Contrat rempli
On n'en est pas là. Pour l'instant, Nantes demeure qualifié en Coupe, invaincu depuis quatre matches et il vient de renouer avec la victoire à la Beaujoire où il ne s'était pas imposé depuis le 28 octobre, face à Monaco. Ce n'est déjà pas si mal. Surtout si on ajoute que la cage des Canaris est demeurée inviolée pour la quatrième fois d'affilée. Cette solidité défensive compense en partie le fait que leurs attaquants aient expédié, lors de leurs trois dernières rencontres à domicile, un seul ballon au fond des filets. « C'est clair que nous devons effectuer des progrès sur le plan offensif, » a aisément admis Georges Eo. En éliminant Guingamp, Nantes n'a sans doute fait que remplir son contrat, il n'a pas gommé toutes ses lacunes mais plusieurs clubs de Ligue 1 se contenteraient aisément de ce bilan au terme d'un 32è de finale de Coupe. Il suffit de se tourner vers Rennes pour en avoir confirmation. Allons, ne nous moquons pas trop des malheurs des voisins, le FCNA n'occupe pas au classement une position suffisamment confortable pour nous offrir pareil luxe.
Au bout des arrêts de jeu
En outre, la libération est arrivée si tard samedi qu'il serait quelque peu malséant de rouler les mécaniques. On arrivait au terme des arrêts de jeu. « Je m'étais résigné à jouer les prolongations, je ne voyais plus comment on pouvait y échapper, » avoue Loïc Guillon. Christian Wilhelmsson, entré à la place de Rossi à un peu plus d'un quart d'heure de la fin, décocha alors un long centre aérien de la droite, dont la trajectoire fut légèrement contrée. Nicolas Savinaud reprit de la tête, au milieu d'un paquet de joueurs, le gardien guingampais Debes s'interposa, il toucha le ballon mais pas suffisamment pour l'empêcher de franchir la ligne. Les Nantais levèrent les bras vers le ciel, l'arbitre Olivier Thual hésita une seconde, se tourna vers son assistant et, apercevant l'approbation claire de ce dernier, il désigna le centre du terrain. Ouf ! Une montagne de joie se forma autour de Savinaud, promu héros de la soirée, tandis qu'à l'autre bout du terrain, Fabien Barthez tombait dans les bras de Loïc Guillon.
Payet et Da Rocha en vue
Un but de raccroc, au bout du bout du match : la victoire a été quelque peu tirée par les cheveux. Pourtant, si elle fut difficile à obtenir sur la forme, elle est indiscutable sur le fond. Nantes a montré davantage de jeu que Guingamp, il s'est créé les meilleures occasions et il a enduré finalement assez peu de frayeurs. Les plus grosses furent d'ailleurs vécues en début de rencontre lorsque deux ou trois ballons voyagèrent devant la cage de Barthez et, du côté d'En Avant, Rivière doit encore se mordre les doigts de pied pour n'avoir pas eu les crampons assez longs, au moment de reprendre un centre de la droite de Suarez. On en était alors à la 4è minute et la suite fut tout à l'avantage des Canaris dont les attaques, à défaut d'être toujours bien construites (ah ! les dégagements à l'emporte pièces de Mauro Cetto…) et d'avoir toute la percussion voulue, eurent toutefois de l'allure, celle que lui donnèrent Dimitri Payet et Fred Da Rocha sur leurs flans respectifs, à gauche pour le premier, à droite pour le second. Tir de Da Rocha au-dessus à la 11è minute, descente et shoot à côté de Payet à la 15è, offensive Savinaud-Da Rocha et centre mal exploité par Diallo à la 19è, tentative de Payet à la 23è, les deux compères participèrent à toutes les actions dangereuses que se procura le FC Nantes.
Ballon sur le poteau
Peu avant la pause, bien servi par Guillon qui avait arraché un ballon à Koscielny, Payet s'offrit même un slalom de géant au cœur de la défense guingampaise. Virevoltes pied droit, tir du gauche pour terminer, le ballon alla ricocher sur le poteau opposé. Dimitri, même s'il connut une fin de rencontre un peu laborieuse, continue de s'affirmer, il est même en train de prendre une dimension supplémentaire. Il constitue en tout cas la principale satisfaction de la première moitié de la saison nantaise, l'une des rares, loin devant presque toutes les recrues dont Roussillon nous avait abusivement vanté les talents (on place également Saidou, absent samedi, dans le lot des bons numéros).
Barthez à la hauteur
Voilà qui évidemment nous amène à parler de Fabien Barthez. Que faisait-il pendant que Payet et Da Rocha s'appliquaient à porter le péril devant son vis à vis ? Eh bien, il n'avait pas vraiment une grosse besogne à accomplir. Sa défense, avec Cetto et Guillon au centre, Savinaud à droite et Signorino à gauche, était bien en place, il y contribuait d'ailleurs, et elle ne se laissait pas prendre en défaut. Fabulous passait une bonne soirée, il dégageait une indiscutable assurance et lorsque Caggiano eut l'opportunité de venir l'inquiéter il s'offrit une sortie à la fois prompte et décidée qui désarçonna le Guingampais dont le shoot passa largement au-dessus. On ajoutera que sur les corners il n'y eut jamais le feu et que tant dans le jeu au pied que dans ses dégagements Barthez se montra impeccable. Alors, même si en face l'attaque d'En Avant n'était pas des plus fringantes, on créditera sans trop hésiter l'ancien champion du monde d'un bon retour à la compétition. L'autorité avec laquelle il alla capter un ballon chaud à la limite de sa surface, à la 58è minute, fut même des plus prometteuses. Et des plus rassurantes. Considéré comme l'une des grandes attractions de la soirée par les médias qui épiaient chacun de ses gestes et recueillaient pieusement ses moindres paroles, fussent-elles des plus banales, couvé par son président comme un trésor précieux ramené du fond des mers, Fabulous Fab n'a pas déçu.
Questions pour Wilhelmsson
Julio Rossi non plus même si ses coups francs furent moins efficaces qu'à Toulouse. Le premier, conséquence d'une faute commise sur Diallo à la limite des 16 mètres, ne déboucha que sur un corner (29è). Le second provoqua un cafouillage dont Da Rocha ne parvint pas à tirer pleinement profit (72è). Juste après l'Argentin laissa sa place à Wilhelmsson, lequel se positionna à la place de Da Rocha, ce dernier se recentrant et montant d'un cran pour appuyer Oliech qui, de son côté, avait succédé à Diallo à la 62è minute. Le Suédois alterna aussi avec Payet, c'est à dire qu'il alla faire des siennes sur le flanc gauche. C'est de ce côté que l'une de ses actions faillit faire mouche, Debes repoussant de l'épaule le ballon qui avait rebondi sur le pelouse (83è).
On avait rarement vu Wilhelmsson aussi entreprenant et décidé et on peut se poser des questions à son sujet. S'est-il réveillé parce que lorsque les adversaires sont de Ligue 2, ils lui rappellent davantage ceux du championnat belge qu'il faisait souffrir avec Anderlecht ? Ou parce qu'il a voulu montrer qu'il peut avoir sa place à Nantes ? Ou parce qu'il souhaite attirer l'attention d'autres clubs ? On est désolé de ne pas avoir la réponse, il reste tout de même que le sens du jeu collectif ne nous a toujours pas semblé constituer son point fort.
Savinaud ce héros
La technique n'est pas non plus la qualité primordiale de Dennis Oliech qui ne put contrôler comme il aurait fallu un centre de Ca ni reprendre un ballon de Faé. Si bien que les Nantais cherchaient toujours la clef de la défense guingampaise quand commencèrent les deux petites minutes d'arrêt de jeu. Elles furent suffisantes pour permettre à Nicolas Savinaud de jouer les sauveurs, c'est un rôle qu'il affectionne en Coupe, et cette fois personne ne le siffla. On a toujours estimé d'ailleurs que sa fidélité et les services rendus méritent au minimum le respect et comme il se montra plutôt à son avantage (il l'avait déjà été à Toulouse), on espère que ses éternels détracteurs sauront s'en souvenir. Barthez, lui, s'attarda longuement sur sa nouvelle pelouse, saluant un public qui visiblement ne demande qu'à l'adopter.
B.V. (8 janvier 2007)