Eo nous séduit mais il n'a pas de baguette magique
Georges Eo tient des discours qui nous séduisent. Il se réclame de Jean-Claude Suaudeau, il dit que la prudence n'est pas dans sa nature, il affirme que le football défensif n'entre pas dans sa philosophie car il est d'essence négative. Il parle de jeu. Il prône l'initiative et quand il lui faut appeler un jeune, Karim El Mourabet, pour remplacer un suspendu, Mauro Cetto, il n'envisage pas de handicap. Il assure qu'il a confiance, il laisse presque entendre qu'il va gagner au change, vision qui n'est pas forcément erronée.
Mais Georges Eo ne possède pas de baguette magique et il ne peut aligner que les joueurs qui sont à sa disposition, les mêmes dont disposait Serge Le Dizet et sauf à supposer que ce dernier était un âne bâté, ce que nous n'avons jamais cru, nous l'avons même longtemps soutenu, Nantes ne va pas se mettre du jour au lendemain à planer sur le championnat. Ni à y jouer les premiers rôles. Eo n'a pas la pression qui semblait paralyser son prédécesseur, il ne perd pas son temps en entamant un vain combat avec sa direction mais il lui faut du temps. Pour mettre en place ses idées. Pour redonner le goût de l'offensive et peut-être même du panache à une équipe devenue trop timorée. Il faut rester conscient, du moins pour l'instant, que la saison sera difficile. Le recrutement a été aussi pléthorique que raté, nous l'avons dit dès le début, Roussillon a tout fait à l'envers, il a lancé Nantes dans une politique à la Metz ou à la Strasbourg, tout ne va pas s'arranger par on ne sait quel miracle. Nantes n'a pas fini de payer les erreurs commises cet été par ses dirigeants.
Saidou commence à s'intégrer
Puisqu'on en est à parler des recrues, qu'on n'a jamais présentées ici comme des renforts, on notera qu'à Auxerre Alioum Saïdou a de nouveau livré un match satisfaisant. Le Camerounais ressort lentement du trou où il avait plongé après le match contre Troyes, et c'est plutôt encourageant. Il s'intègre mieux au collectif, il se peut aussi qu'il ait compris qu'il n'existe qu'un lointain rapport entre le niveau du championnat de France et de celui de Turquie. Saïdou a des qualités. Christian Wilhelmsson aussi. On n'en a jamais douté, encore que ses prestations en Coupe du monde, avec l'équipe de Suède, ne nous aient pas spécialement enchantés. Il lui reste à mettre son talent individuel au service de l'équipe. Le football est un sport collectif, surtout à Nantes, il serait bon qu'on le lui rappelle dans des délais assez brefs. En attendant, sa rentrée à la place de Dimitri Payet, à la 64è minute, n'a pas réellement apporté un plus dimanche soir. Eric Cubilier, troisième recrue à avoir foulé la pelouse de l'Abbé-Deschamps, a peiné face à Gauthier Akalé. Il n'est ni le premier, ni le dernier. Pour l'instant son apport offensif demeure maigre, il l'a d'autant plus été à Auxerre que Guillaume Norbert a marqué un peu le pas, ce qui est normal. Il a encore beaucoup couru, beaucoup travaillé, on l'a même vu renvoyer de la tête un ballon brûlant sur corner (phase de jeu toujours délicate face aux Ajaistes), il lui a manqué des jambes quand il s'est agi d'aller de l'avant. C'est compréhensible et il a tout de même disputé tout le match.
Emerse Faé touché
On pourrait dire que le scénario de ce dernier était réglé comme du papier à musique et qu'Auxerre a récité sa partition à la perfection. Il a laissé venir, misant sur de longs ballons en profondeur et la rapidité de ses attaquants. Et il a frappé. Comme d'habitude, au moment où Nantes semblait le moins en danger. C'est le résumé que beaucoup ont fait de cette rencontre. On pourrait tout de même rappeler que les derniers voyages sur les bords de l'Yonne avaient été autrement plus délicats pour les Canaris. Ils n'avaient pas fait jeu égal, ils avaient parfois frôlé le ridicule, encaissant des cartons ou se lançant dans expérimentations tactiques désastreuses. C'est ici, rappelez-vous, que Loïc Amisse, en fin de règne, avait transformé Loïc Guillon en milieu de terrain défensif en lui demandant d'exercer un marquage à la culotte sur Bonaventure Kalou. C'est ici également qu'Emerse Faé possède quelques solides inimitiés dont celle de Lionel Mathis. On doute que Benoît Pedretti soit davantage son copain. Il lui a asséné en fin de première période une charge assassine qui l'a obligé, un genou en capilotade, à renoncer à la partie dès le début de la seconde période. C'est dommage car Emerse avait tenu jusque là un rôle très actif et on peut supposer que Pedretti ne l'a pas visé par hasard.
Un arbitrage maison
A Auxerre, on aime bien ce type de « contrat », comme dit Guy Roux, quand il commente les matches des étrangers. Il est là, et bien là, quand il s'agit d'évoquer des « contrats » faits par des Hollandais sur Tigana (il y a vingt ans !) ou Cristiano Ronaldo. En revanche, il n'y a plus personne au moment de parler des méthodes de Jean Fernandez, lesquelles semblent plutôt proches de celles de l'ancien gourou de l'AJA dont les Nantais ont appris depuis longtemps à connaître le sens tout personnel du fair-play, n'est-ce pas Da Rocha…
Et l'arbitre ? demanderez-vous. Il n'a pas bronché. Un coup franc, quand même, mais pas de carton. Il faut dire que Stéphane Moulin est du genre à avantager les puissants et Nantes avait déjà eu à se plaindre de lui la saison dernière à Paris. Comme par hasard, un commentateur lui avait donné raison à la télé. Il s'appelait Guy Roux. Le monde du football, décidément, est petit, on y tourne vite en rond et on y mélange volontiers les genres. Le comble est que Moulin trouva le moyen de décerner un carton jaune à …Emerse Faé, à la 38è minute. La faute de ce dernier ? Il avait replacé le ballon là où le coup franc accordé aux Auxerrois devait être botté alors que les locaux s'efforçaient de grappiller trois ou quatre mètres. Drôle de justice ! Ou plutôt bizarre injustice.
Occasions de Rossi, El Mourabet, Saidou
Les Nantais pourraient aussi se plaindre du manque de réaction de Stéphane Moulin sur une main de Kalabane dans la surface, en début de rencontre. A cet instant, Nantes était correctement installé dans le match, c'est même Rossi qui avait décoché le premier tir au terme d'une action rondement menée avec Diallo (6è minute). Cool avait stoppé le ballon. Les Canaris assuraient leurs passes, ils bougeaient, permutaient à l'image de Rossi et de Diallo, et Faé se portait volontiers vers l'avant. Il n'y avait vraiment pas le feu pour la défense nantaise et les débats étaient plutôt bloqués. Ils manquaient toutefois de rythme et on sentait Auxerre capable de provoquer le danger à tout moment, en une ou deux longues passes. Vincent Briant dut ainsi sortir de sa surface (bien qu'il ait glissé au départ) pour dégager devant Niculaé (21è). Il lui fallut aussi détourner en corner un shoot de Cheyrou (26è). Saidou travaillait beaucoup, souvent proprement, comme par exemple lorsqu'il tacla Akalé (24è). Norbert déployait aussi une louable activité et il ne put s'engouffrer, faute de carburant, sur l'aile droite où Payet l'avait invité à se lancer (31è). On nota encore un coup franc de Rossi qu'El Mourabet reprit, obligeant Cool à concéder un corner (34è). A la suite de ce dernier, Saidou eut même l'occasion de faire mouche. Il expédia le ballon à côté de la cible.
Et but d'Auxerre
Le but auxerrois survint peu après. Les Nantais laissèrent traîner un ballon venant de l'aile droite. Le temps qu'ils comprennent qu'il y avait danger, Niculaé avait frappé. Et les filets de Briant frissonnaient. Les Nantais rentrèrent donc au vestiaire avec un but de retard. Et à peine étaient-ils revenus sur le terrain que Faé y retourna, laissant sa place à Milos Dimitrijevic, qui s'appliqua à œuvrer proprement. La suite fut on ne peut plus classique. Auxerre laissa venir, mais pas trop près, afin qu'il n'y ait pas réellement péril. Les Canaris s'approchèrent ainsi rarement, du moins en construisant à moins de vingt-cinq mètres des buts de Cool. Dans le même temps, ils devaient compter avec les contres que les Bourguignons développaient sur chaque interception. Et ce sont ces derniers qui se montrèrent les plus dangereux. Cubilier contra ainsi un shoot de Cheyrou (52è), Saidou s'interposa face à Akalé (56è), Signorino récupéra un ballon que Niculaé avait placé hors de portée de Briant (60è).
Oliech frappe, Cool détourne
Sans paraître peiner, Nantes faillit ainsi encaisser un deuxième but. Il aurait pu aussi égaliser lorsque Oliech, entré à la place de Diallo à la 74è minute, fut servi trois minutes après, par Rossi. Il catapulta un boulet angle fermé. Cool détourna en corner. Dommage : un but aurait contribué à remettre le Kenyan en confiance, il aurait aussi donné un autre sens aux commentaires et laissé Nantes sur une dynamique positive. La dernière occasion résulta d'une faute de Thomas sur Signorino à l'entame des arrêts de jeu. Le coup franc se situait à 25 mètres du but auxerrois. Wilhelmsson expédia le ballon dans les tribunes.
B.V, le 2 octobre 2006.