offensifs
excentrés, Bagayoko et Diallo à la pointe de l’attaque.
La défense n’a pas pris de but et tous ses membres insistaient
sur ce fait positif. Elle n’en a pas moins paru fébrile et plusieurs
fois, quand les Auvergnats vinrent la serrer de près, elle ne sembla
pas très loin de la rupture. L’abnégation de chacun lui
permit de colmater les brèches, chacun s’appliquant à
corriger l’erreur éventuelle de l’autre. Y compris dans
la relance, laquelle laissa beaucoup à désirer, avec un abus
évidents de grands renvois dans l’axe à destination, en
principe, d’un attaquant, mais souvent de… personne ou d’un
adversaire. Dans ce domaine, il y a encore énormément à
rectifier et à progresser. Nantes doit réapprendre à
construire et à structurer son jeu.
En milieu de terrain, la paire Savinaud – Toulalan, réussit de
bonnes actions, elle ne fut pas souveraine pour autant, notamment durant la
seconde partie de la première période. « Nous devons
progresser dans la récupération rapide du ballon afin d’être
en mesure de mieux réamorcer nos offensives, » souligne
Le Dizet. Sinon, l’entente entre Savinaud et Da Rocha côté
droit fut normalement satisfaisante, on les vit même parfois permuter.
En fin de rencontre, Savinaud prit le relais de son copain que Le Dizet avait
rappelé sur le banc afin de le ménager. C’était,
ne l’oublions pas, son match de rentrée. Celle-ci peut donc être
qualifiée de positive, au même titre que celle de Delhommeau
qui amena sa solidité, voire sa confiance.
Mamadou Diallo aura besoin de temps.
L’attaque eut quelques occasions, on aurait toutefois pu en espérer
davantage face à une défense de DH. Celles de Bagayoko furent
plus individuelles que collectives. Mamadou Diallo ne saurait être jugé
sur une première apparition, il ne donna cependant pas l’impression
d’être un « tueur ». On ne saurait en revanche passer
sous silence l’apport de Keseru en fin de rencontre. Certes, l’adversaire
commençait à accuser la fatigue mais le jeune Roumain se montra
à son avantage. Milos Dimitrijevic prouva lui aussi qu’il possède
de la technique et un bon sens du jeu bien qu’il soit entré à
la place de Savinaud (passé alors à celle de Da Rocha), un poste
libre un peu reculé à la Carrière qu'il connaissait bien
en CFA sous la houlette de Serge Le Dizet. L’ex-Briviste ne se pose
donc pas de questions existentielles : à chaque fois qu’il joue
il prend visiblement du bonheur et il essaie d’enrichir la palette de
ses talents.
Au passif nantais, on inscrira encore une certaine fièvre sur les corners
défensifs. Contre une équipe comme Cournon, c’est quand
même embêtant.