Critiquer la prestation des joueurs ne signifie pas que nous participons à la volée de bois verts qui s’abat actuellement sur le FC Nantes. Au contraire à l’instar des déclarations de Japhet N’Doram dans la presse ce matin et faisant fi des déclarations inopportunes et maladroites de Serge Dassault, nous souhaitons l’unité et le retour à la sérénité autour de Serge Le Dizet et de son groupe.
Un premier but qui coupe les jambes quelques minutes.
Comment commencer plus mal une rencontre ? Un dégagement dans l'axe de Stojkovic, un dégagement de la tête de Ciani à la réception, pour un retour à l'envoyeur. Cetto mal placé est devancé par Gignac. Une telle action est déjà arrivée dans le passé dès les premières minutes de jeu. L'Argentin fougueux fait faute et prend son carton, comme un pain quotidien. Pas de mansuétude et d'avertissement verbal sur le coup pour Monsieur Coué. L'arbitre est dans son match, lui. Gignac frappe et marque superbement.
Nantes rejoue au football et égalise
Nantes revient dans la partie. Ça joue au sol, ça combine, c'est en nombre devant, avec un Rossi disponible et tranchant à coté d'Oliech. Avec aussi un Da Rocha de retour, pas sur le retour, qui monte en puissance. Une action construite coté droit. Un centre de Rossi et une reprise de la tête de Da Rocha, après que Oliech ait prolongé involontairement la trajectoire du genou. Egalité. Nantes continue sur sa lancée.
Gignac, Gignac, Gignac
Ça ne dure que deux minutes, car Gignac échappe à la défense et place une frappe croisée. Boulette de Stojkovic et but. Nantes ne baisse pas les bras pour autant. Lorient joue direct et de manière systématique. Ça passe à droite où Signorino, blessé, n'a que son courage à opposer. La défense nantaise n'a toujours pas trouvé ses marques. Gignac, seul dans la surface, a déjà vendangé une occasion d'une reprise de la tête. Mais une fois encore, une fois de trop, Gignac se joue trop facilement de Cetto. Savinaud est aux abonnés absents. Guillon ne sait plus où donner de la tête. Il sortira pour un coup sur le derrière du crâne justement, comme le symbole d'un coup de bambou asséné par un heureux coup du chapeau. Gignac centre. Le ballon lobe Stojkovic. But. Le troisième contre un.
Cetto impardonnable
Nantes ne s'en relèvera plus. Lorient gère. Nantes revient enfin dans le coup après plus d'une heure de jeu. El Mourabet est entré entre temps. Il prend tous les ballons derrière. Il est tranchant. Cetto est à nouveau rappelé à l'ordre. Et pourtant, idiot et inconscient face aux malheurs nantais en défense, face aux blessures (Signorino joue sur une jambe) il se fait expulser quasi volontairement. Le Dizet n'a pas cessé de lui rappeler de se calmer, sur le bord du terrain, comme il le fait déjà depuis le début de saison. Il n'est pas entendu. Il le redira plus tard et ce sera mal repris. Cetto laisse ses partenaires à 10. Il ne sera pas là le 9 septembre face à Lille.
N'Doram la voix de la sagesse
Tout va de travers en ce début de saison. Il n'y aura pas de trop de cette mini-trêve internationale pour mettre les points sur les I… car on a l'impression que le groupe éclate littéralement, lui qui était si joyeux, si plein de trop d'ambitions en ce début de saison. Le rappel à l'humilité « ce soir les petits c'est nous » n'a pas été entendu non plus. Il faut se creuser les méninges, trouver de la sérénité, être patient, se retrouver et se concentrer sur le jeu. Se persuader que ce nouveau FC Nantes peut progresser et obtenir un classement plus serein. Ecouter la voix de la sagesse, celle de Japhet N'Doram plutôt que celle d'un vieux croulant qui n'y connaît rien et qui n'en a pas grand chose à foutre…
Le Dizet a essayé d'insuffler le changement...
Pourtant avant cette rencontre catastrophe, moins triste dans son contenu que face à Troyes, mais plus terrible encore dans son résultat, Serge Le Dizet a essayé. Il a changé de système. Rossi ne joue pas en meneur de jeu mais bien comme un second attaquant. Boukhari et Saidou sont sur le banc, c'est presque injuste, mais il fallait provoquer quelque chose tout en restant cohérent. Ça n'a pas marché car tout va de travers, car collectivement, les joueurs s'essoufflent. La bonne volonté est là, l'envie de bien faire aussi, mais il faut faire davantage et mieux et s'en remettre au collectif, ce sauveur, et prendre ses responsabilités individuellement, dans les duels notamment.
Stojkovic (2)
Off-day. Un premier but qui laisse songeur, un deuxième but casquette et un troisième qui noircit encore le tableau. Enfin des dégagements trop dans l'axe, comme s'il voulait donner une passe décisive à Oliech. Son talent supposé n'est pas remis en cause. Il faut qu'il en fasse d'avantage pour s'intégrer. Il faut qu'il trace un trait et qu'il dise une fois pour toute « je suis le patron dans ma surface ». Cela se verra dans les faits. Pas besoin de maîtriser le Français pour ça. N'oublions pas qu'il a des circonstances atténuantes : un premier déracinement, pas de stage d'avant-saison. Soyons patients.
Savinaud (3)
Absent, mauvais dans le jeu, mauvais dans la relance, lent, mal positionné, sans caractère, indigent.
Cetto (2)
Pas concentré sur le premier but, pris en défaut sur le troisième, des relances ratées à 3 mètres. Il n'est jamais entré en footballeur dans cette partie, si ce n'est pour beugler et se faire lamentablement expulser.
Guillon (3,5)
Fantomatique, il ne s'est pas imposé. Sorti sur blessure à la mi-temps, on l'a vite oublié tant El Mourabet (5,5), son remplaçant, a été rayonnant et tranchant, même s'il a eu du mal à régler ses relances.
Signorino (4,5)
Blessé et à 50%, il a obéit à Serge Le Dizet quand celui-ci a décidé malgré tout de le titulariser, faute de solution et par peur semble-t-il d'une totale réorganisation qui passait peut-être par une défense à trois. Pourquoi attendre le 31 août pour essayer un joueur comme Norbert ? Pourquoi ne pas avoir insisté sur un manque criant en défense depuis la blessure de Das Neves ? Alors Signorino a joué comme il a pu, avec courage évidemment. Jallet l'a souvent débordé et il a finalement du céder sa place à l'heure de jeu, comme face à Troyes. Capoue l'a bien remplacé, même s'il a pris un carton d'entrée, même s'il n'a pas toujours joué juste. Il fut présent à la fois en défense et sur le coté pour apporter des solutions oubliées en première période.
Bocundji Ca (3,5)
Pourquoi les milieux défensifs nantais courent-ils tant et en pure perte en ce début de saison ? Pourquoi sont-ils incapables de mettre le pied sur le ballon et d'initier la maîtrise ? Bocundji n'a pas fait exception à cette nouvelle et triste règle. Il n'a pas montré grand chose et fut complètement carbonisé après une heure de jeu. Ce qui laisse songeur…
Faé (4)
Bon jusque là et un des rares à émerger depuis le début de saison, il fut noyé lui aussi au milieu. Un jour sans dont on a trop eu l'habitude avec lui et qu'on croyait pouvoir naïvement oublier. Dans ce système de jeu, il se devait d'être plus prudent. Les passeurs lorientais n'ont pas été assez gênés. Les ballons passaient souvent au-dessus. Lui comme Bocundji n'ont pas trouvé la bonne distance, ni la solution tactique. En face, ça s'est moins dispersé...
Wilhelmsson (4,5)
Il aimerait sûrement toucher davantage de ballon et que ceux-ci soient dans le sens du jeu. Alors il navigue à droite et dans l'axe, mais on ne le trouve pas et il est en définitive rarement où il faut. Quand il remet à Savinaud en retrait, il est certain de ne plus revoir le ballon. Absent en première période alors que le jeu passait souvent à gauche ou par de la profondeur en pure perte vers Oliech, il est réapparu en seconde mi-temps, une constante chez lui, sans réelle influence. Remplacé par Keserü qui a beaucoup bougé et qui a tenté de jouer en appui. Il va falloir donner sa chance au jeune roumain et penser d'avantage à ses qualités qu'à ses défauts dans le jeu.
Da Rocha (6)
Superbe rentrée pour celui qui nous manque tant à la fois dans le jeu en mouvement et dans la hargne. Un exemple à suivre pour ses coéquipiers et un casse-tête positif pour Serge Le Dizet. Il marque un but et se procure les meilleures occasions tout en livrant un combat incessant défensivement, d'autant qu'il termina la rencontre en tant qu'arrière droit.
Rossi (5,5)
Dans le marasme, il a tiré son épingle du jeu. Il fut précieux dans les meilleurs moments des Canaris. Il y en a eu. Il trouve le décalage, il sent le jeu, comme le démontre sa passe décisive. Il a semblé moins gêné que lors de ses précédentes sorties dans la conservation du ballon. Il a aussi défendu âprement. Il a toutefois un peu disparu de la circulation en seconde période.
Oliech (4)
Sa vitesse, sa hargne et son envie de bien faire ne suffisent pas. Il n'est pas un point d'ancrage car il ne sait pas conserver le ballon et est régulièrement battu dans le domaine aérien. Comment jouer avec Oliech ? N'est-il pas simplement un joker pour l'instant en attendant des jours meilleurs ?
Coté Lorientais, il est bien abusif de dire que le jeu à la Nantaise était chez eux samedi soir. De ce coté là, Troyes nous aura fait une bien meilleure impression. Les Lorientais ont bénéficié à plein de la réussite surprenante de leur jeune avant-centre. Ils ont profité des circonstances du match, mais ils ont su aussi jouer simple et efficace. Cette simplicité et cette maîtrise des évènements leur ont permis de l'emporter logiquement. Pour bien jouer il faut être deux et Nantes était mauvais... Difficile de juger du potentiel lorientais dans ces conditions. Evidemment Gignac est l'homme de la soirée, mais l'ensemble a paru homogène, combatif et à l'écoute.
Frédéric Porcher, le 30 août 2006