On voudrait voir ce football plus souvent
Ce regret ne signifie surtout pas qu'on eut aimé, à l'inverse, que Nantes joue face à Lyon comme à Bonal. Ah ça non ! Il sous-entend en revanche clairement que ce sont les Canaris dans la version présentée dimanche soir que l'on voudrait voir plus souvent. Plus constamment. Car dans ce cas, comme le soulignait Serge Le Dizet, qui avait retrouvé son sourire malgré la défaite, le FCN se situerait dans la première partie du tableau. Et il posséderait sur le premier relégable, lequel, voyez-vous ça, s'appelle Sochaux, un matelas de points plus confortable que les trois unités qu'il compte à présent. Ecart qui lui offre peu de droits à l'erreur au cours des semaines à venir.
Coupet déterminant
Mais restons-en au présent et donc à nos sentiments mitigés, puisqu'ils balancent entre le plaisir d'avoir retrouvé le vrai Nantes, ou du moins une équipe qui lui ressemble, et l'amertume d'un nouveau revers, fut-il injuste. Le positif l'emporte évidemment largement car ce n'est tout de même pas tous les matches que l'on voit le tenant du titre se faire trimballer de cette manière, situation qui amena d'ailleurs son héros de la soirée, Grégory Coupet, à évoquer « un hold-up ». Le gardien lyonnais a multiplié les prouesses, il a même arrêté un pénalty, et sa performance explique pour une bonne part l'échec nantais. Mais les Canaris ont aussi, il faut le reconnaître, commis quelques erreurs et tendu à leur adversaire quelques bâtons pour se faire battre.
Diallo rate le coche et Savinaud le pénalty
Le pénalty que l'on vient d'évoquer fut bien sûr le premier. On jouait alors depuis seulement 6 minutes et Nicolas Savinaud, qui a pourtant souvent fait preuve de sang-froid et d'adresse dans l'exercice de justicier, rata cette fois son shoot. Coupet en profita pour le repousser. On n'éprouve pas pour autant l'envie de tirer à boulets rouges sur le shooteur, d'autant qu'on pense que Mamadou Diallo aurait pu éviter semblable épreuve à son coéquipier. C'est lui qui s'était présenté seul devant le gardien de l'Ol et il n'avait pas su le terrasser. Il aurait dû obtenir mieux qu'un pénalty.
Sur leur lancée, les Canaris continuèrent à se montrer dangereux, notamment par Diallo qui s'affirmait très entreprenant mais eut le malheur de dévisser son tir après avoir pris de vitesse Caçapa (16è). Puis par Savinaud dont la tentative, pratiquement à bout portant, fut laborieusement repoussée par la défense lyonnaise.
Sortie de Pierre
La sortie de Jean-Jacques Pierre, souffrant d'une cheville, ne désorganisa pas l'équipe nantaise qui continua dans le même schéma, David Leray effectuant son entrée sur le flanc droit de la défense à la place de Savinaud, invité à glisser au centre. Le FCNA continuait à dominer les débats, on pouvait simplement regretter un petit manque de hardiesse dans le soutien aux attaquants de pointe, Toulalan, qui allait monter en régime au fil des minutes, ayant tendance à jouer un peu bas. Les Lyonnais étaient en tout cas plutôt gênés aux entournures et il fallut attendre la 45è minute pour qu'ils se montrent vraiment dangereux. Encore convient-il de préciser qu'il ne s'agissait pas d'une action construite puisque c'est sur un corner que Cris décocha une tête au-dessus de la barre.
L'action qui vit Carew semer la pagaille dans l'arrière garde nantaise, à l'entame de la seconde période, était encore moins esthétique puisque c'est en force, au terme d'une course de 40 mètres et après avoir résisté à Faé, Toulalan et Savinaud que le Norvégien décocha un shoot croisé à ras de terre et du poteau. Ce type n'est pas un footballeur, c'est un buffle ! Mais si la qualité artistique ne constitue visiblement pas sa caractéristique primordiale, il peut sans nul doute se montrer efficace et les défenseurs nantais avaient intérêt à garder un œil sur son crâne, lors de chaque ballon aérien. Il lui arrive aussi de commettre des fautes et le coup franc qu'il provoqua sur Signorino amena un bon tir de Dimitrijevic. Au-dessus, hélas.
N'Doram applaudit
Mais cette action, notée à la 58è minute, annonçait un dernier tiers de match endiablé de la part des Nantais et lorsque Diallo, reprenant un centre de la droite de Glombard, échoua d'un rien, face à Coupet, qui repoussa du pied, on aperçut Japhet N'Doram applaudir dans la tribune, tant l'offensive avait été rondement et joliment menée.
Houllier, sentant que sa formation, donnait de la bande, injecta progressivement du sang neuf, sortant tour à tour du banc Fred, Malouda et Govou. Ils prirent le relais de Frau, en perte de confiance, de Wiltord, totalement transparent et de Pedretti, lequel eut droit à sa ration, copieuse, de sifflets. Et ce sont ces remplaçants, plus Coupet bien sûr, qui évitèrent le naufrage à l'OL. Malouda provoqua en effet une faute, qui ne s'imposait apparemment pas, de Leray. Et sur le coup franc qu'il se chargea de botter, Fred sauta plus haut et plus juste que les Nantais, plaçant du coup le ballon hors de portée de Heurtebis. Les Canaris venaient de donner un nouveau bâton à leurs rivaux…
La tête de Cetto
Lyon menait 1-0, on en était à la 79è minute, et c'était dur. Ça l'était davantage encore un quart d'heure plus tard, au moment du coup de sifflet final. Les Canaris tentèrent le maximum au cours de ces ultimes instants, avec énergie et souvent avec talent. L'entrée de Keserü, peut-être tardive (86è minute), permit au Roumain de mettre deux fois Coupet à contribution. Mais c'est sur une reprise de la tête de Cetto, consécutive à un centre de Leray, que le gardien lyonnais réalisa peut-être son bel exploit de la soirée. Il détourna en corner. En même temps que le ballon, ce sont les derniers espoirs locaux qui s'envolèrent dans la tribune. Mais ce Nantes-là mérite qu'on l'applaudisse et la Beaujoire souhaite le voir plus souvent. Vraiment !
B.V. le 26 septembre 2005.