Le FC Nantes new look commence donc sa saison par une défaite. L'observateur qui ne lit que les gros titres ne retiendra que cette large défaite concédée à domicile face à une formation lyonnaise « diminuée ». Il en conclura hâtivement que Nantes a décidément bien du mal à retrouver ses couleurs d'antan et que Lyon est décidément trop fort, avec ses équipes A, A', bis, bis' et toutes susceptibles de squatter les premières places du championnat de France.

Ne pas se fier aux apparences

Evidemment ces raccourcis sont bien loin de la réalité que l'on a pu observer vendredi soir à La Beaujoire, en ouverture de la nouvelle cuvée 2006/2007. D'une part car les premières 20 minutes du FC Nantes ont été d'un très haut niveau, d'autre part car cette équipe diminuée de l'OL a été préparée comme une formation qui devait débuter le championnat, quand bien même les dirigeants lyonnais ont joué de l'intox pour reporter cette première journée. Ces Lyonnais là sont en effet apparus beaucoup plus affûtés et à même de jouer parfaitement 90 minutes que des Nantais, peut-être en sur-régime en début de rencontre, qui ont semblé terminer sur les rotules. Impression accentuée par un troisième but « casquette ».

Boukhari d'entrée

L'effectif nantais, renouvelé à 45%, avec ces 5 recrues titulaires potentielles, ce qui change des saisons précédentes…, a en effet séduit. Un homme, Nordin Boukhari, s'est en outre parfaitement mis en évidence d'entrée de jeu. Comme face à Saint-Etienne, en amical 15 jours plus tôt, il a marqué dès le début de rencontre. Et, chose suffisamment rare pour être notée, il l'a fait sur coup-franc. Une frappe enroulée qui rebondit suffisamment devant Rémy Vercoutre, le remplaçant d'un Coupet qui avait sauvé l'OL la saison dernière, pour tromper un gardien parti un peu tard (3').

Benzema égalise sur l'engagement, tandis que Stojkovic ne peut intervenir…

Mais l'OL, c'est une autre dimension, comme le soulignait Jérémy Toulalan. Tandis que les Capoue et Wilhelmsson sont encore sous le coup de cette superbe ouverture du score soudaine, les joueurs de Gérard Houiller vont concocter un amour d'action collective dans les espaces. C'est simple, c'est beau et à l'arrivée c'est efficace. Carew déborde Guillon et centre parfaitement au second poteau. Cubilier est aspiré par l'appel dans l'axe de Källström. Il délaisse Benzema dans son dos. Wilhelmsson ne couvre pas. Benzema reprend et le ballon va au fond (5'). On objectera tout de même, que Källström est en position de hors-jeu, collé devant Stojkovic, alors que Guillon et Carew ont été emportés en dehors de l'air de jeu. Il empêche ainsi, même involontairement, le néo-gardien nantais de voir le départ du ballon. Le hors-jeu est aussi passif que monsieur Lannoy, qui aura été bien clément avec les interventions rugueuses et illicites de Caçapa et des latéraux lyonnais durant cette première mi-temps, tout en avertissant Nordin Boukhari pour une broutille…

Lyon tout prêt de doubler la mise.

La rencontre est donc partie sur les chapeaux de roue et on ne s'ennuie pas. Il y a de l'ambiance à La Beaujoire et les supporters donnent de la voix et du drapeau. Si Lyon se montre toujours entreprenant par trois frappes d'un Carew omniprésent, ce sont les Nantais qui sont les plus insistants : une tête et une frappe lobée au-dessus pour Diallo, deux frappes repoussées pour Capoue. L'arrière garde nantaise se montre pourtant encore fébrile sur un centre sans opposition de Ben Arfa coté droit (Houillier a décidé de placer un gaucher à droite et Benzema, droitier, à gauche). A la réception, Källström à nouveau intercalé se trouve seul face à Stojkovic pour placer une tête à bout portant que le gardien serbe repousse au pris d'un réflexe d'extra-terrestre (20'). Sur l'action, Cubilier et Wilhelmsson, tous deux dans la surface, regardent sans être au marquage d'aucun lyonnais.

Après ce début de rencontre tonitruant, les deux équipes éprouvent le besoin de souffler, ce qui fait plutôt le jeu des visiteurs, davantage maître de l'entrejeu, malgré les bonnes intentions de Faé et Saidou et le bon travail défensif sur les cotés de Capoue et Wilhelmsson. Carew continue pourtant de faire des misères à l'axe défensif des Canaris. Bien lancé dans le dos de la défense, il est heureusement repris in extremis par Mauro Cetto, alors qu'il s'apprêtait à ajuster Stojkovic (28').

Toulalan tout près de marquer… pour Nantes.

En face, la charnière Cacapa, Squillaci tient le choc, tandis que les latéraux usent d'expédients pour enrayer les duos Signorino-Capoue et Cubilier-Wilhelmsson. La seconde grosse occasion nantaise intervient d'ailleurs à la suite d'un de ces coup-francs. Lesquels sont d'ailleurs très bien tirés que ce soit par Boukhari ou par Wilhelmsson. C'est le Suédois qui, coté gauche, place un centre que Jérémy Toulalan détourne en direction de son propre but, obligeant Vercoutre à se coucher et à écarter le danger des deux poings (40'). Dans la foulée, Boukhari récupère le ballon dans les pieds lyonnais, d'un tacle rageur. Diallo, enchaîne une frappe vicieuse, tandis que Vercoutre anticipait le centre. Le ballon passe au-dessus. Aurélien Capoue indique à son coéquipier qu'il était seul dans l'axe. Seulement, il était en position de hors-jeu…

Trois coup de boules qui font but.

Pour un match de reprise, le rythme est donc particulièrement élevé. Il baissera naturellement en seconde période, bien que les Nantais font encore jeu égal avec les Lyonnais, davantage maîtres du ballon et plus précis dans les transmissions. Il faudra attendre la 63 ème minute pour assister à une nouvelle occasion franche, laquelle sera fatale aux Canaris. C'est tout d'abord Franck Signorino qui après avoir récupéré le ballon de haute lutte près de son poteau de coin, aura le tort de vouloir relancer par une talonnade vers Capoue. Le ballon est intercepté et repoussé en corner. Ben Arfa le tire en direction du second poteau. Saidou et Diallo sont au marquage. Façon de parler, tant Diallo est souvent beaucoup trop juste dans ce genre d'exercice… Encore une fois, il se fait « manger » dans le duel. Diarra reprend de la tête pour Caçapa à l'opposé. Le Brésilien reprend à nouveau de la tête pour Squillacci dans les 6 mètres qui catapulte le ballon de la tête au fond des filets de Stojkovic, spectateur de « tennis » impuissant. Trois coups de boules pour un but. Ça n'est pas commun et c'est superbe. Mais, comme pour le premier but, on ne peut que regretter la passivité de la défense des Canaris.

A la suite de cet avantage, tandis que Gérard Houllier montre clairement ses intentions en sortant Ben Arfa pour Clerc, Serge Le Dizet remplace Capoue par Dennis Oliech, après que l'ex-Romorantin ait inquiété Vercoutre d'une belle frappe du gauche, puis Payet à la place de Wilhelmsson.

Signorino se distingue mais c'est Fred qui marque…

Nantes joue alors avec 5 joueurs à vocation offensive. Mais l'ensemble manque de fraîcheur, Boukhari notamment, et c'est finalement le plus frais de l'équipe, Franck Signorino, qui va s'illustrer. D'abord, superbement décalé par Diallo, il est légèrement trop court pour piquer efficacement son ballon au-dessus de Vercoutre sorti à sa rencontre (76'). Il est ensuite à la réception d'un ballon mal dégagé qu'il reprend de volée. Ça passe malheureusement à coté (85'). Entre temps, John Carew, si précieux devant, a laissé sa place à Fred, le buteur victorieux de la saison dernière. Le Brésilien ne tarde pas à s'illustrer à nouveau sur une grosse erreur de Cetto (eh oui, il n'y a pas que Pascal Delhommeau pour réaliser ce genre de bévue…). L'Argentin tergiverse coté droit et loupe sa relance. Källström, pas très présent dans le jeu, mais tellement précieux dans la « perforation », file vers la ligne de but et centre en retrait pour Fred, libre de tout marquage, qui ajuste Stojkovic d'un plat du pied « facile » (88'). L'addition aurait pu être encore plus lourde dans le temps supplémentaire puisque, à la suite d'une nouvelle approximation défensive, Benzema récupère le ballon et trompe Stojkovic. Heureusement, Signorino sauve sur la ligne de but et permet à cette défaite, déjà conséquente, de ne pas se transformer en déroute.

Lyon n'était finalement que théoriquement diminué et Gérard Houiller qui saluera au passage la « très bonne équipe nantaise » rappellera qu'il a un groupe de 23 joueurs de qualité et qu'il n'y a pas d'équipe bis… Ah bon ? Sans doute voulait-il faire reporter ce match pour ne pas être contraint de faire jouer une équipe A' alors…

Frédéric Porcher, le 6 aout 2006.