Un boulet de Keserü
La tentation est forte de commencer par un poncif : Nantes a vaincu, il n'a pas convaincu.
La formule est usée, elle fait un peu sauce ketchup, ou commentateur-speaker-télé, ce sont deux produits qui se ressemblent, mais elle résume bien une situation qui devient de plus en plus gênante tant les Canaris ne possèdent pas de fond de jeu et n'affichent guère l'intention de s'en donner un. Elle serait toutefois plus embarrassante encore si Nantes avait été éliminé. A défaut de plaire, les Canaris, pour l'instant, gagnent. Cela ne peut pas faire de mal.
Ils sont qualifiés et ils peuvent remercier Ismaël Traoré et Claudio Keserü, lesquels ont fait basculer, à l'heure de jeu, une partie qui, dans un stade n'ayant pas été aussi vide depuis longtemps, sombrait dans l'ennui. Le défenseur sedanais s'emmêla alors les pinceaux en voulant contrôler un ballon et voyant que Thomas Dossevi était en passe de profiter du cadeau, il s'interposa d'une manière que l'arbitre estima illicite. Il y avait sans doute faute et donc coup franc. Mais de là à déboucher sur une expulsion, il existait une marge. Stéphane Lannoy la franchit, s'appuyant sur le fait que Traoré se situait en position de dernier défenseur.
Claudio Keserü ne se posa pas de questions : il expédia du gauche un boulet de canon qui trompa le mur ardennais et laissa Pierre Bouisse pantois.
Thiriez chahuté : il méprise le spectateur
Ce fut le seul but d'une rencontre dont nul ne conservera d'impérissables souvenirs, même si Frédéric Thiriez a eu droit à quelques slogans qui lui ont signifié combien il est « populaire » dans le milieu du football où il accomplit le maximum pour privilégier les milliardaires. On dira que les chants n'étaient guère distingués mais comme le président de la Ligue, ami d'Aulas à ses heures, ne brille pas lui non plus par son élégance dans sa façon de régenter le football pro, on n'éprouve pas l'envie de le déplorer et encore moins de le plaindre. Fixer ainsi un match en semaine à 17 heures répond certes à un vœu de la télé mais équivaut aussi à mépriser le spectateur. Il y a hélas longtemps que Thiriez n'a pas grand chose à cirer de ce dernier, sauf s'il fréquente les loges et dépense son argent sans compter.
On rappellera aussi qu'il s'était distingué à sa manière lors de l'affaire Barthez ayant défrayé la chronique du parking de la Beaujoire. Sans connaître exactement les faits, alors qu'il est avocat de profession, et cela fait peur, il avait apporté son soutien à Calamity Fab et parler d'engager la Ligue en brandissant la menace d'une plainte. On serait curieux de savoir ce que cette dernière est devenue. Une parole en l'air ?
Gravelaine et le mélange des genres
Mais revenons à notre match que Nantes entama sans Guillon, Capoue, Moullec, Dossevi et bien sûr Bagayoko, mais avec Claudio Keserü, positionné en attaque avec Goussé. Heinz occupait le flanc droit, Da Rocha s'étant ainsi trouvé invité à évoluer sur la gauche, devant Maréval, et le moins qu'on puisse dire est que l'entame fut laborieuse. On vit même, dès la 5è minute, un ballon voyager dangereusement devant la cage de Tony Heurtebis. Le gardien nantais, cette fois encore, s'est d'ailleurs montré impeccable. Quitte à rabâcher, on résiste difficilement à l'envie de répéter à Archimède-Rudi Roussillon, qui doit bien, tout de même, regarder les matches à la télé, que la solution « géniale » dont il s'était vanté, en invitant Barthez à remettre ses gants et alimenter son compte en banque, n'était assurément pas la meilleure.
A propos de télé, on notera qu'une partie des commentaires était assurée par Xavier Gravelaine qui ne doit pas savoir ce que signifie le mot éthique. Parler d'une équipe dont on a assuré l'essentiel du recrutement relève en effet d'une forme certaine de malhonnêteté, elle altère forcément le jugement et on voit mal, dans ces conditions, quelle était la liberté de ton de l'ancien conseiller de Luc Dayan. Que pouvait-il dire, sinon du bien, concernant un joueur qu'il avait lui-même embauché ? Si France Télévisions était une chaîne uniquement commerciale, nous aurions déjà du mal à comprendre, mais le fait qu'elle vive aussi de la redevance devrait lui imposer davantage de respect vis à vis de ses téléspectateurs. Daniel Bilalian, le responsable du service concerné, n'a guère fait honneur à sa carte de presse en couvrant pareille mascarade. Le mélange des genres devrait comporter un minimum de limites.
Défense centrale aux abois
Bon, vous allez dire qu'on s'égare encore et c'est un peu vrai. Mais il faut vous répéter que le match ne fut pas passionnant, sauf en ce qui concerne son équilibre, Sedan faisant jeu égal avec Nantes, et son indécision qui resta intacte jusqu'au bout. Les Canaris affichèrent un léger mieux au terme du premier quart d'heure mais s'ils obtinrent plusieurs corners ils les gâchèrent tous à qui mieux-mieux. Un centre en retrait de Heinz, à la 23è minute, ne trouva pas preneur et une frappe de 20 mètres du très actif Shereni, à la 24è minute, constitua la première véritable occasion de l'après-midi. Cette action fut suivie par une reprise de volée de Maréval (25è) et un tir trop croisé de Keserü, bien servi par Da Rocha (27è). Nantes aurait eu davantage d'emprise sur le scénario, s'il n'avait pas multiplié les passes imprécises. Faute de savoir coordonner ses mouvements et ses déplacements, il perdait le ballon et sa défense centrale, une fois de plus, prenait dramatiquement l'eau. Heurtebis dut ainsi sauver les meubles par deux fois face à Barry (34è et surtout 39è). Nantes vécut donc une fin de première période d'autant moins de tout repos qu'il lui fallut aussi composer avec la sortie de Fred Da Rocha dont les adducteurs commençaient à siffler. Il fut remplacé par Thomas Dossevi (43è).
Heurtebis se distingue
Heinz en profita pour se recentrer au début d'un second acte qui ne s'avéra guère plus convaincant, d'ailleurs la façon dont le match menaçait d'échapper à ses joueurs incita Michel Der Zakarian à remplacer Nicolas Goussé par Bocundji Ca. On en était alors à la 56è minute et c'est peu après que tout bascula, en faveur de Nantes et grâce à Keserü dans les conditions que nous avons déjà décrites.
Le but ne libéra toutefois pas les Canaris et on vit Poulard se livrer à une intervention musclée sur Barry qui aurait dû lui valoir au moins un carton jaune (66è). Heurtebis évita encore le pire en sortant dans les pieds de Bonnet (76è), El Mourabet remplaça Thomas au poste d'arrière droit (76è) et on s'achemina vers un final laborieux, Nantes se compliquant trop la vie et ne parvenant toujours pas à assurer ses passes, à garder le ballon et donc à trouver la sérénité. C'est toutefois Keserü, remarquablement servi par Harlington Shereni, qui se créa la plus belle opportunité. Claudio échoua malheureusement sur le gardien (86è).Peu auparavant, Shereni avait déjà délivré un bon service à De Freitas mais ce dernier n'avait pas su s'en servir.
Que dire d'autre, sinon que Nantes est qualifié ? Les amateurs d'anecdotes et de statistiques noteront simplement que c'est Tony Heurtebis qui termina avec le brassard de capitaine, lequel avait été cédé à Oliver Thomas par Da Rocha à la 43è minute. L'ex-Manceau l'a donc porté pendant 34 minutes, le temps additionnel de la première période (1 minute) compris.
B.V., le 29 août 2007.